Textes et corps sous le scalpel. Pratiques de la mutilation en France (1500-1800)

  • Start date:
    09/06/2022, 15:30
  • End date:
    11/06/2022, 12:30
  • Venue:
    Université de Göttingen
  • Place:
    Université de Göttingen

Textes et corps sous le scalpel.

Pratiques de la mutilation en France (1500-1800)

Colloque international organisé par Daniele Maire, Sofina Dembruk, Ioana Menea

9 – 11 juin 2022

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Dans son ouvrage Des corps. Anatomies, Défenses, Fantasmes (2019), Victor Ieronim Stoichita se penche sur l’histoire du corps ayant à l’esprit la récente remise en question des systèmes de valeurs traditionnels et la réhabilitation des objets d’étude considérés pendant longtemps comme périphériques. Ce faisant, avec les instruments propres à l’historien de l’image, il se livre à une réflexion fondée sur la multiplicité des représentations visuelles du corps, dont certaines ont trait à la mutilation. En ce qui le concerne, Stephen Greenblatt, dans son essai « Mutilation and Meaning » (2009), fait voir de quelle manière la pensée humaniste déstabilise la recherche de ce qu’il appelle « a universal language of wounds » [« un langage universel des plaies »]. Plus précisément, la Renaissance semble manifester un véritable tournant du système interprétatif quant aux pratiques de la mutilation, jusque là considérées sous l’enseigne d’une signification universelle et sacrée. Désormais la mutilation est dépréciée comme geste superstitieux, voire hérétique, et l’on tente de la conjurer en la stigmatisant comme rituel barbare de peuples lointains. Or, le rapport au corps à la Renaissance demeure ambigu, comme l’avait étudié auparavant Georges Didi- Huberman dans Ouvrir Vénus (1999). Bien que prioritairement dédié à la promotion d’un idéal de beauté corporelle, l’imaginaire renaissant produit en même temps le motif de sa mise à mal : le même Botticelli sous le pinceau duquel est conçue la Naissance de Vénus (1485-1486) engendre une série de panneaux qui raconte la dénaturation d’un beau corps féminin – rappelant celui de Vénus – sous forme d’une ouverture cruelle par le dos. Ces discours antinomiques réclament une réinterprétation de fond des pratiques de mutilation à la Renaissance, jusqu’ici négligée.

Contact : daniele.maira@phi.uni-goettingen.de

PROGRAMME

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