Présentation de l’édition 2012 de “La Sepmaine ou la Creation du monde” de Du Bartas

28 septembre 2012, à la bibliothèque de l’Arsenal (Paris)

Le 28 septembre dernier, Yvonne Bellenger, Jean Céard et Denis Bjaï ont eu le plaisir de nous présenter leur toute récente édition de La Sepmaine ou Creation du monde de Du Bartas et de ses commentaires par Simon Goulard et Pantaleon Thevenin.

Les directeurs de l’édition ont ainsi pu mettre en avant ce qui avait guidé leur travail au cours de la dernière décennie.

Si l’édition princeps de La Sepmaine date de 1578, le présent texte est celui de l’édition de 1581, accompagné de deux textes de réception, l’Indice de Goulard (volume II) et le commentaire de Thevenin (volume III).

Portrait de Leonhardt Fuchs, extrait de son "De Historia stirpium" (1542), source : Wikipedia.

Portrait de Leonhardt Fuchs, extrait de son "De Historia stirpium" (1542), source : Wikipedia.

Les notes mises en place par les éditeurs ont été établies dans l’optique de mettre à l’honneur les sources contemporaines de Du Bartas : l’oeuvre d’Ambroise Paré pour le livre VI, sur la création de l’homme, les traductions de Leonhart Fuchs, médecin et botaniste allemand, pour le livre III, sur la création des plantes, ou encore l’oeuvre de Ficin plutôt que celle de Platon.

Jean Céard rappelle en outre que La Sepmaine représente l’un des plus grands succès de librairie du XVIe siècle (plus de deux cents éditions se sont ainsi succédées) car cette oeuvre encyclopédique représentait la preuve de la possibilité de la concordance entre la révélation et la science. Ce succès a toutefois été limité dans le temps puisque après 1625 le texte n’est presque plus publié. Jean Céard suppose que cela est lié au remplacement de la science de la Renaissance par la nouvelle science. Et de citer Raymond Queneau : “Les grands chantiers encyclopédiques saluent d’un grand adieu mélancolique les civilisations agonisantes”.

Page de titre de l'édition de 1578 de "La Sepmaine" (source : Wikipedia).

Page de titre de l'édition de 1578 de "La Sepmaine" (source : Wikipedia).

Yvonne Bellenger présente ensuite l’Indice de Goulard, publié en 1581 à Genève. L’ouvrage comporte un avis au lecteur, un argument fait pour entourer le texte de Du Bartas, des manchettes et des tableaux récapitulatifs. Il propose en outre un indice qui fait suite au poème : un dictionnaire des noms propres et communs. Cet Indice eut également un grand succès. C’est pourquoi il a été littéralement pillé par des éditeurs peu scrupuleux qui ont repris cet indice initialement prévu pour faire suite au poème en le dispersant dans le texte, à la manière de notes de bas de page. Cette présentation dispersée ne plaisait pas à Goulard qui, en 1588, écrit un nouvel avis au lecteur où il précise que la véritable place de son indice est à la fin de l’oeuvre. Pour Goulard, ce dictionnaire n’a rien d’un véritable commentaire : l’auteur opère une distinction nette entre l’indice, qui donne des indications utiles à la compréhension du texte, et le commentaire, entendu comme une méditation sur le texte et l’au-delà du texte.

Enfin, Denis Bjaï présente le volume III, à savoir les Annotations de Pantaleon Thevenin au texte de Du Bartas. Quelques années avant de produire ce texte, Thevenin, originaire de Commercy en Lorraine, avait déjà proposé un commentaire : du vivant de Ronsard même, il avait donné à lire en 1582 ses remarques sur l’Hymne de la philosophie du poète vendômois. Ce texte, où il opère une trentaine de rapprochements avec Du Bartas, lui a sans doute fourni les matériaux de son futur commentaire de La Sepmaine. Dans cet ouvrage destiné à un public scolaire, Thevenin annote abondamment chaque vers afin d’éclairer les difficultés et de souligner les qualités de l’écriture de Du Bartas. Est-ce un commentaire catholique à opposer à l’indice protestant de Goulard ? Les oppositions religieuses sont peu marquées, tant dans le poème de Du Bartas que dans ces deux textes de réception. Là où Goulard joint tous les savoirs, Thevenin fait preuve de davantage d’ordre et de méthode pour produire quelque chose de résolument pédagogique.

Les éditeurs espèrent ainsi que leur travail ouvrira la voie à de nombreuses nouvelles recherches sur le poème de Du Bartas et sa réception.

 

Compte-rendu par Adeline Lionetto-Hesters, le 4 octobre 2012.