Autour du 400e anniversaire du bûcher de Vanini. L’esprit de Liberté à Toulouse au temps du Parlement (1443-1790)

  • Start date:
    17/04/2019, 09:00
  • End date:
    19/04/2019, 18:00
  • Venue:
    Toulouse Hôtel d’Assézat, Université Toulouse Jean Jaurès, Librairie Ombres Blanches, Cour d’Appel

Colloque

Autour du 400e anniversaire du bûcher de Vanini

L’esprit de Liberté à Toulouse au temps du Parlement (1443-1790)

17-19 avril 2019

Selon un discours aujourd’hui répandu, Toulouse serait un lieu d’essor de la liberté. On souligne l’héritage de Jean Jaurès. On insiste sur la tradition de la République espagnole. On met en valeur combien la ville rose serait une « terre d’envol » voire, presque naturellement, une ville rouge.

Le 400e anniversaire de la mort de Jules César Vanini, le 16 février 1619, invite à revenir sur ces lieux communs, qui font en partie mythe. L’histoire longue de Toulouse n’est pas celle des cent dernières années, qui ne se réduit pas non plus aux images que l’on veut parfois en donner : il  n’est pas certain que Toulouse ait toujours été un lieu où souffle « l’esprit de liberté » ; il est cependant certain que la question de la liberté s’y est posée. Il semble intéressant de prendre du recul pour remonter au temps où Toulouse avait un Parlement, qui eut beaucoup à voir, sous diverses formes, et en de multiples cas, avec l’esprit de liberté. La durée de cette institution, l’étendue de son ressort, le nombre et la qualité de ses membres, la quantité des affaires dont elle eut à débattre constituent un phénomène considérable, qui eut un fort impact sur les activités intellectuelles, morales, spirituelles, artistiques, scientifiques d’une ville qui eut aussi maints effets sur ce Parlement. C’est pourquoi nous proposons de réfléchir sur la longue durée d’existence de cette institution remarquable, mais sans nous limiter à son rôle : si le Parlement est important à Toulouse, Fermat lui-même, qui en fut membre, explore bien d’autres espaces. La mort de Vanini en 1619 fait apparaître qu’au début du XVIIᵉ siècle, Toulouse n’est pas une terre évidente de liberté, ni même la Palladia Tolosa, volontiers célébrée par la Renaissance. Elle est à bien des égards un bastion politique et religieux intransigeant, voire « barbare ». Ce trait vient de très loin : aux derniers siècles du Moyen Age, la ville est d’abord le berceau de l’Inquisition, et la fondation de son université, en 1229, se lie à la répression du catharisme. En 1532, ensuite, ses autorités judiciaires imposent leur rigueur à de célèbres humanistes (Jean de Pins, Jean de Boyssoné, Mathieu Pac) et font brûler vif pour hérésie le régent Jean de Caturce, ce dont on trouve l’écho dans le Pantagruel de Rabelais (1532), les Orationes Duæ in Tholosam d’Etienne Dolet (1534), le Troisième Livre des Martyrs de Jean Crespin (1556). En 1562 puis l’année de la Saint-Barthélémy, elles poursuivent leurs exactions contre les réformés, qui coûteront la vie notamment au juriste Jean de Coras. Les persécutions vont durer plus de deux siècles, jusqu’au moins l’affaire Calas (1761), provoquant ce jugement de Pierre Bayle : « La ville de Toulouse est sans contredit l’une des plus superstitieuses d’Europe, sa haine des Huguenots est la plus étrange du monde ». Cette sévérité s’exerce aussi contre les diverses formes d’« athéisme ».

