Dominique BRANCHER – Quand l’esprit vient aux plantes Botanique sensible et subversion libertine (XVIe-XVIIe siècles)

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Dominique BRANCHER, Quand l’esprit vient aux plantes Botanique sensible et subversion libertine (XVIe-XVIIe siècles), Droz, “Les Seuils de la modernité”, 376 p., 41,15 €

« L’arbre gémit, soupire, pleure d’une voix humaine », et Michelet ajoute : « On croit que c’est le vent, mais c’est souvent les rêves de l’âme végétale ». Aux XVIe et XVIIe siècles, botanistes, romanciers et philosophes ont eux aussi rêvé et pensé la plante, en lui conférant un statut moral et ontologique équivoque. Car, sous leur plume, brouillant les frontières entre flore, faune et humanité, parfois l’esprit et le désir viennent aux plantes. Dès lors ce n’est plus seulement la mise en valeur de l’intelligence animale, mais aussi la promotion d’une pensée et d’une sensibilité végétales qui nourrissent la critique de l’anthropocentrisme dans l’Europe pré-moderne. Un tel trouble catégoriel, bien sûr, inquiète et stimule les efforts pour comprendre et distinguer les différentes sortes de vivants. Mais le problème, philosophique, est aussi religieux. La revalorisation de l’âme inférieure des plantes se situe du côté de la dissidence doctrinale, l’être végétal menaçant de destituer l’homme. Cet essai veut donc montrer que le monde de Flore a été utilisé pour subvertir le principe d’un étagement clair entre les règnes, au profit d’une conception plus poreuse des frontières du vivant.

Table des matières

INTRODUCTION

I. La plante dans la Scala naturae
La plante : un modèle éthique
Aristote contesté

II. Botanique sensible et zoophytes subversifs
Le botaniste du Roi
Le zoophyte : un levier épistémologique
Le Mimosa à l’épreuve du mécanisme
Un antropophyte démoniaque : la Mandragore
Hybridités en miroir : Catelan Mandragoritis

III. MÉTEMPSYCHOSE ET PARADOXES au royaume de flore
« Auberges » et « sépulcres » végétaux
Metaphorimoses parodiques : le Berger extravagant
Tête-à-cime : le colloque entre l’homme et la plante
La substantifique sève : une allégorie botanicopolitique
Paradoxes potagers
La légende dorée du bulbe
Incucurbitations : la courge d’Erasme
Traductions cucurbitacides
De la transformation en légume : l’oeuvre, l’auteur et le corps
Choux intellectuels et arbres voluptueux

IV. pudeurs et dévotions végétales
L’asexualité des plantes
Plantes mâles et femelles
Un savoir occulté ?
Méthodes en botanique
Obstacles idéologiques
Jardins spirituels
L’« Eden » de Du Bartas : arbre vergogneux et palmes amoureuses

V. phyto-érotisme : le règne de l’analogie
Homme-plante / plante-homme
Subversions analogiques : Eros végétal dans Les Etats et Empires du Soleil Greffes extravagantes
Idylle humano-végétale
Des signatures à l’équivoque ludique

VI. ambiguïtés de la plantule
Héritage païen, usages chrétiens
Une menthe pestilentielle
Variations sur Daphné
Rapt végétal : le Momus d’Alberti
Icônes végétales
Pommes épistolaires et lettres horticoles

Conclusion

BIBLIOGRAPHIE

INDEX nominum

Index plantarum, plantanimalium, « planthominum »