Appel : Des maux et du sang : la violence des femmes / Of ills and blood: female violence

  • End date:
    20/08/2016, 00:00
  • Place:
    Maison de la recherche - 9 rue du temple Arras, France (62)
GENTILESCHI, Artemisia Judith décapitant Holofernes 1611-12 Huile, Capodimonte, Naples

GENTILESCHI, Artemisia
Judith décapitant Holofernes
1611-12
Huile, Capodimonte, Naples

Cycle « Femmes déviantes, femmes criminelles face à leurs juges dans les anciens Pays-Bas et l’Europe du Nord-Ouest de la fin du Moyen Âge au premier XXe siècle »/Deviant and criminal women and their judges in the former Netherlands and North West Europe from the late Middle Ages to the 20th century

Les dossiers de procédure des différents tribunaux, cours et magistrats de l’espace des anciens Pays-Bas, y compris méridionaux (Artois, Flandre) et plus largement de l’Europe du Nord-Ouest, nous montrent des attitudes parfois identiques quel que soit le sexe de l’accusé, parfois fort différentes quand il s’agit de femmes, différences qui se retrouvent dans la qualification des crimes ou dans la diversité des peines.

Les sources qui évoquent les femmes sont foisonnantes : dossiers de procédures, traités de jurisconsultes, comptes, etc. Elles permettent un éclairage nouveau et offrent un regard particulier sur la criminalité féminine, sur les procédures mises en œuvre et les peines auxquelles elles sont exposées. Ces sources sont idéales pour appréhender le comportement des femmes face aux juges, face aux peines diverses en fonction des crimes commis, mais aussi pour cerner leur environnement socio-culturel, et observer les lieux des « forfaits »… Les témoins livrent également des éléments précieux qui mettent en lumière le contexte social et le quotidien dans lequel surviennent ces affaires perturbant l’espace public.

La violence des femmes est un phénomène constant étudié seulement depuis quelques années même s’il reste minoritaire en termes d’occurrence statistique. La violence perpétrée par les femmes est donc une question nouvelle du champ des sciences humaines et sociales. Il s’agit pour satisfaire nos ambitions de mettre en évidence une déviance féminine diversifiée mais souvent délaissée par la recherche, et d’appréhender le fonctionnement de la régulation des rapports sociaux et du maintien de l’ordre. Ces violences peuvent dans certains cas être perçues comme légitimes et ne sont pas nécessairement considérées comme « anormales » par les hommes qui rédigent les sources.

La deuxième journée de notre cycle de Journées d’études ambitionne d’aborder cette thématique au travers de l’intitulé suivant : « Des maux et du sang : la violence des femmes ».

Restée longtemps ignorée, la violence des femmes constitue aujourd’hui un objet de recherche en pleine expansion. « Ces figures sombres du féminin sont bel et bien sorties de l’ombre historiographique dans laquelle elles étaient plongées »[1]. Laquestion du traitement pénal des femmes violentes verbalement ou physiquement dans les espaces septentrionaux méritait une attention particulière. Ce qui implique un nombre important et varié de questions et de conclusions.

Par exemple : Dans quel type de violences (verbales, physiques, morales…) les femmes sont-elles impliquées ? Quelle est la part des homicides ? Quel est leur parcours criminel ? Sont-elles auteures de crimes contre les autorités, contre les dépositaires de la justice ? L’infanticide, le poison, sont-ils, comme on le dit communément, le propre des femmes ? L’injure est-elle considérée comme une forme de violence féminine ? Qu’en est-il de la menace, de la mise en cause de l’honneur et de la réputation ? Les interrogatoires révèlent-ils des espaces propices à ces crimes ? La violence physique perpétrée par les femmes prend-elle les mêmes formes que celle des hommes ? La perception de la justice est-elle similaire ? Le traitement judiciaire est-il particulier ? Est-il favorable ou défavorable aux femmes ? Est-il sexiste ? Discriminatoire ? Face à leurs juges, quelle est la voix des femmes ? Utilisent-elles un discours particulier ? Des résultats contradictoires apparaissent-ils ? Quelles étaient les peines prononcées ? Quid de la prison ? Quelle est la place des femmes dans les récits de rémission ?

Entre législation officielle et jurisprudences, quels regards les autorités judiciaires portent-elles sur ces femmes ? Comment appliquent-elles le droit ? En quoi ces crimes de sang offrent-ils une vision de la société féminine et des rapports sociaux ?

La réaction de la justice face aux violences des femmes offre-t-elle la vision d’un traitement différencié ? S’il est admis dans les textes théoriques, il semble que ce soit peu le cas dans la pratique. La mansuétude théorique des juges envers un sexe « faible », et dès lors considéré comme moins responsable, ne s’observe pas dans la pratique. La différence majeure de la réaction de la justice face aux femmes criminelles tient dans la forme que revêt la peine de mort : on préfère brûler ou enfouir les femmes que les pendre (le constat paraît analogue dans les Pays-Bas). Cesdifférences, importantes ou minimes,  et leurs enjeux, restent très largement à explorer.

Les archives judiciaires offrent la présentation d’un monde où les relations entre les individus reposent sur l’affrontement, le rapport de force. Dans quelle mesure les femmes sont-elles impliquées ? Sachant, bien sûr, que la violence inscrite dans une information ou une procédure reflète l’exceptionnel et non l’essentiel de la vie en communauté.

[1] Coline Cardi et Geneviève Pruvost, « La violence des femmes : un champ de recherche en plein essor », Champ pénal/Penal field [En ligne], Vol. VIII | 2011, mis en ligne le 11 juin 2011.

Modalités de soumission

Les propositions de communication (un titre et un projet d’une demi-page à une page) doivent être envoyées

avant le 20 août 2016

à pascal.hepner@univ-artois.fr ou pascal.hepner@hotmail.fr

Comité scientifique

  • Gilles Deregnaucourt, PR Histoire moderne, Université d’Artois, CREHS, EA 4027
  • Tanguy Le Marc’hadour, Maître de conférences, Centre d’Histoire judiciaire UMR 8025 CNRS-Lille 2, Centre Ethique et procédure de l’Université d’Artois.
  • Martine Valdher, PRAG, Université d’Artois, CREHS, EA 4027
  • Pascal Hepner, Docteur, Université d’Artois CREHS, EA 4027