Anne Boutet ‘Madonna m’avete renduto pan per focaccia’ Art du bon pain, art du bon tour?

Cette section constitue la partie 3 de 7 du numéro
LE VERGER - Bouquet XV : Le Pain à la Renaissance

Anne Boutet (Université Paris-Est Marne-la-Vallée)

 

 

Véronèse, Fête dans la maison de Lévi (détail), 1573, huile sur toile, Gallerie dell'Academia, Venise (WGA)

Selon la quinzaine d’occurrences présentes dans les nouvelles italiennes du Décaméron, le pain combinerait deux valeurs : une valeur symbolique (charité versus avarice, frugalité versus gourmandise) et une valeur narrative (le lexique du pain s’intégrant dans des récits construits sur de bons mots ou de bons tours). Se contenter de cette dualité serait néanmoins réducteur. Un examen plus précis des figures de mangeurs et de mangeuses de pain témoigne d’un certain usage paradoxal de cet aliment comme ingrédient peu ordinaire des recettes facétieuses du recueil. Le conteur italien transforme, en effet, un aliment quotidien, bien moins spectaculaire dans ses répercussions que le vin par exemple, en un motif dynamique et d’exception. À la fois nourriture, cadeau, médecine, trésor, piège ou douceur, le pain mangé dans le Décaméron accompagne autant les bons tours que les bons mots et les leçons données par des personnages atypiques. L’humaniste italien propose à ses lecteurs une surprenante « esperienza di pane », expérience facétieuse que perpétueront, négligeront ou transformeront traducteurs et conteurs français des XVe et XVIe siècles.

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◀︎◀︎ Alicia Viaud, Anne-Gaëlle Leterrier-Gagliano, Paul-Victor Desarbres : Introduction – “Du Pain”Jean-Nicolas Mailloux : Métamorphoses polémiques des espèces : le pain eucharistique dans les œuvres d’Artus Désiré à l’aube des guerres de religion. ►►