Alexandre Tarrête, Marie-Claire Thomine-Bichard, Nathalie Peyrebonne, Le mépris de la cour. La littérature anti-aulique en Europe (XVIe-XVIIe siècles)

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Alexandre Tarrête, Marie-Claire Thomine-Bichard, Nathalie Peyrebonne, Le mépris de la cour.  La littérature anti-aulique en Europe (XVIe-XVIIe siècles), Paris, PUPS, Cahiers V.L Saulnier, 332p., 25 €

Confrontés à l’émergence de la société de cour, telle que Norbert Élias l’a analysée, les auteurs hésitent entre fascination et dénonciation. Avec ironie et parfois cynisme, la poésie, les narrations, le théâtre dépeignent à la fois les attraits et les dangers de la vie curiale. À côté des traités qui enseignent comment réussir dans le monde, de Castiglione à Gracián, fleurit aussi une littérature du refus ou de la satire, qui vilipende les valeurs de la cour, fait l’éloge de la retraite ou appelle à la révolte. Bien des œuvres sont traversées par ces postulations contradictoires, hésitant entre la recherche d’une morale adaptée aux contraintes sociales et la tentation de la fuite loin des cours corrompues et corruptrices. La publication en Espagne de l’ouvrage d’Antonio de Guevara, le Mespris de la cour et l’éloge de la vie rustique (1539), puis ses traductions à travers toute l’Europe, ont cristallisé un thème déjà très vivant dans la littérature antique puis médiévale : celui de la satire du milieu urbain, des sphères du pouvoir et de la cour, conjuguée à l’éloge d’une vie simple, « médiocre » et rustique. Cette topique morale et politique traverse ensuite toute la littérature et la philosophie politique, de la Renaissance à l’Âge classique.