Faire diaspora en ville : mémoires, représentations, institutions Europe méditerranéenne, XIVe-XVIIIe siècle (Rome 26-27/09/2019)

  • End date:
    03/01/2019, 00:00
OTTICELLI, Sandro The Punishment of Korah and the Stoning of Moses and Aaron 1481-82 Fresco, 348,5 x 570 cm Cappella Sistina, Vatican (source : WGA)

OTTICELLI, Sandro
The Punishment of Korah and the Stoning of Moses and Aaron
1481-82
Fresco, 348,5 x 570 cm
Cappella Sistina, Vatican (source : WGA)

26 et 27 septembre 2019 – Rome 

Organisateurs :

Mathieu Grenet (INU Champollion/Framespa), Pauline Guéna (Sorbonne Université), Catherine Kikuchi (UVSQ), Serena di Nepi (Sapienza).

Comité scientifique :

Marie Bossaert (EFR), Eleonora Canepari (TELEMME), Constance de Gourcy (Aix-Marseille Université), Anouche Kunth (EHESS), Alessandro Saggioro (Sapienza), Pierre Savy (EFR).

Ces journées d’études sont co-financées dans le cadre du Laboratoire International Associé Mediterrapolis.

Argumentaire français

Depuis les années 1990, la question des diasporas a été travaillée en sociologie comme en histoire en s’attachant à montrer que les groupes diasporiques sont moins dus à l’héritage commun d’une identité “essentielle” (ethnique, religieuse, nationale…) qu’au choix de leurs membres de mobiliser des éléments communs pour construire une appartenance à la fois relationnelle, sociale et politique. Alors que le concept de diaspora, et plus encore celui de diaspora marchande, ont été discutés et remis en question dans des travaux récents (Dufoix 2011, Calafat et Goldblum 2012), on adoptera en première approche une définition englobante de la diaspora, comme des groupes d’individus partageant une condition d’extranéité, dispersés et attachés à des lieux différents, mais réunis par un même sentiment d’appartenance et une mémoire liée à un espace originel dont ils sont éloignés.

Nous souhaitons donc aborder dans ces journées d’études les enjeux de la construction d’un groupe en diaspora à travers le cadre urbain, pris à la fois comme espace et territoire dans lequel se déploient les perceptions et les stratégies des acteurs, et pris également comme lieu dans lequel les communautés interagissent entre elles, avec les institutions et autorités locales. Nous proposons donc de faire se rencontrer l’étude des diasporas avec deux thématiques actuelles de l’histoire urbaine : l’étude de la répartition et de l’implantation des étrangers en ville d’une part, et celle des usages de l’espace urbain d’autre part (François 1985, Bottin et Calabi 1999, Quaderni Storici2001). Il s’agira de comprendre, par l’urbain et ses spécificités, comment on aboutit à des identités collectives – parfois souples et négociées, parfois assignées de manière plus autoritaire – de ces groupes sociaux qui finissent par être pensées et se penser comme diaspora, voire par être institutionnalisés.

La construction de ce sentiment d’appartenance et de la mémoire qui en découle se retrouve ici au coeur d’une enquête historique qui envisage également son objet à l’aune des apports, outils et méthodes de la sociologie et la géographie urbaines ainsi que de l’anthropologie culturelle. Des travaux importants ont ainsi montré au cours de la dernière décennie qu’il existe différentes façons de « faire » diaspora, en fonction de la morphologie sociale et démographique des groupes minoritaires, de la physionomie des sociétés d’accueil ou encore des contextes historiques. De nombreux travaux soulignent la nécessité de restaurer la « logique de sédentarité » dans l’étude de(s) diasporas (Tölölyan 2005, Adjemian 2012). Si la société de résidence peut être perçue comme un lieu d’exil, un « non-lieu » par opposition à la société d’origine (Ma Mung 1994, Hovanessian 2007), les diasporas construisent aussi leur identité, explicitement ou implicitement, dans la négociation, la confrontation, la coexistence sur les « scènes urbaines » (Kunth et Smyrnelis 2016). Dans les villes de résidence, les communautés diasporiques trouvent des interlocuteurs individuels ou institutionnalisés, des répertoires d’action spécifiques, un tissu urbain où s’insérer et de quoi construire des mémoires collectives. L’ancrage matériel de ces construction diasporiques se rend alors visibles en ville selon des modalités diverses.

