Appel : Orléans et villes-fleuves du monde au fil des siècles : histoires d’eau et d’art Orléans and the world’s river-cities throughout the centuries – the history of water and art

  • End date:
    30/11/2016, 00:00
  • Place:
    Musée des Beaux-Arts, Auditorium - 1 Rue Fernand Rabier Orléans, France (45)
BRUEGHEL, Jan the Elder Paysage de fleuve 1602-03 Huile Private collection

BRUEGHEL, Jan the Elder
Paysage de fleuve
1602-03
Huile
Private collection

Orléans, Auditorium du musée des Beaux-Arts 16, 17 et 18 mars 2017

organisé par les Musées de la Ville d’Orléans et l’Université d’Orléans (laboratoire EA 1210 CEDETE du Collegium Lettres, Langues et Sciences Humaines), coordonné par Patrick Voisin, Olivia Voisin et Bertrand Sajaloli en partenariat avec l’Association Guillaume Budé – Orléans, le GHZH (Groupe Histoire des Zones Humides)

À l’heure où Orléans engage le Muséum d’Orléans pour la Biodiversité et l’Environnement (MOBE) dans des travaux qui l’inscriront comme le lieu de découverte de la biodiversité ligérienne et le premier musée au niveau national entièrement consacré à la biodiversité, le Muséum sort de ses murs dans une programmation qui interroge au sein du musée des Beaux-Arts toutes les facettes de la Loire.

Ce colloque, tourné vers la Loire qui coule à Orléans ainsi que vers des fleuves qui caractérisent des villes-fleuves du monde, a pour ambition d’étudier les histoires d’eau et d’art racontées de l’Antiquité à l’époque contemporaine tout en s’inscrivant dans la continuité d’événements scientifiques qui ont déjà permis d’approfondir des questions qui s’y rattachent. Cette histoire, qui s’écrit avec Alain Malissard en figure tutélaire, commence avec le colloque de mai 1998, « La Loire et les fleuves de la Gaule et des régions voisines », organisé par Alain Malissard et Robert Bedon en partenariat entre les Universités d’Orléans et de Limoges au Centre Piganiol. En juin 2012, toujours à Orléans, une communication d’Alain Malissard avait ouvert la journée scientifique du XLVè Congrès de l’APLAES, dont le thème était « L’imaginaire de l’eau dans la littérature antique ».

C’est précisément à Alain Malissard, décédé en novembre 2014, figure majeure de la vie culturelle orléanaise, spécialiste incontesté du monde romain et auteur d’ouvrages sur l’eau dans l’Antiquité publiés aux Belles Lettres, que notre colloque de 2017 est dédié en hommage.

La question de l’eau – et des fleuves plus particulièrement – ne ressortit pas seulement au monde antique ; ainsi un autre colloque, auquel participa également Alain Malissard à l’Université de Laval (Québec) en octobre 2006, a-t-il fait le trajet qui part de l’Antiquité pour remonter au XXIè siècle sur la question : « Gestion intégrée de l’eau dans l’histoire environnementale : savoirs traditionnels et pratiques modernes ».

Si la question de l’eau, des fleuves et des villes-fleuves ne peut se détourner de la strate antique qui est son socle dans l’Histoire en Europe, notre colloque voudrait à son tour envisager la question dans une perspective diachronique largement ouverte, non seulement à toutes les époques jusqu’au XXIè siècle, mais également – ce qui fera son originalité – à tous les savoirs qui peuvent être explorés pour avoir mis cette question au programme de leurs recherches, de leurs travaux ou de leurs productions.

Nous souhaitons mettre l’accent sur les deux manières modernes de penser les relations qu’entretiennent la nature et les hommes, à savoir la géocritique et l’écocritique. Certes, ces deux discours n’ont pas les mêmes visées et ils fonctionnent même, globalement, d’une manière opposée l’un par rapport à l’autre, mais ils ont le mérite de rapprocher de manière dialectique des savoirs longtemps considérés comme inconciliables : la littérature et la géographie, auxquelles peuvent se greffer toutes les disciplines des sciences de la nature et de l’homme.

