Pierre-Élie Pichot – La poésie et les mines souterraines (France, 1530-1585)

Cette section constitue la partie 10 de 10 du numéro
LE VERGER - Bouquet XVIII Lieux réels Lieux rêvés

Pierre-Élie Pichot (Université Sorbonne Nouvelle)

Georgius Agricola, De re metallica libri XII, Bâle, Jean Froben, 1556

– Georgius Agricola, De re metallica libri XII, Bâle, Jean Froben, 1556

Tandis que l’Antiquité n’avait montré aucune curiosité pour la mine souterraine, la Renaissance en fait le lieu privilégié d’un rapide progrès technique. Les villes minières, lieux d’une monstrueuse accumulation d’hommes et d’outils, deviennent la première industrie capitaliste. Face à ces progrès nouveaux et radicaux, les poètes français commencent par exprimer l’espoir qu’ils apportent un nouvel âge d’or : ils ont pour eux l’autorité de Fracastor et les libertés que permettent l’inspiration ficinienne. Nouvelle Béatrice, leur Muse les guide au fond des veines métalliques. D’ailleurs, dans le sillage de Du Bartas, un poète scientifique comme Isaac Habert prend le texte de Fracastor pour modèle dans sa description des mondes souterrains, et le considère comme une source d’érudition. Cependant, au tournant du siècle, les poètes de la Pléiade se montrent singulièrement plus critiques. Imitant la déploration ovidienne des mines, véritables éviscérations de la Terre, ils expriment poétiquement le refus d’un mode de production qu’ils récusent. Leurs poèmes témoignent de la conscience du rôle que la poésie, même imitée des Anciens, avait à jouer à la fois dans la connaissance des mines inaccessibles et dans l’orientation indistinctement économique et morale que devait prendre la société de leur temps.

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