Tiphaine Madinier-Guillabert : Le Carnaval, un outil de la Réforme? Le cas de Bâle et de Berne

Cette section constitue la partie 11 de 13 du numéro
LE VERGER - Bouquet VI : La fête à la Renaissance

Tiphaine Madinier-Guillabert (Université Paris IV-Sorbonne)

 

BRUEGEL, Pieter l'Ancien, Le combat de Carnaval et Carême (détail), 1559 Huile sur panneau, 118 x 165 cm Kunsthistorisches Museum, Vienne (source: WGA)

BRUEGEL, Pieter l'Ancien, Le combat de Carnaval et Carême (détail), 1559
Huile sur panneau, 118 x 165 cm
Kunsthistorisches Museum, Vienne (source: WGA)

Dans les années 1520, le carnaval accélère le passage à la Réforme de Bâle et de Berne. Dans un premier temps, le bâlois Pamphilus Gengenbach produit des jeux de carnaval qui participent à la critique anticléricale généralisée. Dans un second temps, son voisin bernois Niklaus Manuel écrit en 1523 deux jeux traditionnellement considérés comme les premiers engagés ouvertement pour la Réforme. Ils ont la particularité de mêler des arguments pro-bernois à la satire anti-romaine afin de contourner interdictions et censures des municipalités encore catholiques. Plus encore, ces deux jeux renvoient à des gravures très connues, de Cranach et de Pamphilus Gengenbach, formant une chaîne polémique sans doute perceptible par une élite de la population. Enfin en 1529, le temps du carnaval forme le cadre de la violence iconoclaste, qui précède de peu le passage officiel de Bâle à la Réforme.

Deux aspects sont à souligner. Tout d’abord, l’efficacité du carnaval est due à son caractère polymorphe qui conjugue oralité, action, performativité, écriture et images. Si la festivité est temporaire, les idées sont pérennisées via l’impression et la diffusion des jeux de carnaval et survivent aux interdictions de la fête. L’argumentaire déborde de la sphère carnavalesque car les auteurs usent de la référence afin de disséminer les attaques sur différents supports. De plus, c’est une fête éminemment collective, qui présente ses idées comme unanimes, et permet ainsi de convaincre l’ensemble de la société sans la diviser.

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