Recettes, secrets, lexique : les apports de la linguistique à la connaissance des savoir-faire artistiques

  • End date:
    15/09/2023, 00:00

36ème Congrès du CIHA – Lyon 2024

Arcimboldo, dessin d'un costume de cuisinier, 1585, Galleria degli Uffizi, Florence (source : WGA)

Arcimboldo, dessin d'un costume de cuisinier, 1585, Galleria degli Uffizi, Florence (source : WGA)

Julia Castiglione, Margherita Quaglino

Sorbonne Nouvelle – Paris (France)Université De Turin – Turin (Italy)

Date de clôture : 15 septembre 2023

Les communications se feront en présentiel à Lyon au Centre de Congrès – Cité internationale entre le 23 et le 28 juin 2024.

Email:
julia.castiglione@sorbonne-nouvelle.fr (Julia Castiglione)
margherita.quaglino@unito.it (Margherita Quaglino)

Issus d’une tradition complexe de copie, de réutilisation et d’assemblage, les livres de recettes sont des textes ouverts, qui agrègent des ingrédients et des instructions au contenu et au langage hétérogènes. Témoignages de la culture matérielle et des pratiques d’une époque, ces recueils nécessitent donc une approche pluridisciplinaire pour être mis en lumière et valorisés, tant du point de vue du texte que de l’apport à la connaissance des savoirs et des pratiques artistiques.

Les premiers livres de recettes en latin circulent en Europe à partir du VIIIe siècle, ce sont des compilations souvent désorganisées de procédés techniques de différents domaines (médecine, cosmétique, cuisine, peinture, alchimie). Ils peuvent recueillir les savoirs techniques antiques (tels que Vitruve et Pline) et ils les actualisent en rendant compte des matériaux et des techniques modernes. Ils transmettent ainsi un patrimoine de connaissances qui reflètent le système culturel, social et économique de l’Europe médiévale. Ils constituent en même temps des énigmes complexes à déchiffrer : d’un point de vue textuel, en raison de la difficulté de s’assurer de la tradition du texte ; d’un point de vue linguistique, parce que les mots sont souvent le résultat d’erreurs de copie ou sont dépourvus de référents concrets ; d’un point de vue artistique, parce que les procédés ne sont pas toujours correctement décrits.

En ce qui concerne la circulation des textes, les études se multiplient au sujet du vaste espace du Moyen-Orient et de l’Afrique méditerranéenne, mais aussi sur l’Europe romane et germanique (en particulier l’Angleterre, la France, l’Espagne et le Portugal), alors que l’élaboration du répertoire lexical, tant en Italie que dans les autres langues vernaculaires européennes, n’a encore fait l’objet que de peu d’attention.

Au-delà des récentes entreprises d’édition de livres de recettes, d’établissements de glossaires ou de compilation de sources dans des bases de données, ce panel entend interroger spécifiquement les apports de la recherche linguistique à la connaissance des matériaux et des techniques de l’art. En mettant en avant la recherche sur la langue et sur le lexique des arts dans les recettes, ce panel entend interroger la manière dont circulent les savoirs techniques, les matériaux et leur nomenclature entre les ateliers. Différentes échelles pourront être prises en compte pour analyser ces circulations : des transmissions artisanales urbaines, jusqu’à des phénomènes globaux de circulation de la terminologie des matériaux. L’analyse du lexique des recettes permet ainsi d’identifier des transmissions de savoirs à la fois de l’Antiquité à l’Europe médiévale et moderne, mais aussi entre l’Orient et l’Occident : les phénomènes de traductions et de transferts, du latin et de l’arabe vers les langues vernaculaires européennes permettent d’explorer les itinéraires des mots de la matérialité.

Les communications auront une durée de 20 minutes. Elles peuvent concerner toutes les époques et les espaces géographiques.