Anne-Gaëlle Leterrier-Gagliano : La Satire de Jean le Blanc.
Anne-Gaëlle Leterrier-Gagliano
Le renversement de la grande marmite, Paris, BNF, Estampes, Qb1 (1585)
Au temps des guerres de religion, alors que les deux confessions s’opposent, prenant acte de la vigueur de la foi eucharistique manifestée par leurs opposants catholiques, les réformés vont s’attaquer à cette piété. Les profanations d’hostie ou les troubles orchestrées pendant les processions de la Fête-Dieu en font partie. Une autre attaque provient de la publication de nombreuses satires ridiculisant le culte de l’hostie consacrée. Parmi cette production, dans les recueils constitués par Anatole de Montaiglon, on remarque une série de poèmes mettant en scène un personnage, Jean le Blanc, surnom donné à l’hostie. Les auteurs y narrent par le menu les épreuves et traumatismes subis par le grain de blé devenu pain consacré afin de lui dénier toute spiritualisation, toute divinisation possible. C’est ce parcours de l’hostie, rapporté soit à la troisième personne soit selon un point de vue interne que cet article se propose d’analyser. Il s’agit de voir comment le comique et la satire s’y nouent, quels acteurs participent au poème picaresque des aventures de Jean le Blanc et comment les enjeux théologiques s’y déploient. L’hostie de divinisée pour les catholiques, réifiée ensuite par les huguenots pour la désacraliser, est enfin ici personnifiée afin que la vérité soit enfin révélée par l’acteur central du mystère eucharistique.
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