« Le Siècle d’or, un nouvel âge d’or ? Survivances d’un mythe dans les Provinces-Unies du XVIIe siècle » (Genève, 31 mai-2 juin 2018)
-
End date:01/10/2017, 00:00
-
Place:Université de Genève
« En ce temps, c’était un âge d’or pour l’art ; et les pommes d’or (que l’on ne trouve qu’avec difficulté aujourd’hui, par des chemins difficiles et à la sueur de son front) tombaient d’elles-mêmes dans la bouche des artistes ».
Arnold Houbraken, De groote schouburgh der nederlantsche konstschilders en schilderessen, 1718-1721[1]
En 1719, le peintre Arnold Houbraken semble regretter la prospérité qui prévalait dans les Provinces-Unies du milieu du xviie siècle. Pour qualifier cette période favorable aux artistes, il parle d’un « âge d’or pour l’art » (Gulde Eeuw voor de Konst). Mais de quoi parle-t-il exactement ? Le mot eeuw est ambigu : il peut aussi bien désigner la durée d’un « siècle » que celle, indéterminée, d’une période de temps relativement longue et historiquement indéfinie. Dès le xvie siècle, les expressions gulde(n) eeuw ou goude(n) eeuw désignent ainsi deux réalités que nous aurions tendance à distinguer aujourd’hui[2] : le « siècle d’or », c’est-à-dire une période qui relève de l’histoire ; et l’« âge d’or », cette époque mythique placée sous le règne de Saturne durant laquelle les hommes et les femmes vivaient comme les dieux et aimés par eux, dans la paix et le bonheur et en harmonie avec la nature.
À la suite d’Hésiode, de Virgile et d’Ovide, les premiers auteurs de la Renaissance qui ont fait appel au mythe de l’âge d’or l’ont présenté comme le modèle d’une société idéale[3]. C’est le cas également de la jeune République des Provinces-Unies. Dès le xvie siècle, ses artistes expriment le souhait de faire revivre l’âge d’or des anciens. Cette réactivation mythique prend parfois la forme d’une légitimation des événements historiques :
Les Pays-Bas commencent de longue date à croître, à fleurir, et c’est alors que commence ce siècle d’or (goude tijdt) où nos ancêtres ont vécu et que nous avons si longtemps désiré. C’était le seul moyen de sauver à nouveau ce peuple opprimé : c’est ainsi que les bourgeois méritent les honneurs éternels ; et c’est ainsi que les seigneurs gagnent les cœurs de leurs sujets[4].
Elle s’apparente aussi volontiers à une justification des choix politiques des Sept-Provinces. C’est le cas quand, par exemple, Karel van Mander constate en 1604 qu’il suffit que les « rois » et les « seigneurs » soient « justes et sages dans les pays qu’ils » gouvernent et que « les hommes » y jouissent « d’une vie calme, tranquille et joyeuse du fait des bonnes lois et de la droite justice » qui y sont « appliquées » pour que l’on puisse parler d’un « âge d’or » (gulden Eeuwe)[5]. Mais plus généralement, la référence à l’âge d’or fonctionne comme un constat. Un an après la signature du cessez-le-feu entre les Provinces-Unies et l’Espagne, les poètes Dirk Woutersz. Kolenkamp et Jacob van der Schuere se félicitent ainsi de la nouvelle société prospère dans laquelle ils vivent : « Ah ! quel âge d’or que celui / qui fleurit ici en notre pays ! […] L’âge d’or de Saturne semble assurément avoir fait aujourd’hui sa réapparition[6] ».
Au sein de ce que nous pourrions appeler, en suivant en partie Benedict Anderson (1983)[7], un imaginaire collectif de l’âge d’or, les historiens, les philosophes, les juristes et les théologiens mais encore les peintres, les poètes et les dramaturges ont été mobilisés pour participer à la fabrication de ce siècle d’or hollandais au xviie siècle. C’est à cette fabrication artistique et visuelle que ce colloque est consacré, le premier organisé dans le cadre du projet « Un Siècle d’Or ? Repenser la peinture hollandaise du xviie siècle » (2017-2021). Nous y privilégierons quatre ensembles de questions : le mythe, le temps, l’espace et la société.
