Martin Vailly – Les cartes dans les ouvrages cosmographiques du XVIe siècle : un voyage par procuration
Martin Vailly (EUI – EHESS)
Le présent article est le résultat d’interrogations théoriques préparatoires pour un travail de thèse sur la compréhension du monde par le cartographe vénitien Vincenzo Coronelli, sur la période 1680-1715. Il concerne les rapports entre la pratique cartographique et le voyage, en considérant les objets cartographiques comme à la fois produits et producteurs de voyage, et se fonde sur des exemples tirés de la Cosmographie Universelle de Guillaume Le Testu (1555), et de celle d’André Thevet (1575). Nous considérons la carte comme outil graphique permettant la mise en place d’une forme de voyage par procuration pour son lecteur. La juxtaposition d’éléments de savoir tirés de l’expérience du voyage ont une valeur propre pris isolément, mais racontent une histoire et permettent au lecteur de suivre son déroulement dans le temps et l’espace de la carte. La carte fournit ainsi une expérience sensible à son lecteur, par l’espace-temps cohérent qu’elle crée à sa surface ; la carte n’est pas vraie, mais vraisemblable, imitant le vivant. Elle est un monde en miniature que le lecteur peut surplomber, vivre et dominer. Partant, son rôle au sein des ouvrages cosmographiques et des atlas est central, puisqu’elle permet de joindre la narration et la démonstration visuelle fondées sur l’evidentia rhétorique, de faire de ces ouvrages des fenêtres ouvertes sur le monde. Enfin, elles soulignent l’importance de la rencontre humaine dans le voyage, de la dimension ethnographique de l’observation de l’explorateur.
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