Louise Millon-Hazo – Le noir et les autres couleurs dans l'”Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil” du calviniste Jean de Léry.

Cette section constitue la partie 8 de 12 du numéro
LE VERGER Bouquet XXVI La couleur noire à la Renaissance

Louise Millon-Hazo (Nantes Université)

Gravure accompagnant le récit de Léry dans le troisième volume des India Occidentalis ou Grands voyages, imprimé chez J. Wechel et S. Feierabend, à Francfort, édition tardive de 1667.

Gravure accompagnant le récit de Léry dans le troisième volume des India Occidentalis ou Grands voyages, imprimé chez J. Wechel et S. Feierabend, à Francfort, édition tardive de 1667 (source : bibliotheca Bodmeria).

Cet article rend compte de la dynamique paradoxale mettant aux prises la conscience éthique d’un ministre protestant avec la séduction d’un jeune voyageur curieux et esthète. L’explorateur Léry a en effet découvert le Brésil et les mœurs tupi dès 1558, tandis qu’il a repris pendant vingt ans ses brouillons et n’a guère publié son récit qu’en 1578.

Se mêlent de la sorte en une même personne deux sensibilités difficilement conciliables : celle du cordonnier d’une vingtaine d’années, œil grand ouvert à la polychromie sauvage, et celle du ministre calviniste, hostile à l’exubérance chromatique, signe d’orgueil et de déchéance.

Dès lors, la couleur noire fait l’objet de différents traitements dans l’Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil. Léry s’applique à humaniser les corps tupi en montrant que leur noirceur n’est nullement une caractéristique bestiale, mais au contraire le fruit d’arts consommés. Il valorise leurs ornements colorés en ce sens qu’ils sont en osmose avec la nature, et, à l’inverse, rejette les parures bariolées des chrétiens corrompus, qui atteste leur outrecuidance et leur impiété.

L’article se focalise en un dernier mouvement sur la tension entre un modèle chatoyant de diverses couleurs (la nature et les Sauvages américains) et les représentations gravées de ce dernier, nécessairement réductrices, appauvries, ne pouvant guère user que de noir, de blanc et de nuances de gris.

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◀︎◀︎ Véronique Adam – Composition et représentations de la couleur noire dans les textes littéraires partiellement alchimiques (1515-1618).Guillaume Bunel – Prodiges de l’Histoire naturelle, métaphores cosmiques et symboles religieux : l’usage du noir dans les canons musicaux transmis par Pietro Cerone (1613). ►►