La géocritique de Bertrand Westphal (La Géocritique. Réel, fiction, espace, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Paradoxe  », 2007) se porte sur les espaces incarnés et vise à la création d’un « nouvel espace culturel » qui englobe les arts, les sciences, la philosophie… à l’interface de la géographie, des sciences sociales, de la critique littéraire, tournée qu’elle est vers la psychanalyse, l’anthropologie, la sociologie, les sciences politiques, l’architecture, l’urbanisme… Toutefois, la géocritique, attirée par l’histoire culturelle des villes, ne s’intéresse pas à l’histoire naturelle et à la place de l’homme dans la nature. L’écocritique, au contraire, qui a comme objectif l’activisme environnemental, ne sépare pas le sujet de son environnement, puisqu’elle souligne le rapport dialectique de l’homme au monde qu’il habite. C’est sous ces deux angles que la situation d’Orléans, de la Loire et d’autres villes-fleuves sera envisagée.

De même, la réflexion menée par Jean-Christophe Bailly, dans son ouvrage Le Dépaysement. Voyages en France (Seuil, 2011), ne peut laisser notre colloque indifférent. Soucieux de s’appuyer sur une authentique connaissance scientifique du territoire mais aussi de manier l’écriture avec élégance, Jean-Christophe Bailly déplie son livre contre le repli du pays, entre mémoire du passé et imaginaire du présent, en écoutant le corps de la terre et l’âme du monde, proche tantôt de la physique tantôt de la métaphysique. La Loire à Orléans, à l’instar d’autres fleuves traversant une ville-fleuve, est-elle un limes (« frontière ») derrière lequel on se replie ou un limen (« seuil ») accueillant qui incite à se déplier ?

À la Loire, à Orléans, aux fleuves, aux villes-fleuves du monde de parler à présent à travers des communications, au gré des savoirs qui seront centrés tantôt sur la nature tantôt sur la culture, et qui se compléteront au fil des deux journées dans une ouverture des savoirs les uns aux autres. Orléans, avec la Loire, est-elle un topos rassurant ou un topos atopos ? D’autres villes-fleuves s’en rapprochent-elles ou s’en différencient-elles, entre territorialité et déterritorialité ? L’imaginaire des hommes et des femmes, qu’ils soient chercheurs, scientifiques, écrivains, artistes, transforme-t-il la ville-fleuve en mille-feuilles ou celle-ci en est-elle déjà un, entre espace conçu et vécu, entre représentation de l’espace et espace de représentation, entre lieu où s’inscrit l’histoire des hommes voire qui la détermine et lieu que cette histoire même transforme ?

Quelle histoire la Loire a-t-elle écrite à Orléans mais également en quoi Orléans a-t-elle pu écrire l’histoire de la Loire ? Qu’est-ce qui caractérise les géographies ligérienne et orléanaise – qui ont guidé pratiques, perceptions et aménagements successifs du fleuve ? Des parallèles existent-ils avec d’autres fleuves et villes-fleuves du monde ? Quel rapport la littérature et les arts entretiennent-ils avec Orléans et sa Loire ? Quels imaginaires et quelles constructions territoriales en découlent ? En va-t-il de même pour d’autres fleuves et villes-fleuves ? Nous ne prolongerons pas le catalogue des possibles ; il s’agira plutôt d’entrecroiser et d’entrelacer les champs épistémologiques, toutes les disciplines étant les bienvenues, lettres classiques et modernes, histoire de l’art, histoire, géographie, écologie, philosophie, droit, etc., dans une transversalité qui sera l’un des intérêts majeurs du colloque.

