Abrégé Choréa : Séance introductive, “Comment peut-on être seiziémiste ? ” – 12 octobre 2019

Séance introductive – « Comment peut-on être seiziémiste ? »

12 octobre 2019

 

Afin de se plonger dans le nouveau thème choisi cette année, « Quelle Renaissance pour le XXIe siècle, dans les arts et la recherches ? », les organisateurs du séminaires ont fait le choix d’une séance introductive visant à questionner les formes que peuvent prendre différentes sortes productions traduisant un intérêt particulier et éminemment contemporain pour la Renaissance. Cette première séance a attiré une vingtaine de participants que nous remercions ici pour leur présence et plus encore pour leur participation active aux discussions fécondes qui eurent lieu durant les trois heures d’échanges.

Déroulé de la séance

La séance s’ouvre sur un tour de table durant lequel chaque personne présente a pu se présenter.

Le premier temps d’introduction théorique et générale est pris en charge par Gautier Amiel qui annonce la manière dont va se dérouler la séance. Pierre-Elie Pichot s’essaiera ensuite à un compte rendu critique de l’ouvrage de Tristan Vigliano, Humanisme et juste milieu au siècle de Rabelais avant de laisser la parole à Véronique Ferrer qui présentera tout d’abord le projet qu’elle mène autour du programme scientifique « Renaissances : Mots et usages d’une catégorie historiographique » et reviendra, pour le dernier temps de la séance, sur son parcours de chercheuse.

Gautier Amiel – Introduction générale

Dans son introduction générale, Gautier Amiel cherche à interroger l’ambivalence, voire même la contradiction qu’il identifie entre une forme de « fascination » et un relatif désintérêt pour cette période qu’est la Renaissance. Alors qu’il lui semble que cette période continue de susciter un certain intérêt, comme en témoignent des « productions culturelles variées » (productions cinématographiques ou télévisuelles, publications littéraires, événements culturels, créations vestimentaires…), la Renaissance ne semble pas avoir le vent en poupe dans les domaines de l’enseignement et de la recherche. La place et l’étude de la Renaissance dans le secondaire semble se réduire (nous en parlerons sans doute lors de la séance du 8 février) et le nombre d’étudiants en sciences humaines et sociales qui veulent faire de cette période leur objet d’étude tend à diminuer. De ce constat naissent différentes interrogations qu’il soumet à tous les présents et qui viennent questionner le rapport des « spécialistes » à leur objet d’étude. « Comment la Renaissance nous est-elle/peut-elle nous être contemporaine ? Pourquoi le serait-elle ? Qu’est-ce que nous apporte l’étude de cette période et de ses productions ? Comment parler et transmettre le goût de cette période que nous avons choisie parce qu’elle nous intéressait ? »

Ces questions se veulent à la fois scientifiques et épistémologiques mais également éthiques, didactiques et pédagogiques car elles s’adressent autant aux chercheurs qu’aux enseignants.

Pierre-Elie Pichot – Compte rendu

Après cette introduction en forme de point d’interrogation, Pierre-Elie Pichot prend la parole pour revenir sur l’ouvrage de Tristan Vigliano publié en 2009, Humanisme et juste milieu au siècle de Rabelais. Essai de critique illusoire (Paris, Les Belles Lettres). L’exercice est double : il s’agit tout à la fois de revenir cet ouvrage pour en proposer un parcours rapide, mais aussi d’en interroger l’actualité dix ans après sa parution.

Pour cela Pierre-Elie Pichot procède en trois temps, qu’il résume en trois questions. La première « La Renaissance est-elle un modèle d’érudition ? » lui permet de revenir sur le cœur de l’ouvrage et la notion de « juste milieu ». Le deuxième temps du compte rendu, et la deuxième question, « Que faire de Rabelais au XXIe siècle ? », revient sur le traitement réservé à l’auteur de Gargantua et à son cycle romanesque dans l’ouvrage de T. Vigliano. Ce dernier s’interroge sur la légitimité et la pertinence de lire encore Rabelais aujourd’hui, question qui ne fut pas sans déchaîner quelques passions parmi les rabelaisiens. Cependant, au-delà de la « polémique », T. Vigliano nous permet de nous interroger sur les échecs et les réussites d’une période, tout autant que sur notre rapport et notre manière d’analyser et d’apprécier ce qui nous apparaît comme un « réussite » ou comme un « échec ». Enfin, le denier temps de ce compte rendu s’intéresse à l’expérience spirituelle à laquelle le « juste milieu » pourrait mener et qui semble avoir était une sorte de guide pour le travail de Tristan Vigliano.