De cet arrière-plan, dont les places du Salin et saint Georges sont les points les plus sombres, le présent colloque pluridisciplinaire aimerait faire ressortir les figures, mais également les réseaux, circuits, groupes ou institutions, qui ont lutté, à leurs risques et périls souvent, pour la « liberté  de pensée » dans la Cité méridionale. Si l’expression, plutôt dérivée de la philosophie des Lumières et consacrée par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (art. 18), peut paraître quelque peu anachronique vu le spectre historique considéré, elle fut comme annoncée par E. Dolet qui, déplorant en son temps  « la haine infinie des savants », de la « liberté de parole » et de la « liberté de l’esprit » sévissant à Toulouse, écrivait qu’on y « a pris l’habitude de traiter de luthérien quiconque fait preuve d’ouverture d’esprit, de finesse, et tant soit peu d’intelligence […], dans la mesure où l’on est considéré comme plus intelligent et pourvu d’une éducation supérieure, on est d’emblée soupçonné d’autant plus sévèrement de l’hérésie luthérienne […], exposé au blâme et à la censure ». On peut beaucoup objecter à ce discours radical : des scientifiques, des artistes, des académies, diverses institutions et toutes sortes de gens travaillèrent à Toulouse, au temps de son Parlement, avec un vif esprit de liberté.  Les toulousains revenus d’Italie après 1532 ont ainsi fait un moment de la ville un centre important d’expansion de la philosophie padouane, où Vanini trouvera des interlocuteurs avant la funeste année 1619. Un peu plus tard, un libertinage érudit s’est développé dans la noblesse, par exemple en la personne d’Adrien de Monluc. Très tôt, divers libraires, malgré toutes sortes de contrôles, ont édité des livres… À nous d’interroger cette histoire, et ces histoires.

Programme

Mercredi 17 avril 2019

Hôtel d’Assézat

Matin

8h30 : Accueil des participants

9h : Ouverture (Yves Le Pestipon)

Modératrice : Géraldine Cazals

9h30 : Michel Banniard (Ecole Pratique des Hautes Etudes, Paris) : « Brèches dans le monopole religieux et diffraction des pouvoirs : facteurs indigènes et facteurs exogènes dans les mutations mentales en territoires toulousains (XIIe- XIIIe siècles) »

10h : Sophie Brouquet (Université Toulouse Jean Jaurès) : « Liberté de pensée et jeunesse à Toulouse à la fin du Moyen Age. Le procès de dame Ligonne »

Pause

11h : Mathieu Soula (Université Paris Ouest Nanterre) : « L’art de juger les causes  criminelles : conscience et cas de conscience chez les juristes toulousains au tournant du XVIIe siècle (1590-1620) »

11h30 : Geneviève Bessis (Toulousains de Toulouse) : « Liberté de penser, liberté de créer : deux représentations de l’expulsion des huguenots de Toulouse en 1562, chez Raymond Lafage et chez Antoine Rivalz »

Déjeuner

Après-midi

Modérateur : Jean-Luc Laffont

14h30 : Pierre Lile (Académie des sciences, Toulouse) : « La science médicale de François Bayle (1622-1709) ou un médecin “novateur” à Toulouse au XVIIe siècle »

15h : Coralie Biard (Université Paris Ouest Nanterre) : « Les jeux de l’inconnu d’Adrien de Monluc : une œuvre en liberté »

Pause

16h : Florent Libral (Université Toulouse Jean Jaurès) : « Emmanuel Maignan, ou le moyen de dire non : les stratégies intellectuelles, politiques et oratoires d’un polymathe »

16h30 : Jean-Pierre Nizet (Eglise réformée de France) : « La place du Salin, lieu de répression des protestants à Toulouse »

Visite des salons de l’hôtel d’Assézat, et de la maison Calas

 

Jeudi 18 avril 2019

Université Toulouse Jean Jaurès

Journée Vanini

8h30 : Accueil des participants

9h : Introduction de la journée (Didier Foucault)

9h15 : Conférence de Francesco Paolo Raimondi (Taurisano, Italie) : « Giulio Cesare             Vanini : philosophie de la liberté et liberté de philosopher »

10 h : Discussion

Pause

Milieux d’accueil et relations à Toulouse

10h30 : Jean-Christophe Sanchez (Université Toulouse Jean Jaurès) : « Deux nobles, Francon et le baron de Montaut, dans l’entourage de Vanini »

11h : Didier Foucault (Université Toulouse Jean Jaurès) : « Marguerite Senaux et le conseiller de Garibal : deux dévots adversaires de Vanini »

