Des chevaux et des animaux comme grandes figures historiques

  • End date:
    30/09/2018, 00:00
Cornelis ANTHONISZ, Henry VIII, c. 1538 Gravure sur bois, Rijksmuseum, Amsterdam (source : WGA)

Cornelis ANTHONISZ,
Henry VIII, c. 1538
Gravure sur bois,
Rijksmuseum, Amsterdam (source : WGA)

Si l’Histoire est un récit, une mise en intrigue (cf. Paul Veyne), alors, surtout si l’on adopte un point de vue structuraliste, rien n’implique – hormis un bien indécrottable préjugé anthropomorphique – que les actants en soient forcément des humains. Humains, et trop humains.

Un espace géographique peut être le héros de l’Histoire (la Méditerranée de Braudel), un simple ruisseau celui d’une histoire (Elisée Reclus). Un phénomène météorologique peut faire l’Histoire : ainsi les vents divins dispersant la flotte ennemie et sauvant le Japon de l’invasion mongole, les tempêtes déroutant et décourageant l’Invincible Armada, ou encore durant la Guerre des Gaules le vent qui tombe et immobilise la flotte vénète ainsi livrée à la merci des Romains. Parfois, une pluie, un brouillard, une tempête de neige deviennent les personnages principaux de tel ou tel moment historique…

Alors pourquoi pas les animaux ?

Le regard historiographique lui-même s’infléchit notablement, on peut ainsi citer parmi quelques parutions récentes, parmi (tant d’) autres : Michel Pastoureau (Le roi tué par un cochon, 2015), Pierre Serna (Comme des bêtes – Histoire politique de l’animal en révolution (1750-1840), 2017), et tous les travaux d’Eric Baratay (par exemple, Le Point de vue animal, une autre version de l’histoire,  2012, et Biographies animales. Des vies retrouvées, 2017), pour ne rien dire de tous les développements philosophiques (l’animal comme sujet singulier) et juridiques (le droit des animaux).

Cependant le présentisme (et notre bonne conscience) ne doivent pas nous éblouir : on ne nous aura pas attendu pour faire par exemple d’un animal singulier, d’un individu-animal si l’on peut dire, une figure décisive dans l’Histoire. Nous en avons souvent perdu mémoire, voilà tout.

Aussi les contributions à ce numéro peuvent s’intéresser à toute forme de traitement de la question (littérature, peinture, cinéma, sculpture…), sans aucune limitation temporelle, géographique ou linguistique.

Il semble, intuitivement, qu’un animal puisse incarner au plus haut point cette individuation historique, le cheval. Mais comme toute intuition, elle appelle à la contradiction, et tout autre animal jouant un rôle décisif comme individu dans un moment historique donné sera le bienvenu.

On ne s’intéressera donc, soulignons-le encore, ni à une catégorie globale (les animaux), ni à une espèce particulières (les chevaux), mais à un tel ou tel individu particulier, dans sa singularité, dans son idiosyncrasie : ce cheval-là, ce cheval historique, et pas un autre. Ce cheval, ou tel ou tel autre animal. On pourra aussi remarquer que le rôle de l’individu animal aura sans doute d’autant plus d’intérêt s’il est pris, non dans une projection embellie (la vaillance, l’héroïsme, le sacrifice, le désintéressement…), mais dans son ethos animal, sans intention bénéfique ou maléfique envers les humains rencontrés, comme le cochon parisien de Michel Pastoureau. La Terre appartient à tous, l’Histoire aussi.

Conditions de publication

La revue Grandes figures historiques dans les lettres et les arts soumet les articles qui lui sont envoyés, sous forme anonyme, à deux lecteurs de son comité scientifique. Des propositions préliminaires peuvent être envoyées aux rédactrices, Fiona McIntosh et Alison Boulanger, ainsi qu’aux organisateurs de numéros spécifiques. Les articles achevés seront également adressés à ces personnes qui les transmettront, après anonymisation, aux lecteurs les plus compétents pour juger de leur qualité. L’avis des lecteurs est ensuite transmis, toujours sous forme anonyme, aux auteurs.

La revue publie régulièrement des numéros thématiques ; toutefois, des articles sortant de ce cadre peuvent également être proposés aux rédactrices, pour autant qu’ils répondent aux préoccupations de la revue. Ils sont eux aussi soumis à une relecture anonyme et, s’ils sont acceptés, publiés dans une rubrique « Varia ».

La revue publie enfin des comptes rendus d’ouvrages (romans, biographies, travaux d’historiens…) s’organisant autour d’une ou plusieurs figures historiques.

Date butoir pour le numéro sur les animaux en tant que figures historiques : les articles sont à envoyer pour le 30 septembre 2018 aux adresses suivantes,

frederic.briot@univ-lille3.fr

fiona.mcintosh-varjabedian@univ-lille3.fr

alison.boulanger@univ-lille3.fr

Date de parution du numéro : mars 2019

Les articles ne portant pas sur le thème de ce numéro spécifique peuvent être envoyés à tout moment, ainsi que les comptes rendus.