Cette question de l’expérience spirituelle est extrêmement bienvenue puisque l’invitée du séminaire pour cette séance inaugurale, Véronique Ferrer, s’est elle-même spécialisée dans l’étude de textes d’auteurs réformés qui traitent de cette question.

Intervention de Véronique Ferrer

Le programme « Renaissances : Mots et usages d’une catégorie historiographique 

Véronique Ferrer commence par présenter le projet dans lequel elle s’investit actuellement : « Renaissances : Mots et usages d’une catégorie historiographique » (https://www.renaissances-upl.com), projet porté par un groupe de chercheurs et de chercheuses des universités Paris Nanterre, Paris 8 – Vincennes Saint-Denis et Paris Lumière. Ce projet se propose de revenir sur la manière dont s’est construite la notion de « Renaissance », notamment avec son invention par Michelet et Burckhardt au XIXe siècle, mais s’attaque aussi à la manière dont différentes époques, différents domaines et champs de recherches, différentes traditions scientifiques et différentes aires géographiques et linguistiques ont pu aussi utiliser ce terme pour dire quelque chose d’une période en particulier et donc faire apparaître « des Renaissances ».

Le programme a choisi quatre angles d’attaque que Véronique Ferrer présente et qui rendent compte de la richesse du programme puisqu’il revendique une approche :

  • transdisciplinaire, qui doit permettre de rendre compte des manières différentes qu’ont les disciplines de catégoriser et penser la Renaissance/les Renaissances
  • plurilingue, qui permet de repenser les Renaissances en dehors du couple France-Italie, et ainsi d’aller voir ailleurs, dans d’autres aires géographique et linguistique, comment est pensée (ou pas) cette notion.
  • transhistorique, qui s’intéresse la périodisation pluriséculaire de cette notion.
  • lexicale, avec un travail en particulier sur les textes historiographiques qui utilisent le terme de Renaissance.

Enfin Véronique Ferrer termine sa présentation en donnant les prochains rendez-vous du projet (tous consultables ici : https://www.renaissances-upl.com/evenements/)

Journées d’étude les 19 et 20 2019 novembre à l’université Paris VIII

Journées d’étude du 20 eu 22 mai 2020 à Naples

Itinéraire de chercheuse    

            Le dernier temps de la séance est consacré à un échange sur le parcours de chercheuse et spécialiste de la Renaissance de Véronique Ferrer. Un grand nombre de questions lui ont été posées, que l’on tentera de regrouper ainsi :

  • Quand et comment s’est faite la rencontre avec la littérature de la Renaissance ?
  • Pourquoi s’être spécialisée dans la littérature sacrée et/ou réformée ?
  • Quels rapports V.Ferrer entretient-elle avec Agrippa d’Aubigné et les autres auteurs phares de son activité de recherche ?
  • Quels sont les grands enjeux de la recherche en Renaissance aujourd’hui ?
  • Quelles œuvres faudrait-il éditer aujourd’hui ?

Aux questions des enjeux et de ce qu’il reste à faire encore aujourd’hui dans et pour la recherche en Renaissance, Véronique Ferrer tente de résumer son point de vue en quelques entrées : opter pour des sujets de recherches larges, préparer des éditions de textes qui soient accessibles, promouvoir la vulgarisation scientifique, valoriser la pluridisciplinarité et les approches transséculaires…

La séance fut le lieux de très nombreuses interventions, de prises de paroles de témoignages et de réflexion sur l’actualité des questions qui animent les chercheurs et chercheuses en Renaissance, que toutes les personnes activement présentes et qui ont apporté leur contribution au travail qui se fait en commun dans ce séminaire soient ici vivement remerciées.