Lire et relire Ronsard

  • End date:
    30/06/2023, 00:00

Lire et relire Ronsard

Portrait de Ronsard, de profil dans une bordure ovale, estampe (source : Gallica)

Portrait de Ronsard, de profil dans une bordure ovale, estampe (source : Gallica)

19-20-21 juin 2024

 

 

Colloque international organisé par J. Goeury, A. Lionetto, J.-C. Monferran, A.-P. Pouey-Mounou et C. Trotot

 

 

Comité scientifique : B. Andersson, J. Céard, N. Dauvois, U. Langer, I. Pantin, F. Rouget, J. Vignes, et C. Yandell

 

Cinq cents ans après la naissance du poète, où en sont les études sur Ronsard ? Célébré en son temps comme « poète des princes » et « prince des poètes », auteur-phare d’une « mort et résurrection » de la Pléiade orchestrée tour à tour par les classiques et les romantiques, Ronsard occupe aujourd’hui une place majeure et singulière que la critique continue de faire évoluer.

Ce n’est ni sur le terrain de la célébration ni de la déconstruction de la figure du poète que ce colloque de « cinquième centenaire » entend se situer, mais plutôt sur celui d’un état présent des études ronsardiennes. En adoptant une approche prioritairement centrée sur les textes – dans leur forme, leur matérialité et leurs contextes d’élaboration et de réception –, il vise à rassembler et à questionner les orientations actuelles de la recherche sur la poésie de Ronsard. Il ne s’intéressera donc pas tant à la postérité longue du poète qu’à ce que nos façons actuelles de l’aborder nous révèlent de sa poétique, et des conditions d’élaboration de celle-ci, ainsi qu’aux nouvelles perspectives de lecture qu’elles esquissent sur son œuvre : comment lit-on, et comment peut-on lire et interpréter Ronsard aujourd’hui ?

Seront abordés en particulier les axes suivants :

  1. Le travail de la langue et du style. Si les études consacrées au lexique de Ronsard et à certains des tropes marquants de la Pléiade sont nombreuses, il s’agit de proposer de la poétique du poète, de ses sources et de ses ambitions pour la langue une perspective aussi globale que possible. Le colloque s’intéressera avant tout à la poétique des Œuvres, du double point de vue de la pratique, dans le détail du travail du texte et du vers, et de la théorie, pour ce qui est des conceptions poétiques de Ronsard et des traditions et débats qui les informent. Il s’agit d’approfondir les choix de langue et de style du poète, dans leur diversité et leurs enjeux, ainsi que ses méthodes de production des mots, des figures et des poèmes. Cet axe d’étude inclut les approches rhétoriques et stylistiques, formelles et génériques, et les représentations de la langue. Une telle approche est naturellement indissociable d’une intertextualité qui engage aussi bien la bibliothèque et la formation du poète que la constitution collective d’un univers idiolectal par les poètes de la Pléiade et leurs imitateurs immédiats.
  1. Le livre et sa matérialité. Si beaucoup a été dit sur la monumentalisation de Ronsard par ses Œuvres, sur sa consécration par les commentaires, sur ses imprimeurs et toutes les rééditions de ses poèmes, il reste encore beaucoup à découvrir de l’approche matérielle des textes. Il reste à approfondir d’autres rapports du poète au livre et à la mise en livre, notamment son travail de lecture et d’annotation sur ses sources, la diffusion de ses poèmes par les plaquettes et pièces d’escorte, la poétique des seuils et autres stratégies de publication, ainsi que les compilations et compendia qui relèvent de pratiques imitatives encore mal connues. Il s’agit ainsi de préciser concrètement la façon dont le poète travaille, en reprenant par exemple le dossier des variantes, mais aussi dont ses contemporains le retravaillent, selon les éditions auxquelles ils ont accès.
  1. Postures énonciatives, réseaux et constructions collectives. Une tendance actuelle des études sur la Pléiade – plutôt que sur Ronsard lui-même – est de souligner la dimension collective, ou émulative, des productions des différents poètes qui lui ont été associés ; une autre de mettre en avant un ethos par lequel plusieurs de ces poètes se construisent une posture énonciative et se singularisent au sein du groupe, en particulier par différenciation avec lui. Que devient dans cette perspective la poétique ronsardienne, jusqu’à quel point se prête-t-elle elle-même à de telles approches ? Question évidemment centrale de la poétique ronsardienne, la construction de l’énonciation du poète a encore été peu étudiée, en dépit de son rôle déterminant ; celle de son humour également. On s’efforcera ainsi d’envisager une construction énonciative qui n’a pas fini de révéler les multiples visages (et sourires) du poète.
  1. Figures féminines, Éros ronsardien. Poète des Amours et, a-t-on dit, « de l’amour », Ronsard incarne de multiples façons de chanter l’amour qui ont suscité, dès son temps, l’éloge, le blâme et les contre-discours, et ont fait récemment l’objet de critiques ; si la critique universitaire a pris ses distances à l’égard de la question biographique de ses inspiratrices, l’essor récent des gender studies appelle à revoir sur nouveaux frais les représentations véhiculées par les textes : car c’est bien en tant que représentant d’un discours sur les femmes, et d’une tradition littéraire, que le poète se prête à ces approches. Plus généralement, ce sont les fragments d’un discours amoureux qu’il s’agit d’interroger, en dégageant de celui-ci ce qui a pu et peut encore aujourd’hui séduire, voire hérisser, choquer, faire débat à l’heure de #me too et des trigger warnings.
  1. L’inscription du savoir et l’ambition savante. La posture érudite de Ronsard est bien connue, de même que son ambition de « poésie scientifique » et sa mise en avant d’un idéal de « doctrine ». La question de l’inscription du savoir dans les textes et de la façon dont le poète évite la terminologie technique par un double jeu constant entre plusieurs niveaux de sens reste cependant d’actualité. Le colloque voudrait revenir sur la dimension savante de son œuvre pour l’apprécier de façon plus juste selon les domaines du savoir envisagés, pour réfléchir à ses limites, pour analyser les moyens mis en œuvre par le poète pour inscrire ces savoirs dans les textes, et réfléchir à la manière dont Ronsard cache ou exhibe, selon les cas, son érudition et cultive l’effet savant.

 

Les propositions sont à transmettre avant le 30 juin 2023 à : 

 

Julien Goeury, Adeline Lionetto, Jean-Charles Monferran, Anne-Pascale Pouey-Mounou et Caroline Trotot.

 

julien.goeury@club-internet.fr

adelinelionetto@hotmail.com

jcharles.monferran@free.fr

ap.pouey@free.fr

caroline.trotot@univ-eiffel.fr