CR Chorea : Portrait – séance du 1er février 2014

De la construction signifiante du portrait princier

Maître anonyme flamand, "Martyre de saint Hippolyte", panneaux fermés du triptyque, quatrième quart du XVe siècle, Boston, Museum of Fine Arts © Walter M. Cabot Fund.

Maître anonyme flamand, "Martyre de saint Hippolyte", panneaux fermés du triptyque, quatrième quart du XVe siècle, Boston, Museum of Fine Arts © Walter M. Cabot Fund.

10h

Le portrait équestre : renaissances italiennes, XIIIe-XVe siècles

Par Armelle FEMELAT (université de Tours, CESR / Histoire de l’art)

Fort du double héritage du cavalier impérial et du chevalier courtois, le portrait équestre réapparaît et se diffuse en divers endroits de la Péninsule italienne entre les XIIIe et XVe siècles avant de se propager dans l’ensemble de l’Europe. Genre dans le genre du portrait, et plus précisément du portrait officiel, il se singularise par toute une série de caractéristiques formelles et iconographiques. En particulier une forte valence martiale et l’amalgame des signes du pouvoir que sont le cheval entier, le bâton de commandement, l’épée, l’éperon, le béret ou la couronne. De fait, l’effigie équestre est un outil de communication politique. Un instrument d’authentification du pouvoir utilisé à des fins de légitimation voire de propagande dans le cadre de certaines sociétés et de régimes politiques aussi distincts que des communes, des républiques ou des cours seigneuriales, princières et royales.

10h30

Discussion

11h

Les saints au service de la cause bourguignonne : le Martyre de saint Hippolyte de Boston et les portraits “cachés” de Philippe le Beau et de Marie de Bourgogne

par Olga KARASKOVA (Bibliothèque nationale de France, département des manuscrits / Histoire de l’art)

Parmi les nombreux portraits des membres des maisons de Valois de Bourgogne et de Habsbourg, certains frappent l’imagination d’un spectateur moderne car les princes y sont représentés sous les traits des saints. Le triptyque d’un maître anonyme flamand avec la scène du Martyre de saint Hippolyte, commandé par Hippolyte de Berthoz (aujourd’hui à Boston, Museum of Fine Arts), présente un cas unique et curieux dans l’iconographie bourguignonne car il comporte des « portraits cachés » de Marie de Bourgogne (1457-1482) et de son fils Philippe le Beau (1478-1506), en guise de sainte Catherine et d’un saint énigmatique tenant un faucon au poignet.

La communication proposée cherche donc à donner un nom à ce saint et tente à prouver que son choix a été en premier lieu déterminé par son attribut traditionnel, le faucon, jouissant d’une importance particulière dans l’iconographie bourguignonne et habsbourgienne. Choisi par Marie de Bourgogne comme symbole représentant la légitimité de son accession et de son pouvoir de duchesse suo jure, l’oiseau de chasse fut repris plus tard par ses successeurs, visant à assurer leurs droits au patrimoine bourguignon face à l’offensive française en Bourgogne et à la menace de perte du pouvoir aux Pays-Bas indociles. Le portrait du jeune duc Philippe sous l’apparence du saint avec un faucon exprima donc les liens dynastiques et les droits de l’héritier légitime des ducs de Bourgogne d’une manière parfaitement claire pour ses contemporains, avançant en même temps l’idée d’un souverain idéal, pacificateur et bienfaiteur.

11h30

Discussion

12h

Le roi de France Henri III façon puzzle

par Isabelle Haquet (musée du Louvre / Histoire de l’art)

Grâce à la photographie, nous sommes désormais en mesure de rapprocher, comparer des œuvres d’art, qui n’auraient jamais dû l’être compte tenu de leurs dates d’exécution éloignées et de leur distance géographique. Le commanditaire Henri III a joué de ces impossibles rencontres pour distiller quelques indices de-ci delà, sur une thématique eschatologique qui lui était chère mais dont le message, hérétique, était résolument indicible. En multipliant les types de représentation, il a offert de sa personne un portrait polymorphe mais cohérent, en permanente construction.

12h30

Discussion