- L’âge d’or et ses mythes
Le préambule de ce colloque sera consacré aux usages et aux fonctions des mythes dans la construction des imaginaires historiques et politiques dans l’Europe de la période moderne et, en particulier, dans les Provinces-Unies du xviie siècle. Plusieurs questions seront susceptibles d’être abordées :
Qu’est-ce qu’un mythe et, en particulier, un mythe visuel au xviie siècle ?
Comment en parle-t-on ? quels en sont les domaines d’extension ? les principales théories (Francis Bacon) ?
Quels rôles y jouent les récits mythographiques et notamment ceux qui font une place au récit de l’âge d’or (Ovide, Vicenzo Cartari, Cesare Ripa, etc.) ?
- Les temps de l’âge d’or hollandais
À l’issue de ce préambule, trois aspects différents des réinterprétations hollandaises de l’âge d’or seront abordés. Le premier sera celui des temps du mythe, c’est-à-dire de la manière dont les Hollandais du xviie siècle conçoivent et construisent le rapport de leur « âge d’or » à celui des anciens.
L’âge d’or est-il perçu et construit par les artistes hollandais comme un passé mythique ou comme un avenir radieux ?
Dans le premier cas, s’agit-il d’un rapport nostalgique au passé ? Réactionnaire ? Révolutionnaire ? Ce « retour » est-il d’ailleurs envisagé comme véritablement possible ?
Où se manifeste-t-il le mieux ? Dans la littérature pastorale (Pieter Cornelisz. Hooft, Johan van Heemskerck) et ses dérivations visuelles (Gerrit van Honthorst, Abraham Bloemaert) ? Dans les justifications théologiques du « destin » du « peuple de Dieu » qu’expriment certains poètes (Joost van den Vondel, Claes Jacobsz. Wits, J. Boeckaert), à la suite des prédicateurs (Jacob Boehme, Johannes Rothe)[8] ?
Dans le second cas, comment ce discours présentiste se manifeste-t-il dans les textes et les images ? Et comment l’âge d’or hollandais se distingue-t-il de l’âge d’or antique ?
Quels rôles y jouent les artistes ou les poètes, dont Johan van Heemskerck associe explicitement le nom à la construction de l’« âge d’or d’aujourd’hui » (de gulde Eeuw van heden)[9] ?
- Les espaces de l’âge d’or hollandais
À ce questionnement sur les temps de l’âge d’or doit s’ajouter une réflexion sur ses espaces imaginaires. Le mythe de l’âge d’or s’est d’abord articulé au sein de la littérature mythographique grecque et latine. Ses paysages ont donc été d’abord associés aux caractéristiques et aux topoi des paysages idéaux de l’Antiquité classique et de la Méditerranée : le soleil et le beau temps ; la fertilité extraordinaire des champs et des vergers ; une humanité vivant en harmonie avec une nature qui lui offre tout[10].
Cette image de l’âge d’or primitif joue-t-elle un rôle central ? Si c’est le cas, comment les artistes négocient-ils l’image des villes et des élites urbaines, alors que, dans la tradition de la pastorale, l’âge d’or est sans cesse opposé aux fausses valeurs de la ville et de la cour[11] ?
Comment cette image idyllique de la Hollande est-elle articulée à celle des espaces extra-européens que connaissent et où vivent de nombreux Hollandais, en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie du Sud-Est ? Dans la littérature des explorateurs et des historiens, ces terres sont souvent comparées à l’âge d’or des premiers temps de l’humanité[12] et représentées par les peintres hollandais (Frans Post) ?
Les peintres hollandais, comme les portraitistes (Frans Hals), les paysagistes (Paulus Potter, Jacob van Ruisdael, Adriaen van de Velde) ou les peintres de la vie quotidienne (Pieter de Hooch, Jan Steen, Adriaen van Ostade), ne cherchent-ils pas à construire l’image d’un autre siècle d’or, plus idiosyncrasique et conforme aux réalités sociales, économiques et climatiques des Provinces-Unies ?