Dès lors, Orléans, comme toute ville-fleuve, ne serait-elle pas une « ville créative », un « tiers-espace », un espace de couplage du réel et de l’imaginaire, du monde et du texte, au sens où l’entend Bertrand Westphal ? Trois axes regrouperont cet entrelacement volontaire des regards disciplinaires, afin d’ériger la Loire orléanaise en lieu de culture, comme le propose l’inscription du Val de Loire – le 30 novembre 2000 – comme patrimoine mondial de l’UNESCO au titre de Paysage culturel évolutif et vivant, et, avec la cité de Jeanne, les autres villes-fleuves d’Europe et du monde.

Axes envisagés

  • Axe 1 : Vivre la ville, vivre le fleuve et vivre avec le fleuve
  • Axe 2 : Représenter et se représenter le fleuve : une histoire fluviale de l’art ?
  • Axe 3 : Penser le fleuve avec la ville, penser la ville avec le fleuve : géohistoire des cultures fluviales urbaines

Programme provisoire

  •  jeudi 16 et vendredi 17 mars : sessions du colloque regroupant les trois axes
  •  samedi 18 mars (matin) : visite de la ville d’Orléans, de l’Hôtel Cabu (musée historique et archéologique de l’Orléanais) et du musée de la Marine à Châteauneuf-sur-Loire (en fonction de la météo)

Calendrier

Les propositions de communication (titre + résumé en 15 lignes) seront adressées

avant le 30 novembre 2016

à Patrick Voisin patrick-voisin@wanadoo.fr et Bertrand Sajaloli bertrand.sajaloli@univ-orleans.fr qui les transmettront aux membres du comité scientifique.

Il conviendra également d’envoyer une bio-bibliographie succincte, avec dernières publications, et de choisir un axe du colloque. Une réponse sera apportée durant le mois suivant. Le comité scientifique sera ensuite amené à se prononcer sur les articles qui figureront dans la publication qui sera proposée aux Classiques Garnier ou aux Belles Lettres.

Comité d’organisation (ordre alphabétique)

  • Aurélie Bonnet-Chavigny (Musées de la Ville d’Orléans)
  • Bertrand Hauchecorne (Association Guillaume Budé Orléans)
  • Nicole Laval-Turpin (Association Guillaume Budé Orléans)
  • Catherine Malissard (Association Guillaume Budé Orléans)
  • Marie-Christine Marinval-Vigné (Université de Paris I et GHZH).
  • Bertrand Sajaloli (CEDETE, Université d’Orléans et GHZH)
  • Claude Viviani (Association Guillaume Budé Orléans)
  • Olivia Voisin (Musées de la Ville d’Orléans)
  • Patrick Voisin (Classes Préparatoires littéraires aux Grandes Écoles, Pau)

Comité scientifique (ordre alphabétique)

  • Najet Aroua (École d’Architecture et d’Urbanisme d’Alger)
  • Robert Bedon (Université de Limoges)
  • Michel Binon (MOBE, Musées de la Ville d’Orléans)
  • Parfait Diandué (Université d’Abidjan)
  • Chloé Deligne (Université Libre de Bruxelles)
  • Sylvain Dournel (CEDETE, Université d’Orléans et GHZH)
  • Romeo Farinella (Université de Ferrare)
  • Marie-Christine Marinval-Vigné (Université de Paris I et GHZH)
  • Joachim Mrlgajero (Université d’Alicante)
  • Émilia Ndiaye (Université d’Orléans)
  • Bertrand Sajaloli (Université d’Orléans et GHZH)
  • Rémi Simonetti (Université de Padoue)
  • Angelica Stan (Université de Bucarest)
  • Marc Suttor (Université de Valenciennes)
  • Philippe Valette (Université de Toulouse)
  • Olivia Voisin (Musées de la Ville d’Orléans)
  • Patrick Voisin (Classes Préparatoires littéraires aux Grandes Écoles, Pau)
  • Bertrand Westphal (Université de Limoges)

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