Marie-Joëlle Louison-Lassablière « Ronsard ou le bal des Muses »
Marie-Joëlle Louison-Lassablière (Institut Claude-Longeon – UMR CNRS 5037)
Andrea Mantegna, "Parnassus", 1497, Musée du Louvre, Paris.
Le thème chorégraphique chez Ronsard est dominé par le bal des Muses. Les neuf sœurs qui, selon la tradition antique, s’ébattent sur le mont Parnasse, semblent guider les pieds du poète ou plutôt ceux de ses vers. Elles instillent un rythme à son écriture tout en lui conférant un registre lyrique.
Ce rythme, le poète le perçoit aussi dans l’univers. La giration des planètes imprime au ciel une danse cosmique que l’auteur décrit en correspondance avec celle qui régit la nature. Le bal des étoiles et celui des nymphes renvoient à une conception du monde plus proche de Platon et de Ptolémée que des théories de Copernic. Mais il se lit comme le symbole du destin de l’homme qui déchiffre dans les astres les étapes de sa vie terrestre.
Dans le cœur de Ronsard, les figures mythiques le cèdent souvent aux muses personnelles, Cassandre et Hélène. Dans ses souvenirs, la première est liée au bal, la seconde au ballet. Les textes qu’il leur consacre évoquent de façon allusive la place de la danse à la cour de France. C’est à Marguerite de Valois qu’il voue toute son admiration quand elle exécute une volte.
Ronsard associe l’écriture à la danse bachique, s’autorisant ainsi toutes les audaces pour renouveler la métrique et la prosodie françaises. La bacchanale apparaît alors comme un exutoire aux contraintes sociales et au formalisme littéraire.
À défaut d’être danseur lui-même, Ronsard a collaboré occasionnellement à la rédaction de livrets de ballets.
L’ensemble de son œuvre, marquée du sceau de la danse, reflète à la fois la volonté de réinterpréter un thème antique et le désir d’exprimer les émotions qui ont parfilé sa vie sentimentale. C’est en cela que le thème chorégraphique fonctionne comme le révélateur de sa démarche humaniste.
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