Existe-t-il par ailleurs des lieux particulièrement actifs dans la fabrication du mythe de l’âge d’or – Haarlem ? Utrecht[13] ? Amsterdam ?
Dans quelle mesure la réalité réaliste ou fantasmée des campagnes occupent-elles une fonction dans cette construction visuelle de l’innocence – ou de la barbarie (Adriaen van Ostade, Cornelis Bega, Cornelis Dusart) ?
Par ailleurs, alors que l’âge d’or antique se caractérise par la relation harmonieuse avec la nature qu’entretenaient les premiers hommes, qui vivaient en-dehors du besoin mais se contentaient de ne consommer que les fruits qui leur étaient offerts, une telle vision d’un âge d’or brut et végétarien est-elle présente dans la Hollande du xviie siècle, où les efforts pour domestiquer et dominer la nature et profiter au mieux de toutes de ses ressources paraît souvent mise en scène ?
- Les sociétés de l’âge d’or hollandais
Poser la question de la nature de l’âge d’or suppose de s’interroger aussi sur sa culture, c’est-à-dire sur le modèle de société qu’un tel mythe peut – ou devrait – supporter.
Les Hollandais ont-ils défendu une lecture optimiste de l’âge d’or, dans la lignée des auteurs antiques, mais aussi en compagnie de certains philosophes comme John Locke[14] ? Comment, et à travers quels thèmes ? La joie ? La paix ? L’harmonie avec la nature ? Les vertus chrétiennes ou sécularisées de pudicité, d’honnêteté et de charité ?
Le mythe de ce qu’Ernst Robert Curtius a appelé le « communisme érotique[15] » de l’âge d’or, où « toutes pour touz » vivaient pour « touz pour toutes » (Jean de Meung) [16], et dont témoignent de nombreux récits de la littérature pastorale[17], explique-t-il la place importante des mises en scène de la séduction sexuelle dans l’art hollandais du xviie siècle ? Ou faut-il, au contraire, y voir les condamnations d’attitudes incompatibles avec l’avènement d’un âge d’or authentiquement chrétien ?
Dans ce cas, ne peut-on pas penser que les Hollandais ont également envisagé une interprétation plus pessimiste et restrictive de l’âge d’or, à l’image d’Érasme, d’Adriaen van de Venne ou de Thomas Hobbes[18]. Se moquent-ils de l’idéalisme naïf de ce primitivisme ? des prétentions ridicules de l’« âge d’or contemporain » (heden-daegsche Gulde Eeuwe)[19] ? Ou mettent-ils en avant les différentes formes sociales de contrôle et de canalisation des pulsions des individus ? Quels auraient été alors les moyens iconographiques, expressifs et formels pour traduire de telles idées ?
Comment, en outre, la société égalitaire et sans classes de l’âge d’or peut-elle être conciliée avec celle de la société fortement stratifiée des Provinces-Unies ?
Souvent utilisé dans le cadre des monarchies européennes, comme dans les Pays-Bas espagnols ou à la cour de Rodolphe II[20], le mythe de l’âge d’or est-il par ailleurs adapté aux structures politiques, intellectuelles et religieuses de la république des Provinces-Unies ?
Les peintres choisissent-ils d’éluder ces différences, en mettant par exemple en avant la mobilité sociale, les lieux de rencontre des différentes couches de la population et les différentes formes d’espaces publics[21] ? Ou proposent-ils, dans la lignée de Platon[22], une réinterprétation hiérarchisée du premier âge d’or, qui ne peut plus être reconduit autrement que par le biais d’une organisation oligarchique, où la pacification sociale est décidée par une minorité agissante pour l’entièreté de la collectivité ?
