Myriam Marrache-Gouraud – Retour à la ligne. Léry, l’écriture et l’équateur
Myriam Marrache-Gouraud (Université de Poitiers)
Planisphère de Domingos Teixeira, 1573, manuscrit enluminé sur vélin, 49 × 100 cm, Paris, BnF, Cartes et Plans, CPL GE SH ARCH-3.
En se consacrant à ce qui encadre et prépare la découverte du Brésil, à savoir la traversée de part en part de l’océan Atlantique, Myriam Marrache-Gouraud s’intéresse au motif du passage, et plus précisément à celui de l’équateur, qui marque le point de bascule du récit de voyage et l’entrée dans un autre monde. Ligne invisible, elle n’en est pas moins bien réelle dans l’esprit de l’apprenti matelot Léry puisqu’elle engage un nombre considérable d’hypothèses sur l’ordonnancement du monde sublunaire, sa physique et ses éléments. Outre l’effet de seuil géographique que l’écriture doit restituer avec une nécessaire dramatisation, le passage de l’équateur pose un défi à la narration dans la mesure où il s’agit de rendre concret un phénomène abstrait et scientifique, dont les représentations canoniques, celles des cartes ou des portulans, correspondent mal à la réalité dont le voyageur fait l’expérience. En puisant à des sources inédites, Myriam Marrache-Gouraud explique avec clarté comment les métaphores qui font de l’équateur une crête, un fossé ou une bascule se comprennent de façon plus littérale à la lumière de mécanismes géophysiques, témoignant assez des liens étroits qui s’établissent dans le texte de Léry entre la narration et la réflexion savante.
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Pour consulter le sommaire du bouquet du Verger sur l’Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil de Jean de Léry, on peut se reporter ici.