David El Kenz – “Le « combat des derniers temps » à Langres : Henri II en saint Michel terrassant le dragon (v. 1548) de Jean Duvet”

David El Kenz (Université de Bourgogne)

Statuts de l'ordre de saint Michel (vers 1550), bibliothèque municipale de Saint-Germain-en-Laye (source : WGA).

Statuts de l'ordre de saint Michel (vers 1550), bibliothèque municipale de Saint-Germain-en-Laye (source : WGA).

La gravure Henri II en saint Michel terrassant le dragon, exécutée par Jean Duvet vers 1548, est devenue célèbre parce que pour la première fois un artiste français représentait un souverain sous les traits d’un ange. Le patronage royal par saint Michel, le succès iconographique de l’archange à la Renaissance et le combat de l’Église catholique contre l’hétérodoxie expliquent ce choix thématique. On a longtemps cru que Jean Duvet s’était exilé à Genève. Aussi, comment un artiste ayant choisi la Réforme pouvait être à l’origine d’une telle œuvre ? En réalité, le Genevois n’est que le neveu de l’artiste. L’homonymie a conduit à cette confusion. Notre Jean Duvet, auteur par ailleurs d’une Apocalypse publiée à Lyon en 1561, n’a fait carrière qu’entre la Bourgogne et la Champagne.

Les origines langroises de Duvet peuvent, en revanche, éclairer la gravure. En effet, en 1548, un autodafé a lieu dans cette cité. Huit hétérodoxes sont envoyés au bûcher. Or, en France, l’exécution collective s’avère exceptionnelle dans la répression des réformés. De surcroît, par la suite, une procession la commémore. Ainsi, l’eschatologie « idéologique » et le fait divers local se croisent. C’est cette convergence que cet article se propose d’étudier. À cette fin, nous analyserons la carrière de l’artiste, puis l’autodafé et ses effets sur la culture locale à laquelle nous montrerons que Jean Duvet participe en tant qu’artiste régional, mais aussi « apocalyptique ».

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