Quelle place tiennent l’argent et la richesse matérielle dans cet âge d’or ? L’or ne jouait paradoxalement aucun rôle dans l’âge d’or antique, puisque la propriété n’y existait pas[23]. Cette idée est reprise par Thomas More[24] et par de nombreux auteurs opposent l’« amour pour l’or », qui caractérise les esprits sans foi ni loi, à l’« amour d’or » des âmes vertueuses[25]. Comment les peintres néerlandais négocient-ils ce rapport contradictoire à l’or ?
Faut-il retenir l’interprétation proposée par Simon Schama, qui relève une antinomie au sein de la culture hollandaise du xviie siècle entre l’ambition pieuse de la modération et la réalité d’une accumulation des richesses[26] ? Dans ce cas, comment le mythe de l’âge d’or est-il pris en charge dans cette imagerie paradoxale ? Adriaen van de Venne moque l’hypocrisie de l’« état de notre heureux âge d’or, débordant et abondant » (« Standt van onse volle over-vloedighe Geluckige Gulde Eeuwe »), corrompu par la soif de l’or et des plaisirs immédiats[27], comme Johannes Orizant après lui[28] ; mais ce n’est pas le cas, plus d’un demi-siècle plus tard, d’Arnold Houbraken[29]. Serait-ce donc l’effet d’une idéalisation rétrospective ?
Les Hollandais du xviie siècle ont-ils choisi de traduire cette absence primitive de l’or par d’autres formes de désintéressements ? Le refus des richesses matérielles, comme l’illustreraient les vanités ou le motto d’Hendrick Goltzius, Eer boven Golt (« L’honneur au-dessus de l’or ») ? Ou la transformation symbolique de cette richesse par la valorisation d’un capital plus symbolique et culturel – les arts et les valeurs ?
Propositions
Chaque conférence durera vingt minutes. Les conférences et les discussions auront lieu en français et en anglais. La connaissance même passive de ces deux langues est donc conseillée.
Les propositions pour les conférences consisteront en un titre, un résumé (max. 250 mots), une bibliographie associée au sujet traité et un court curriculum vitae (max. 100 mots) qui seront envoyés à : jan.blanc@unige.ch avant le 1er octobre 2017.
Organisation
Prof. Jan Blanc (Université de Genève), avec la collaboration de Dr. Marije Osnabrugge (Université de Genève) et Dr. Léonie Marquaille (Université de Lausanne), dans le cadre du projet « Un Siècle d’Or ? Repenser la peinture hollandaise du xviie siècle » (2017-2021).
Bibliographie
Anderson 1996 : Benedict R. Anderson, L’Imaginaire national : réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme, Paris, 1996.
Anonyme 1659 : Anonyme, Trompet of lofrede over den eeuwigen Nederlantschen vrede (1648), Haarlem, 1659.
Baer, Van Nierop 2015 : Ronni Baer, Henk F. K. Van Nierop (éd.), Class Distinctions : Dutch Painting in the Age of Rembrandt and Vermeer, Boston, 2015.
Canova-Green 1993 : Marie-Claude Canova-Green, « Le mythe de l’âge d’or dans les divertissements à la cour des Bourbons et des premiers Stuarts », dans Pierre Béhar (éd.), Image et spectacle, Amsterdam, 1993, p. 25‑45.
Cullen 1969 : Patrick Cullen, « Imitation and Metamorphosis : The Golden-Age Eclogue in Spenser, Milton, and Marvell », PMLA, LXXXIV, 6, p. 1559‑1570.
Curtius 1990 : Ernst Robert Curtius, European Literature and the Latin Middle Ages (1948), Princeton, 1990.
Érasme 1615 : Érasme, Moriae encomion, dat is, Eenen Lof der sotheyt., Rotterdam, 1615.
Gouwerack 1646 : Leonardus Gouwerack, Erato ; Omhelst van verscheyde Minne-Deuntjes, Sangh-rijmpjes ende Nieu-quelige Veersjens, Utrecht, 1646.
Hobbes 2010 : Thomas Hobbes, Leviathan, or, The Matter, Forme, & Power of a Common-Wealth Ecclesiasticall and Civill, New Haven, 2010.
