Lire pour écrire : les notes de lecture dans le processus de création (Université Paris Est Créteil)

Lire pour écrire : les notes de lecture dans le processus de création (Université Paris Est Créteil)

20-21 juin 2024 à l’Université Paris Est Créteil

Dans le cadre d’un projet d’édition génétique des carnets de lecture de Virginia Woolf au sein de l’équipe de l’ITEM « Joyce et le modernisme anglo-saxon », la richesse, la complexité et la grande variété des notes de lectures des écrivain.e.s nous sont apparues comme un objet d’étude en soi.

Nous nous proposons donc d’organiser un colloque consacré à ces traces d’une étape charnière dans le processus d’écriture, donnant à voir le lien entre la lecture et la production de l’œuvre.

Si les brouillons ou la correspondance des écrivain.e.s ont fait l’objet d’une attention soutenue, ce matériau des notes de lecture a été moins exploré pour lui-même. Ce colloque s’intéresse de près à cet objet matériel et intellectuel qui nourrit la création à travers les époques et les aires géographiques et culturelles. Il s’agira d’observer, de décrire et d’analyser la place de la lecture dans le processus d’écriture et de création chez les écrivain.e.s et les penseur.euse.s en sciences humaines et sociales, en s’appuyant sur un matériau spécifique : leurs notes de lecture.

Ce matériau interroge sous plusieurs aspects. D’abord, se pose la question du support utilisé : carnet, notes dans la marge, simple trace. Cette matérialité s’inscrit tant dans une historicité que dans une pratique, révélant un aspect de la fabrique de l’écriture. Ensuite, se pose la question de la trace. Quelle est la trace laissée par la lecture dans la note de lecture, dans l’œuvre ? La lecture est-elle citée, réinjectée dans l’œuvre, transformée, recyclée ? Une distinction pourra être apportée en fonction du genre considéré : si la lecture est utilisée pour écrire un essai, le traitement n’est sans doute pas tout à fait le même que pour un texte de fiction. L’analyse de cette trace fera donc l’objet d’une attention particulière, ainsi que les différentes transformations apportées. Quelle place occupent les lectures dans le processus d’écriture ou l’élaboration d’une pensée ? Comment les notes de lecture font-elles apparaître la lecture à l’œuvre ? Du point de vue du texte lu, d’autre part, on pourra interroger la manière dont ces notes se situent dans une réception de l’œuvre lue. Enfin, se pose la question de savoir si les notes de lecture permettent de dégager et de définir un genre à part entière ou de retracer une histoire de la lecture à travers le temps.

Christine de Pizan écrivant son livre, in Collected Works, BL, MS Harley 4431 (source : Wikimedia commons)

Christine de Pizan écrivant son livre, in Collected Works, BL, MS Harley 4431 (source : Wikimedia commons)

Parmi les questions qui pourraient être soulevées par les participants :

-Qu’est-ce qui est sélectionné par le lecteur-annotateur ? Quels noms, quelles œuvres, quels éléments dans les œuvres ?

-Que fait l’auteur de ses notes de lecture ? Sur quel support les prend-il ? Est-il « marginaliste », « extracteur » (Daniel Ferrer) ou « paraphraseur » (Andrei Minzetanu), c’est-à-dire pratique-t-il la note marginale ou reporte-t-il ses notes et ses commentaires dans un carnet, un cahier, un journal, sur des fiches, des post-it ? Avec quel objectif spécifique lit-il ?

-Comment ce matériau s’articule-t-il avec les autres éléments du dossier génétique ? Quelle est sa place et son importance dans la genèse de l’écriture ?

-Comment les notes de lecture sont-elles transformées dans le(s) texte(s) de destination ?

-Comment évoluent à travers le temps les traces scripturales et intellectuelles jusqu’à l’époque de l’ordinateur et du traitement du texte ?

-Quelles sont les pratiques d’archivage et les pratiques éditoriales de ces notes ?

-Peut-on définir un genre de la note de lecture ?

Parmi les approches critiques qui peuvent être envisagées : les approches génétiques, théoriques (révision de la notion d’intertextualité ; question du genre), comparatistes, historiques (histoire des idées, par exemple, ou de la formation intellectuelle), les théories de la lecture et de la réception, les études de traduction.

Toutes les périodes, tous les siècles et tous les ancrages disciplinaires sont possibles.

Le colloque se déroulera les 20 et 21 juin 2024 à l’université Paris Est Créteil.

Soumission : Les propositions sont à envoyer à : anne-laure.rigeade@u-pec.fr avant le 15 mai 2023.

Il est possible de faire une proposition de communication individuelle (titre, résumé d’un minimum de 500 mots, suivi d’une bibliographie indicative) ou une proposition de session, composée de 2 à 4 personnes (titre, problématique collective faisant l’unité de la session, résumé d’un minimum de 500 mots par intervention, avec une bibliographie indicative)

La décision d’acceptation ou de refus sera communiquée aux participants courant juin 2023.

Langue des interventions : Les interventions peuvent être proposées en français ou en anglais.

Publication :  Le colloque fera l’objet d’une publication : s’il s’agit d’une publication bilingue, la collection « Book Practices and Textual Itineraries » (EDUL) pourra accueillir ce volume. Si les contributions sont majoritairement écrites en anglais, nous envisagerons une publication en anglais (Routledge, Bloomsbury ou Palgrave).