Dire et punir le « faux ». Les polices du métier à l’époque moderne (XV-XVIIIe siècle).

  • Start date:
    12/10/2024, 00:00
  • End date:
    13/10/2024, 00:00
  • Place:
    Ehess et Université Paris-Ouest-Nanterre

Dire et punir le « faux »

Les polices du métier à l’époque moderne (XV-XVIIIe siècle)

Pierre Holbein le Vieux. Le Misanthrope (WGA)

Colloque les 12 et 13 septembre 2024

Paris

L’objectif de ce colloque est d’interroger les usages de la notion de faux, susceptibles de policer un métier ou une activité économique dans la ville moderne ou dans ses marges. Il s’agit, en d’autres termes, de questionner l’existence d’un ou de plusieurs modèles de bonne police par l’administration du « faux ». Dire le « faux », c’est affirmer une expertise, mais aussi rappeler et défendre une autorité, y compris et peut-être surtout dans un contexte de juridictions multiples, voire de pluralité des normes. L’accusation repose-t-elle avant tout sur des dimensions juridiques, économiques, sociales, religieuses ? Dire le faux est-il un moyen de dégager un espace d’obéissance ou d’interdits, en quête d’une bonté des marchandises, des prix, des services au public, ou bien de défendre un statut réservé à quelques-un(e)s ? L’accusation dessine-t-elle un périmètre d’exclusion, sert-elle un processus contraint d’inclusion, ou a-t-elle pour simple fonction la réaffirmation d’une règle préalable ?

L’objectif de ce colloque est d’interroger les usages de la notion de faux, susceptibles de policer un métier ou une activité économique dans la ville moderne ou dans ses marges. Il s’agit, en d’autres termes, de questionner l’existence d’un ou de plusieurs modèles de bonne police par l’administration du « faux ».

Notre démarche se situe dans la lignée des travaux qui, depuis une quinzaine d’années, revisitent les pratiques économiques des hommes et femmes d’Ancien Régime à l’aune de leur inscription dans des régimes de pouvoirs ou d’appartenances, y compris en prenant en compte la contestation ordinaire de ces régimes par les acteurs eux-mêmes. L’attention portée aux possibilités de négociation interpersonnelle qui entourent l’exercice de telle ou telle activité économique (fabrication, vente, services, accès au crédit) a mis l’accent sur les savoirs pratiques, ou les capacités d’expertise des agents. Il n’en reste pas moins que ces capacités, individuelles ou collectives, dans la mesure où elles impliquaient une dimension sociale et politique, n’étaient pas sans limite.

Qualifier, juger et punir le « faux », qu’il soit repéré à tort ou à raison dans un produit, un service ou dans le statut juridique d’une personne, est l’une des expressions récurrentes de ces limites. Formulée de manière individuelle ou communautaire, s’appuyant sur les usages ou le droit positif, l’accusation dénonce alors une adversité à ce qui a été érigé en règle. Le « faux », comme contrefaçon ou usurpation, peut alors aussi bien qualifier la qualité du produit que la qualité de celles ou ceux qui le confectionnent ou en font commerce. Dire le « faux », c’est affirmer une expertise, mais aussi rappeler et défendre une autorité, y compris et peut-être surtout dans un contexte de juridictions multiples, voire de pluralité des normes. Ceci posé, l’accusation repose-t-elle avant tout sur des dimensions juridiques, économiques, sociales, religieuses ? Dire le faux est-il un moyen de dégager un espace d’obéissance ou d’interdits, en quête d’une bonté des marchandises, des prix, des services au public, ou bien de défendre un statut réservé à quelques-un(e)s ? L’accusation dessine-t-elle un périmètre d’exclusion, sert-elle un processus contraint d’inclusion, ou a-t-elle pour simple fonction la réaffirmation d’une règle préalable ?

L’appel à communication est ouvert à des travaux de première main portant sur tout le prisme des situations artisanales et commerciales, se situant à toute échelle d’utilisation de la notion de « faux », qu’il s’agisse de l’atelier, de la boutique, de la profession, de la ville ou du territoire. Les propositions de communication peuvent s’attacher à des usages aussi bien ponctuels que récurrents de cette notion. Elles peuvent interroger les éléments constitutifs du métier incorporé, masculin, féminin, mixte, jusqu’aux univers autrement régulés auxquels appartient largement le travail féminin. La ville étant le cadre choisi pour mener une étude comparative, l’appel à communication privilégiera des travaux portant sur des réalités sinon directement urbaines, du moins incluses dans un processus d’urbanisation.

Axes

Les propositions pourront interroger en particulier :

  • La nature des acteurs que qualifie la notion de « faux », aussi bien que celle des acteurs qui l’utilisent : « faux ouvriers », « juges incompétents », individus corporés ou non corporés, gradués ou non gradués d’une part, organisations de métier, instances municipales ou supra-locales variées, de l’autre.
  • La matérialité des objets et outillages, qu’il s’agisse des procédés de visite et d’expertise dans les ateliers ou manufactures, d’examen des produits sur les marchés, les foires et les douanes, y compris dans un contexte de renouvellement des techniques et d’ouverture de débouchés commerciaux.
  • La caractérisation des gestes et des autorisations qui lient les acteurs ou actrices aux marchandises : application d’une réglementation du travail, ou de plusieurs réglementations concurrentes, soumission à un barème fiscal, rituels d’inspection et d’enregistrement des individus, des marchandises, dans des lieux publics ou des habitats privés.

Modalités de soumission

Les propositions, de 1500 signes environ, en français ou en anglais, peuvent être envoyées à l’adresse suivante : punirlefaux@gmail.com

jusqu’au 2 février 2024

Elles seront accompagnées d’un court CV.

Responsables scientifiques

  • Vincent Demont, Université Paris-Ouest-Nanterre
  • Mathieu Marraud, Centre de recherches historiques (CNRS-EHESS)
  • Solène Rivoal, INU Champollion d’Albi, (Université de Toulouse -UMR 5136 Framespa)