Fiche : Le registre épique

Le registre épique vient du genre littéraire appelé épopée, dans lequel se trouvent des héros hors du commun, qui sont confrontés à des situations extraordinaires.

Arcimboldo Giuseppe, "Costume de chevalier", (1585), Galleria degli Uffizi, Florence, (source : WGA)

Arcimboldo Giuseppe, "Costume de chevalier", (1585), Galleria degli Uffizi, Florence, (source : WGA)

I. Des thèmes précis

–         Les personnages sont héroïques et courageux

–         Les enjeux de la situation à laquelle est confronté le héros sont majeurs (conflits familiaux, batailles pour son pays…)

–         Le récit est dramatique : le héros affronte des péripéties

II.  Des procédés littéraires précis

Les procédés suivants amplifient la situation extraordinaire à laquelle le héros est confronté :

  •  Hyperboles
  • Accumulations
  • Gradations
  • Pluriels
  • Termes collectifs (l’armée, le peuple…)

  Exemple :

Charlemagne, empereur des Francs, est en guerre contre Marsile, roi de Saragosse, en Espagne. Roland, un des meilleurs chevaliers du roi des Francs, est envoyé au combat.

Texte original (en Ancien Français)

La bataille est merveilleuse e cumune.Li quens Rollanz mie ne s’asoüret,
Fiert de l’ espiet tant cum hanste li duret,
A quinze colps l’ad fraite e perdue ;
Trait Durendal, sa bone espée nue.Sun cheval brochet, si vait ferir Chernuble :
L’helme li freint ù li carbuncle luisent,
Trenchet la coife e la cheveléure,
Si li trenchat les oilz e la faiture,
Le blanc osberc dunt la maile est menueEt tut le cors tresqu’en la furchéure,
Enz en la sele, ki est à or batue.
El’ cheval est l’espée arestéue,
Trenchet l’eschine, unc n’i out quis juinture,
Tut abat mort el’ pret sur l’erbe drue.

Traduction (en Français moderne)

Redoutable est la bataille, elle se fait générale. Le comte Roland ne se met pas à l’abri du danger, frappe de l’épieu tant que la hampe[1] reste entière, au quinzième coup, il l’a brisé et rompu ; il met à nu Durendal, sa bonne épée, il pique des deux, va frapper Chernuble : lui brise le heaume où brillent des escarboucles,[2] lui fend le crâne et la chevelure, lui fend les yeux et le visage, et le haubert qui brille, aux fines mailles, et tout le corps jusqu’à l’enfourchure. Et son épée traverse la selle incrustée d’or, et elle s’arrête dans le corps du cheval, lui tranche l’échine sans avoir à chercher la jointure, les abat morts tous deux dans le pré sur l’herbe drue.

La Chanson de Roland, XIe siècle, traduction de Ian Short, Le Livre de poche

On propose aux élèves l’exercice suivant : Dans quelle mesureLa Chanson de Roland est-elle un texte épique ? Justifiez par des citations précises.

Pour des raisons évidentes de compréhension, nous nous appuierons sur la traduction en français moderne. Il me semble toutefois intéressant de faire une simple remarque, en classe, sur le fait que ce texte était originellement versifié.


[1] Long manche, d’un drapeau notamment.

[2] Pierres précieuses de couleur rouge.