Leçon 1: “Gargantua”, une œuvre sérieuse ou comique ?

Support : Prologue

 

Pieter l'Ancien BRUEGEL, "L'Alchimiste", (s. d.), Londres, British Museum (source : WGA).

Pieter l'Ancien BRUEGEL, "L'Alchimiste", (s. d.), Londres, British Museum ( WGA).

I. Introduction magistrale

Il ne me semble pas opportun de demander aux élèves de faire une recherche préalable sur l’humanisme : c’est trop souvent l’occasion de copier-coller totalement infructueux à mon goût. Je propose donc des éléments magistraux (très succincts voire vulgarisés), qui seront ensuite mis en application par les élèves dans d’autres activités.

Rabelais (1494 ?-1553 ?) est issu d’une famille d’avocats. L’auteur a suivi des études de droit puis de médecine. Son érudition médicinale sera remarquable dans son œuvre, et notamment dans certains passages de Gargantua.

Il entretient une correspondance avec Guillaume Budé, le secrétaire-

bibliothécaire de François Ier, qui a joué un grand rôle dans la création du Collège de France (on y enseigne différentes langues telles le latin, le grec et l’hébreu).

Il me semble important d’aborder ici la philologie, démarche chère aux humanistes et de montrer que cette démarche de retour aux textes originaux dérange le dogme de l’Eglise et s’oppose à l’enseignement scolastique de la Sorbonne.

Définition simplifiée de la scolastique : philosophie enseignée et développée au Moyen Age. La scolastique est notamment enseignée à la Sorbonne. Les moines-copistes pratiquaient la scolastique. Les humanistes la critiquèrent au XVIe siècle car ils estimaient qu’elle était fondée sur un apprentissage par cœur non raisonné.

Rabelais, féru de grec, s’inscrit dans cette démarche de rigueur philologique : il traduit Hippocrate (Ve s- IVe s av JC), ce qui inquiète la Sorbonne, qui recommandait d’interdire la lecture des livres grecs pour éviter trop d’interrogations nouvelles.

1532 : publication de Pantagruel, sous l’anagramme Alcofribas Nasier, bâti sur son nom François Rabelais. L’œuvre connaît un certain succès, mais la Sorbonne la condamne pour obscénité.

1532-1535 : Rabelais accompagne Jean Du Bellay en Italie (c’est là l’occasion de faire un pont avec le chapitre qui s’appuie sur Les Regrets, vu au préalable en cours ; le goût des hommes du XVIe pour l’Italie renaissante a alors été vu).

II. Etude du Prologue

L’enseignant propose d’abord une lecture expressive du prologue. Ensuite, la vérification de la compréhension littérale, sous forme de cours dialogué, me semble indispensable. A ce stade, j’attends simplement que les élèves comprennent l’essentiel : derrière l’aspect comique de l’œuvre, le lecteur doit y déceler un discours sérieux.

Si ce n’est pas le cas, il faut relire le début du prologue, qui développe la

métaphore des silènes, et l’expliquer. Si l’essentiel est compris, on directement peut passer à la question d’observation.

Question d’observation

(à faire en classe ou en devoir maison, selon le temps restant) : Quel est le projet d’écriture développé par Rabelais dans son prologue ? Quelles images l’auteur utilise-t-il pour le présenter ? Vous rédigerez votre réponse en vous appuyant sur des exemples précis.

La métaphore des silènes et celle de l’os à moelle sont attendues ; on attend des élèves qu’ils aient montré la compréhension de ces deux images et qu’ils aient été capables de justifier cette compréhension par des citations précises et justifiées.