11h30 : Discussion

Déjeuner

Le parlement et l’affaire Vanini

14h : Jack Thomas (Université Toulouse Jean Jaurès) : « Le procès de Vanini en regard de la législation royale et de la jurisprudence du parlement de Toulouse »

14h30 : Pierre-Jean Souriac (Université Lyon III Jean Moulin) : « Les juges de Vanini, du temps de la Ligue à la reconfiguration henricienne du parlement de Toulouse »

15h : Discussion

Pause

Autour du procès et de la condamnation de Vanini

15h30 : Jean-François Courouau (Université Toulouse Jean Jaurès) : « Goudouli, Montmorency et les fêtes de février 1619 »

16h : Estelle Martinazzo (ESPE, Lille) : « Jean de Rudèle, vicaire général, et sa lutte contre l’impiété et le libertinage à Toulouse »

16h30 : Discussion

 

Vendredi 19 avril 2019

Matin

Librairie Ombre Blanches

Modérateur : Yves Le Pestipon

9h : Boris Donné (Université d’Avignon) : « Survies imaginaires de Vanini, de Cyrano à Molière »

9h30 : Philippe Chométy (Université Toulouse Jean Jaurès) : « La présence de Lucrèce à Toulouse au XVIIe siècle »

Pause

10h30 : Claire Faure (Université Toulouse-Capitole) : « L’arbitrium judicis des capitouls dans les affaires de vol sous l’Ancien Régime »

11h : Marie Perny (Lycée Fermat, Toulouse: « Les Fêtes de la délivrance à Toulouse sous l’Ancien Régime »

Déjeuner 

Après-midi

Cour d’Appel de Toulouse

Modérateur : Olivier Guerrier

14h : Ludovic Azéma (Université Toulouse-Capitole) : « Un esprit de liberté au Parlement de Toulouse au XVIIIe siècle? »

14h30 : Jean-Luc Laffont (Université de Perpignan – Via Domitia) : « François-Raymond David de Beaudrigue, capitoul perpétuel et premier ‘capitoul policier’ de Toulouse (1747-1765) : un prototype avorté de l’ordre urbain des Lumières ? »

Pause

15h30 : Yves Le Pestipon (Lycée Fermat, Toulouse) : « Jean de Pins, et son éloge au temps des Lumières »

16h : Jean-Noël Pascal (Université Toulouse Jean Jaurès) : « Loménie de Brienne : un futur archevêque et la tolérance »

17h : Conclusions (Olivier Guerrier)

Visite de la partie ancienne du Palais de Justice de Toulouse

*

Direction scientifique :

Géraldine Cazals, Université de Rouen / Institut universitaire de France (geraldine.cazals@univ-rouen.fr)

Patrick Dandrey, Université Paris-Sorbonne (Patrick.Dandrey@sorbonne-universite.fr)

Didier Foucault, Université Toulouse Jean Jaurès (foucault@univ-tlse2.fr)

Olivier Guerrier, Université Toulouse Jean Jaurès (olivier.guerrier@wanadoo.fr ; http://www.olivier-guerrier.com)

Jean-Luc Laffont, Université de Perpignan – Via Domitia (jean-l.laffont@wanadoo.fr)

Yves Le Pestipon, Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse (y.lepestipon@free.fr)

 

Organisation et partenariat : 

Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse (http://academie-sciences-lettres-toulouse.fr/)

Cour d’Appel de Toulouse (https://www.cours-appel.justice.fr/toulouse)

FRAMESPA (UMR 5136), Université Toulouse Jean Jaurès (http://framespa.univ-tlse2.fr/)

Il Laboratorio (EA 4590), Université Toulouse Jean Jaurès (http://laboratorio.univ-tlse2.fr/)

Institut Universitaire de France (http://www.iufrance.fr/)

Librairie Ombres blanches, Toulouse (https://www.ombres-blanches.fr/)

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Contacts :

Didier Foucault (foucault@univ-tlse2.fr)

Olivier Guerrier (olivier.guerrier@wanadoo.fr)

Yves Le Pestipon (y.lepestipon@free.fr)