Houbraken 1976 : Arnold Houbraken, De groote schouburgh der nederlantsche konstschilders en schilderessen, 3 vol., Amsterdam, 1976.
Levin 1970 : Harry Levin, The Myth of the Golden Age in the Renaissance, Londres, 1970.
Locke 1690 : John Locke, Two Treatises of Government, Londres, 1690.
Melissen 1981 : Spiko Melissen, « De heedendaagse Goude-eeuw », Spektator, XI, p. 30‑60.
More 1677 : Thomas More, Het onbekent en wonderlijk eyland Utopia, ontdekt door Rafaël Hythlodeus, en by t’samenspraeke beschreven, Rotterdam, 1677.
Myara Kelif 2012 : Elinor Myara Kelif, « Les Noces de Pelée et Thétis de Cornelis Cornelisz. van Haarlem : une représentation de l’Âge d’Or ? », Rev. Art, CLXXVII, 3, p. 25‑36.
Orizant 1643 : Johannes Orizant, Heraclitvs beschreyende de weereldt, La Haye, 1643.
Outrein 1700 : Johannes d’Outrein, Proef-stukken van heilige sinne-beelden, Amsterdam, 1700.
Ovide 1588 : Ovide, Metamorphosis dat is, die Herscheppinge oft veranderinge, Amsterdam, 1588.
Ovide 1657 : Ovide, Metamorphosis : dat is Veranderingh, of herscheppingh, Rotterdam, 1657.
Ovide 1671 : Ovide, Herscheppinge, Amsterdam, 1671.
Ovide 1678 : Ovide, Al de werken, 3 vol., Leyde, 1678.
Rosenthal 2003 : Lisa Rosenthal, « Political and painterly virtue in Cornelis Cornelisz. van Haarlem’s Wedding of Peleus and Thetis for the Haarlem Prinsenhof », Ned. Kunsthist. Jaarb., LIV, p. 173‑201.
Schama 1991 : Simon Schama, L’Embarras de richesses : une interprétation de la culture hollandaise au siècle d’or, Paris, 1991.
Van de Venne 1635 : Adriaen Pietersz Van de Venne, Tafereel van de belacchende werelt, en desselfs geluckige eeuwe, goet rondt, met by-gevoegde raedsel-spreucken, La Haye, 1635.
Van den Vondel 1927 : Joost Van den Vondel, Werken, 11 vol., Amsterdam, 1927.
Van Heemskerk 1622 : Johan Van Heemskerk, Pvb. Ovidii Nasonis Minne-kvnst, gepast op d’Amsterdamsche vryagien, Amsterdam, 1622.
Van Heemskerk 1637 : Johan Van Heemskerk, Inleydinghe tot het ontwerp van een Batavische Arcadia, Amsterdam, 1637.
Van Mander 1604 : Karel Van Mander, Het Schilder-Boeck, Haarlem, 1604.
Van Mander 1610 : Karel Van Mander (éd.), Den Nederduytschen Helicon, Alkmaar, 1610.
Vandommele 2011 : Jeroen Jos Maarten Vandommele, Als in een spiegel : vrede, kennis en gemeenschap op het Antwerpse Landjuweel van 1561, Hilversum, 2011.
Vanhaelen, Ward 2013 : Angela Vanhaelen, Joseph P. Ward (éd.), Making Space Public in Early Modern Europe. Performance, Geography, Privacy, Londres, 2013.
Virgile 1597 : Virgile, Bucolica en Georgica, dat is, Ossen-stal en Landt-werck P. Virgilii Maronis, prince der poëten, Haarlem, 1597.
Virgile 1646 : Virgile, Publius Virgilius Maroos Wercken, Amsterdam, 1646.
Virgile 1658 : Virgile, Eclogæ, ofte Harders-kouten, Hoorn, 1658.
Virgile 1666 : Virgile, De herders-sangen, Amsterdam, 1666.
Virgile 1688 : Virgile, Herders-kóuten en Land-gedichten, midsgaders de XII boecken van Æneas, Gouda, 1688.
