Olivier Chiquet – La laideur au féminin dans la littérature artistique italienne de la Renaissance : le visage de la vieille Hélène.
Olivier Chiquet (U. Paris-Sorbonne – EPHE)
En dépit de la fréquence de la représentation de figures âgées dans la peinture italienne des XVe et XVIe siècles, les traités italiens de la Renaissance ne conceptualisent pas à proprement parler la déchéance physique liée à la sénescence. Celle-ci sera toutefois ‘pensée’ à travers le mythe du vieillissement d’Hélène de Troie emprunté au livre XV des Métamorphoses.
Ainsi, dans le De Pictura (1435), Alberti définit la beauté comme harmonie et propose, comme paradigme de laideur, l’exemple du visage des vieilles femmes, dont la laideur réside dans la dysharmonie des parties dont il est composé. Ce passage est réécrit par Giovanni Della Casa dans son célèbre Galateo overo de’ costumi (1558), où il est associé à l’anecdote de Zeuxis (à qui on avait demandé de représenter Hélène) et des vierges de Crotone : le visage laid est un visage féminin non harmonique et non unitaire, résultat d’une electio manquée. La réflexion albertienne sur la laideur du visage féminin sénescent, l’anecdote de Zeuxis ainsi que la figure de la vieille Hélène sont combinées à la fin du XVIe siècle dans le traité artistique de Francesco Bocchi (1584), Eccellenza del san Giorgio di Donatello, ainsi que dans un discours prononcé à l’Académie du Palais par le poète français Amadys Jamyn.
Pour consulter le sommaire du bouquet du Verger consacré au Corps des femmes à la Renaissance, on peut se reporter ici.