Nadège Fadili Leclerc : Lucrèce à la Renaissance ou la tendance à la démythification. Violence morale vs plaisir charnel
Nadège Fadili Leclerc, Université de Caen Basse-Normandie
- Le Titien, Tarquin et Lucrèce, entre 1568 et 1571, Cambridge, Fitzwilliam Museum.
- Guido Cagnacci, La mort de Lucrèce, vers 1660-1663, Lyon, Musée des Beaux-Arts.
- Le Tintoret, Tarquin et Lucrèce, entre 1578 et 1580, Chicago, The Art Institute of Chicago.
Présentation :
Cet article évoque la remise en cause du statut d'exemplum virtutis que le personnage de Lucrèce subit à la Renaissance. Les lettrés et les artistes, influencés par les soupçons exprimés en son temps par Saint Augustin (De civitate dei, I, XIX) tout comme par l'ambiguïté caractérisant le statut juridique et social des femmes victimes de violence sexuelle dans la société de l'époque, insistent particulièrement sur le plaisir physique que la matrone romaine aurait éprouvé lors de son « viol » par le fils de Tarquin le Superbe. À leurs yeux, le suicide de Lucrèce, réparateur, reste exemplaire mais il l'eût été davantage s’il avait précédé l’étreinte.
Cette tendance est mise en évidence à partir de quelques exemples empruntés à la civilisation italienne en lien avec la culture française : Coluccio Salutati, Lorenzo Valla, Matteo Bandello et Giovan Battista Marino pour la littérature, Francesco Salviati pour les arts figuratifs.
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