Wits 1649 : Claes Jacobsz Wits, Stichtelijcke bedenckinge, onledige ledigheyt, stichtelijcke tijt-kortinge, Enkhuizen, 1649.
Notes
[1] « ’T was in dien tyd de Gulde Eeuw voor de Konst, en de goude appelen (nu door akelige wegen en zweet naauw te vinden) dropen den Konstenaars van zelf in den mond » (Houbraken 1976, t. II, p. 243).
[2] Dans sa traduction d’Ovide, Johannes Florianus évoque un « monde d’or » (Gulde wereldt) (Ovide 1588, fo 3r). Johannes van der Gracht (gulde Eeuw), Abraham Valentyn (gulde Eeuw) et Johannes d’Outrein (goude eeu) parlent d’« âge d’or » (Ovide 1657, p. 5 ; 1671, p. 5 ; Outrein 1700, p. 413). Joost van den Vondel (1587-1679), de son côté, évoque plutôt une « époque d’or » (goude tijt) (Ovide 1678, t. I, p. 5). La même indécision marque les traductions de Virgile. Pour Karel van Mander (gulden eeuwe), Johannes Ulaeus et Willem Godschalck van Focquenbroch (gulden eeuw), l’aurea aetas peut aussi bien appartenir au mythe qu’à l’histoire (Virgile 1597, p. 23 ; 1666, p. 40). Vondel demeure fidèle à la traduction qu’il avait proposée pour Ovide (gulde tijt), comme Henrick Bruno (gulde tijden) (Virgile 1646, p. 11 ; 1658, p. 19, 21 Seul Dirk Doncker, à notre connaissance, fait le choix curieux de parler d’une « année d’or » (guldejaar) (Virgile 1688, p. 10).
[3] Hésiode, Les Travaux et les Jours, v. 109-120 ; Ovide, Métamorphoses, I, v. 89-129 ; Virgile, Géorgiques, II, v. 533-540 ; Bucoliques, IV ; Énéide, VI, v. 791-796 ; VIII, v. 313-327 ; Calpurnius Siculus, Églogues, I, v. 65-180. Sur ce sujet, voir notamment Cullen 1969 ; Melissen 1981 ; Canova-Green 1993.
[4] « Nederlandt begint, gelijk van oudts, te groeien, te bloeien, en de goude tijdt, gaat in, daar onze Voorvaders in leefden, en wy zoo langh naar verlangden. Dit was het eenighe middel om de verdrukte landen weder op te helpen , aldus leggen de burgers een eeuwige eere in : aldus winnen de Heeren de harten hunner onderdanen » (Anonyme 1659, p. 73). Voir aussi Van Heemskerk 1637, p. 173‑174.
[5] « Dit can verstaen worden, dat door oprechte wijse Coningen en Heeren, in Landen daer sy heerschen, de Menschen een gherust, stille, en vrolijck leven ghenutten, om datter goede Wetten gheoeffent worden, en onghebogen gherechticheyt, die by de schaeldrichtighe Astrea wort verstaen, gelijck Virgilius in Pollio t’vierde Boer-liedt verhaelt, segghende : ‘De maeght hercomt nu van den Hemel neder, / En t’soete rijck Saturni keert oock weder’. Van desen gulden tijdt noemde Virgilius Augustum den oorsaker, om dat onder zijn heerschen t’volck vreedlijck, en in grooter ghenuechte onderlinge leefde : daerom seght den Poeet, datter van melck en honich vlieten vloeyden, en honich op den boomen is ghewassen » (Van Mander 1604, fo 3v (Uutlegginghe, en sin-ghevende verclaringhe, op den Metamorphosis Publij Ovidij Nasonis)).
[6] « Ach, of den gulden tijdt / dus bloeyd’ hier in ons lant[6]. […] Saturni gulden eeuw’ schijnt nu verschenen wis » (Van Mander 1610, p. 275).
[7] Anderson 1996.
