Produire la carte : représentations transfrontalières et interculturelles de l’Antiquité à nos jours – Mulhouse, 20, 21 et 22 mai 2019

  • End date:
    30/11/2018, 00:00
  • Place:
    Campus Fonderie – UHA 16 rue de la Fonderie 68100 Mulhouse
Gerard Mercator and Jodocus Hondius, Gravure de L'Atlas ou méditations Cosmographiques de la Fabrique du Monde et Figure d'Iceluy. Commencé en Latin par le très docte Gerard Mercator, parachevé per Jodocus Hondius, Musée National de Varsovie, 1613 (source : Wikipedia)

Gerard Mercator and Jodocus Hondius, Gravure de L'Atlas ou méditations Cosmographiques de la Fabrique du Monde et Figure d'Iceluy. Commencé en Latin par le très docte Gerard Mercator, parachevé per Jodocus Hondius, Musée National de Varsovie, 1613 (source : Wikipedia)

Produire la carte : représentations transfrontalières et interculturelles de l’Antiquité à nos jours

Mulhouse, 20, 21 et 22 mai 2019

Le colloque entend proposer une réflexion et des débats sur les modalités de représentation cartographique de phénomènes transfrontaliers et interculturels. Interdisciplinaire et international, il devrait encourager à penser la carte hors des frontières politiques, en proposant une réflexion articulée autour de trois axes : le temps (quelle a été la compatibilité de ces phénomènes interculturels avec les travaux de cartographie réalisés au cours de l’histoire ?), l’espace (quelles approches des phénomènes interculturels ou transfrontaliers selon les espaces d’études, de création et de diffusion des cartes ?) et la méthode (comment et pourquoi réaliser des cartes intégrant de tels phénomènes ?).

Argumentaire

Les travaux de l’Atlas historique d’Alsace ont montré que les frontières politiques actuelles, en particulier celle qui sépare la France de l’Allemagne le long du Rhin, sont souvent peu pertinentes dans les entreprises cartographiques portant sur des périodes antérieures ou des phénomènes culturels, sociaux, économiques ou encore environnementaux. Ces derniers dépassent en effet fréquemment les logiques administratives qui président trop souvent aux choix d’échelles et d’espaces cartographiés. Or, qu’elles soient ou non intégrées dans un Système d’information géographique (SIG), les cartes permettent aussi de mettre en lumière des phénomènes, des structures et des organisations spatiales répondant à d’autres logiques que celles des territoires politiques. Par des choix et des contraintes techniques (échelles, projections), graphiques (figurés, simplifications) mais aussi intellectuels, la carte donne autant à voir qu’elle laisse de côté, et pour répondre à des besoins précis, elle fige sur le papier (ou l’écran) des contrastes là où d’autres critères auraient pu laisser apparaître des continuités, et inversement.

 Le colloque entend contribuer à cette réflexion sur la démarche cartographique et s’interroger sur les modalités de représentation spatiale de phénomènes transfrontaliers d’une part et interculturels d’autre part. Les premiers renvoient inévitablement à la notion de frontière politique moderne, quasi-synonyme de limite et qui marque une différenciation systématique entre les territoires qu’elle sépare et qu’elle unit à la fois. A l’inverse, l’interculturel invite à considérer des frontières dynamiques car tout à la fois floues, mouvantes et poreuses, dont la coïncidence avec les limites politiques est loin d’être systématique. Trois questionnements indissociables orienteront les communications et les débats.

Le premier est temporel, et s’inscrit autant dans l’histoire de la cartographie que dans la cartographie historique. Il s’agira d’examiner les cartographies d’époque pour voir en quoi celles-ci ont pu figer certaines configurations territoriales, ou au contraire, lorsqu’elles sont support d’une idéologie, passent outre des organisations spatiales incompatibles avec leur message. Les travaux cartographiques réalisés dans le contexte des entreprises coloniales aux époques modernes et contemporaines semblent particulièrement propices à une telle réflexion. En quoi les cartes participent-elles aussi à la construction de systèmes nationaux de représentations ? De plus, dans quelle mesure, observe-t-on des évolutions ou des bifurcations ? On pourra également s’intéresser, par exemple, aux répercussions cartographiques de situations géopolitiques historiques, ou à l’usage des cartes en tant qu’outil pédagogique. La confrontation des territoires donnés à voir par les cartes anciennes et ceux mis en lumière par d’autres méthodes, y compris actuelles, sera bienvenue.

