CR Chorea : Jeu – séance du 12 avril 214

Jeux en société

Léonard LIMOSIN, "Jeu de Tric-trac" (1537), Paris, Musée du Louvre (source : wga).

Léonard LIMOSIN, "Jeu de Tric-trac" (1537), Paris, Musée du Louvre (source : wga).

 

– Introduction générale

– «  Les universitaires parisiens et la pratique ludique des étudiants (1500-1530). De la morale religieuse à l’éthique humaniste »

par Mathieu Ferrand

Les collèges de l’université parisienne sont, au début du XVIe siècle, le lieu de rencontre de deux conceptions radicalement différentes de la pratique ludique. Les jeux sont souvent condamnés dans les règlements des établissements et dans certaines publications de professeurs comme agents diaboliques du désordre ; dans le même temps, les pédagogues se rendent compte de l’intérêt que présentent les jeux pour la formation des jeunes gens. Noël Béda, héraut du camp conservateur, traduit et adapte un sermon virulent de Bernardin de Sienne contre les jeux de hasard ; Rabelais chante peu de temps après les vertus du jeu dans l’éducation de Gargantua. Entre ces deux pôles, le pédagogue Ravisius Textor trace une voie médiane qui propose, dans son théâtre moral, de mettre à distance les pratiques ludiques pour permettre aux étudiants d’en tirer profit, sans risquer de les perdre.

– « La posture ludique de l’honnête homme. La raison ludique, une rationalité à l’épreuve du baroque »

par Thibaud Zuppinger

Le XVIIème siècle est un siècle de grande mutation, tant dans les domaines économiques, sociaux, que celui des mentalités. L’arbitraire de la position de la Terre dans l’univers, le hasard de la naissance, le mouvement des passions : tout concourt à cette époque à montrer le monde humain comme un jeu.

Ces angoisses existentielles devant la contingence de la vie, du monde et des événements que les auteurs baroques ont magnifiées invitent à un développement de l’activité de prévision, activité rendue nécessaire par la perte de contrôle de notre monde, la perte du cosmos. Dans la pensée ludique, même la tricherie n’est pas sans bénéfice, parce qu’elle exerce autant à l’habileté qu’à la dissimulation. Constat sur le jeu qui deviendra préceptes éthiques chez Castiglione et Gracián. De manière générale, le jeu est une école, parce qu’il suppose et entraîne à l’attention, qualité essentielle de l’honnête homme qui ne l’est que parce qu’il est d’abord esprit attentif à autrui.