[8] Van den Vondel 1927, t. I, p. 218 (Het Pascha ofte De verlossinge der kind’ren Israels wt Egypten [1612] 2, 1008) ; Wits 1649, p. 357.
[9] « So menig minne-Liedt vol viers en aerdigheden, / Daer prachtig mede praelt de gulde Eeuw van heden. / Leest maer de Liedtjes eens van Breroo’ en van Hooft, / Wiens helle glants den glants der ouden schier verdooft » (Van Heemskerk 1622, p. 118).
[10] Virgile, Géorgiques, II, v. 149 ; Ovide, Métamorphoses, I, v. 107.
[11] Van Heemskerk 1622, p. 311.
[12] Van Mander 1604, fo 110v (Uutlegginghe, en sin-ghevende verclaringhe, op den Metamorphosis Publij Ovidij Nasonis).
[13] Rosenthal 2003 ; Myara Kelif 2012.
[14] Locke 1690 (A Essay Concerning the True Original, Extent, and End of Civil Government, II, iii, 19) Cet ouvrage est aussitôt traduit en français par David Mazel à Amsterdam sous le titre Du gouvernement civil, où l’on traite de l’origine, des fondements, de la nature, du pouvoir, et des fins des sociétés politiques en 1691.
[15] Curtius 1990, p. 125.
[16] Levin 1970, p. 37.
[17] On peut notamment penser au « paradis amoureux » (amoroso paradiso) évoqué par le Tasse dans l’Aminta (Torquato Tasso, Aminta, Milan, Mursia, 1985, v. 1846), rééditée en italien en 1656, 1678 et 1705 aux Pays-Bas, avant d’être traduite en néerlandais à plusieurs reprises (Aminta, Herders Bly-eindende Treur-spel, 1660 ; Amintas, bosch-tonneelspel, 1711 ; Amintas : Herderspel, 1715 ; Amintas : Harderspel, 1722) et en français en 1679 et en 1681 (L’Aminte du Tasse : pastorale). On peut également évoquer les amours décrites par Giovanni Battista Guarini dans Il Pastor fido (1590), dont les traductions et les imitations néerlandaises sont nombreuses au xviie siècle. En-dehors de la langue italienne, l’ouvrage de Guarini était accessible à travers sa traduction française (Le Berger fidèle, pastorale, 1600), rééditée pour faciliter l’apprentissage de la langue italienne (Il pastor fido = Le berger fidèle : fait italien et français pour l’utilité de ceux qui désirent apprendre les deux langues, 1610), par son adaptation par Theodoor Rodenburg (Anna Rodenburghs trouwen Batavier. Treur-bly-eynde-spel, 1617) et sa traduction néerlandaise (Den ghetrouwen herder : herderliick bly-eyndende treurspel, 1638), rééditée en 1646, 1650, 1671, 1678, 1695 et 1696.
[18] Érasme 1615, p. 75 ; Van de Venne 1635 ; Hobbes 2010, I, xiv. La traduction néerlandaise du Leviathan par Abraham van Berkel est publiée à Amsterdam seize ans après la première édition anglaise (Leviathan : of van de stoffe, gedaente, ende magt van de kerckelyke ende wereltlycke regeeringe, 1667). Elle est republiée en 1672.
[19] Van de Venne 1635, Voor-Beduydsel.
[20] Vandommele 2011, p. 109‑132.
[21] Vanhaelen, Ward 2013 ; Baer, Van Nierop 2015.
[22] Levin 1970, p. 13.
[23] Lucrèce, De la nature des choses, V, v. 1113-1114, 1241, 1423, 1428 ; Ovide, Métamorphoses I, v. 141-142 ; Sènèque, Lettres à Lucilius, 115, 13. Voir Levin 1970, p. 70.
[24] More 1677, p. 71‑72, 138‑147.
[25] Gouwerack 1646, p. 69‑73.
[26] Schama 1991.
[27] Van de Venne 1635, Voor-Beduydsel.
[28] Orizant 1643, p. 6‑7.
[29] Houbraken 1976, t. II, p. 243.
Télécharger l’appel