Koji Takenaka : La Boétie et l’attitude équivoque à l’égard de Cicéron dans le Discours de la servitude volontaire
Koji Takenaka (Université Paris III-Sorbonne Nouvelle)
Dès le XVIe siècle, on n’a pas manqué de comparer l’ouvrage de La Boétie aux écrits de Cicéron. Le Discours de la servitude volontaire comprend pourtant bien des éléments qui empêchent de le faire sans que cela pose problème. Afin de mieux aborder cette question, nous commencerons par ce qui semble rapprocher le plus les deux écrivains. En effet, tout au long de sa courte existence, La Boétie doit beaucoup à l’Arpinate pour ce qui est de la définition de l’amitié. Dans le Discours, il oppose celle-ci à la tyrannie tout en puisant chez lui assez librement plusieurs idées. Il en va de même lorsque le Sarladais explique le caractère naturel de la liberté. En revanche, ce qui sépare les deux écrivains tiendrait sans doute à leur différente manière de comprendre la notion de nature. Par ailleurs, l’unique référence au nom de l’orateur romain dans le Discours concerne la raison peu louable de son absence parmi les assassins de César. Cela n’empêche pas que, concernant ce dictateur, La Boétie exprime une vue semblable à celle de Cicéron. Dans cette perspective, il n’est pas impossible que la notion même de servitude volontaire puisse faire écho à la première Philippique.
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