L’oeuvre d’art hors d’elle-même ?

CR de l’article de Michel Paoli

 

Arnold BÖCKLIN, "Roger et Angélique", (1871-1874), Berlin, Nationalgalerie (source : WGA).

Arnold BÖCKLIN, "Roger et Angélique", (1871-1874), Berlin, Nationalgalerie (source : WGA).

Comment penser le rapport entre l’œuvre littéraire et les images qui s’en inspirent ? C’est sur cette interrogation que s’ouvre le volume L’Arioste et les arts. Dans une introduction intitulée « L’œuvre d’art hors d’elle-même ? », Michel Paoli note que la communication entre les arts est loin d’aller de soi, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’étudier le retentissement pictural d’un chef d’œuvre comme le Roland Furieux, dont les singularités de forme et de fond sont difficilement traduisibles dans un autre langage artistique. C’est le cas, par exemple, de l’ironie et des effets d’oralité, ou encore des personnages irreprésentables (allégories, hommes invisibles…) campés par l’Arioste. Pourtant, nombre d’artistes et d’illustrateurs ont relevé le défi de mettre en images l’univers du Furieux. Mais dans quelle mesure les représentations produites dépendent-elles du texte ? Celui-ci ne fait pas toujours l’objet d’une lecture scrupuleuse ; il peut même être un pur prétexte pour proposer une scène touchante ou séduisante. La réflexion dynamique de Michel Paoli éclaire donc le sens du « et » dans le titre L’Arioste et les arts : il s’agit bien d’étudier la fortune iconographique du texte de l’Arioste, mais sans perdre de vue l’irréductible autonomie des champs artistiques confrontés.

Compte-rendu fait par Alice Vintenon.