Un deuxième axe s’intéressera à la comparaison des pratiques cartographiques dans différents espaces marqués par des phénomènes interculturels ou transculturels. Les études de cas transfrontalières seront ici favorisées pour relever d’éventuelles différences de représentation d’un même espace. On pourra confronter les rapports à la carte, ainsi que son utilisation comme medium d’information et de travail par des groupes sociaux qui se distingueraient par une appartenance culturelle, étatique, linguistique différente. Par ailleurs, l’accès actuel à l’information (notamment grâce à sa dématérialisation qui contribue à son internationalisation) favorise la consultation de cartes dans d’autres contextes culturels que celui dans lequel elle a été produite, pouvant induire de nouveaux enjeux intellectuels, sociaux et politiques en termes de représentation de l’espace et du territoire, et jouer un rôle dans la diffusion de techniques, d’idées, de savoirs. Les interprétations de l’espace propres à chaque système politique et culturel résistent-elles aux interactions qui se multiplient aux échelles macrorégionales (l’Europe, par exemple) et mondiale ?

Les questions de méthode constitueront le troisième axe structurant la manifestation, en invitant les participants à réfléchir à la manière de cartographier les dynamiques transfrontalières et les objets interculturels. De la démarche heuristique conduisant à la carte, aux contraintes de projets scientifiques et pédagogiques plus imposants comme les atlas ou les SIG, les étapes, les approches et les solutions sont diverses et nombreuses pour en proposer une représentation graphique cohérente, a fortiori lorsqu’il s’agit de phénomènes historiques où les frontières actuelles n’ont plus de sens. Une fois la carte réalisée, quels usages l’historien, le géographe, l’archéologue, le sociologue… peut-il en faire pour révéler et étudier ces questions transfrontalières ou interculturelles ? Le colloque sera l’occasion d’évoquer les modes de valorisation de telles entreprises cartographiques.

Le colloque se veut interdisciplinaire, pour rassembler l’ensemble des acteurs de la communauté scientifique, institutionnelle, économique et pédagogique producteurs ou « consommateurs » de cartes. Il devra revêtir une dimension internationale indispensable à la mise en perspective des méthodes et des approches face à la carte. Organisé par le CRESAT, il se tiendra du 20 au 22 mai 2019 à l’UHA (Mulhouse).

Envoi des propositions

Les propositions de communication (5000 signes maximum, en français, anglais ou allemand) sont à envoyer à benjamin.furst@uha.fr avant le 30 novembre 2018, accompagnées de quelques lignes de présentation du ou des auteurs.

Comité d’organisation
  • Régis Boulat (Maître de conférences en histoire contemporaine, UAH)
  • Benjamin Furst (ingénieur d’études, docteur en histoire moderne, UHA)
  • Odile Kammerer (professeur honoraire d’histoire médiévale, UHA)

Comité scientifique

  • Lars Behrisch (Assistant professor d’histoire moderne, Université d’Utrecht)
  • Léonard Dauphant (maître de conférences en histoire médiévale, Université de Lorraine)
  • Denis Eckert (directeur de recherche, CNRS – Centre Marc Bloch)
  • Bernhard Köppen (professeur de géographie, Universität Koblenz-Landau)
  • Odile Kammerer (professeur honoraire d’histoire médiévale, UHA)
  • Bernard Reitel (professeur de géographie, Université d’Arras)
  • Olivier Richard (professeur d’histoire médiévale, Université de Strasbourg)
  • Jean-Jacques Schwien (maître de conférences en archéologie, Université de Strasbourg)
  • Nicolas Verdier (directeur de recherche, CNRS – Géographie-cités et directeur d’étude, EHESS)