Brenton Hobart : La « franchise », ou le sens d’être français dans le discours De la servitude volontaire

Brenton Hobart (The American University of Paris)

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Prenant comme point de départ l’idée selon laquelle les nombreux usages du champ dérivationnel franc/s, franchement, franchise, etc., rappellent les libertés innées et acquises du peuple français, cet article vise à comprendre la Servitude volontaire à la fois comme un éloge et une critique de la France et des libertés françaises. Éloge, car la France et les Français (peuple franc) sont les héritiers de la franchise ancienne : Ronsard, Baïf et Du Bellay ont donné l’exemple à La Boétie pour qu’il prenne comme modèle les œuvres grecques et romaines antiques ; les personnages (champions de la liberté) de ces textes réapparaissent dans son discours. Éloge aussi, car les vrais Français (de nom et d’idéologie) naissent libres et veulent, de leur propre volonté, rester ainsi. Critique, car certains, de naissance française, rejettent ces libertés, choisissant la servitude : ce serait le cas des protestants qui croient au « serf arbitre » plutôt qu’au « franc arbitre » catholique, à la prédestination plutôt qu’à la franchise. Dans une telle optique, être français relève autant (sinon plus) d’une idéologie qui vise la liberté que d’un droit du sol. L’article cherche à cerner ce qui fait un Français : les critères, le territoire et, surtout, la capacité de raisonner, avant d’évoquer des Français (hommes francs, raisonnables) exemplaires dans le temps et l’espace en terminant par les peuples du Nouveau Monde à l’époque contemporaine de La Boétie, ce qui fait de son discours celui d’un missionnaire de la liberté. La Servitude volontaire est donc un éloge de la franchise morale, religieuse, intellectuelle (phénomènes proprement français) et un avertissement aux Français (pour qu’ils ne n’oublient pas ces valeurs).

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Pour consulter le sommaire du bouquet du Verger consacré à La Servitude volontaire, on peut se reporter ici.

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