L’histoire des émotions, croisée avec l’étude de la construction mémorielle d’un groupe et de leur perception, pourra utilement être convoquée. L’historiographie récente a ainsi réexaminé les témoignages personnels à travers la problématique des sentiments et des émotions de l’exil pour donner corps à l’expérience vécue de la diaspora (Gray 2008, Skrbiš 2008, Svašek 2012). Cet ancrage subjectif de la diaspora pourra également être croisé avec la prise en compte d’un vécu genré de ces expériences et d’une identité générationnelle au sein de la diaspora. On interrogera la spécificité de ces émotions et de ces vécus dans le cadre urbain, à travers notamment leurs traces matérielles en ville ou leur expression dans les interactions avec les interlocuteurs et institutions urbaines.

L’ancrage local doit également se comprendre dans une dynamique translocale de ces « sociétés de circulation » (Aslanian 2011) qui met en relation des communautés et des acteurs au sein de sociétés urbaines spécifiques et elles-mêmes intégrées dans des réseaux larges à l’échelle de la diaspora, qui influent sur les stratégies d’insertion, de présentation et les relations entretenues avec les acteurs à un niveau local. Un va-et-vient entre l’échelle micro et transnationale (Trivellato 2009, Calafat 2011) ainsi qu’une dimension comparative entre terrains urbains connectés semblent donc nécessaires pour saisir les enjeux de la « fabrique communautaire » (Grenet 2016).

Les interventions pourront ainsi prendre en considération les dimensions économiques, sociales mais aussi physiques, matérielles et institutionnelles de la ville. Afin de chercher à dépasser les études de cas et de favoriser les comparaisons et discussions entre les différents terrains, les propositions adoptant une approche translocale et/ou comparative seront privilégiées. L’étude historique pourra également s’enrichir de perspectives interdisciplinaires, en tirant parti à la fois des travaux récents sur les diasporas en ville en histoire, en sociologie, en sciences politiques, mais aussi bien sûr en géographie. Le cadre chronologique privilégiera cependant les études du XIVe au XVIIIe siècle. Le cadre géographique comprend l’Europe méditerranéenne et inclut les îles grecques ainsi que Malte.

Modalités pratiques :

–         Les propositions de communication (max 3000 signes espaces compris) sont à envoyer aux organisateurs (mathieu.grent@univ-jfc.fr, paulineguena@hotmail.fr,catherine.kikuchi@uvsq.fr,serena.dinepi@uniroma1.it) pour le 3 janvier 2019.

–         Les propositions de communications sont acceptées en français, italien et anglais

–         Afin de faciliter échanges et discussions, les communications seront transmises en amonts aux intervenants.

–         Les communications devront être de 30 min.

–         Les participants seront logés par le colloque à l’Ecole française de Rome, place Navone. Les frais de transport à Rome resteront à la charge des participants et/ou de leurs éventuelles structures de recherche.

 

“Fare diaspora” in città: memorie, rappresentazioni, istituzioni.

Europa mediterranea (XIV-XVIIII secoli)

 

Fin dagli anni Novanta del secolo scorso, numerosi sociologi e storici hanno affrontato la questione delle diaspore. Le loro ricerchehanno dimostrato come la definizione dei gruppi diasporicifosse basata non tanto su identità di tipo etnico, religioso o nazionale, quanto su elementi comuni adoperati dai loro membri per costruire un’appartenenza al contempo relazionale, sociale e politica. Poiché il concetto di diaspora, e ancor più quello di diaspora mercantile, è stato messo in discussione da studi recenti (Dufoix 2011, Calafat e Goldblum 2012), la riflessione non può che considerare una definizione ampia di diaspora: gruppi di individui che condividono una condizione di estraneità e che, pur vivendo anche molto lontani tra loro, si riconoscono sia attraverso un comune sentimento di appartenenza sia grazie a un ricordo legato a un luogo d’origine distante.

 Il nostro workshopsi soffermerà sul tema della costituzione di gruppi diasporici attraverso il contesto urbano, inteso questo sia come spazioin cui si manifestano percezioni e strategie degli attori, sia come luogoin cui i loro membri interagiscono con le istituzioni e con le comunità locali. Proponiamo quindi di intrecciare lo studio delle diaspore con due filoni attuali di storia urbana: da un lato, lo studio della distribuzione e dell’ubicazione degli stranieri nella città; dall’altro, gli usi dello spazio nello sviluppo urbano (François 1985, Bottin e Calabi 1999, Quaderni Storici2001). Tenendo in considerazione le caratteristiche specifiche del tessuto urbano, punteremo a ricostruire le dinamiche con cui le identità collettive – a volte flessibili e negoziate, a volte stabilite dall’autorità e dalle sue regole – di questi gruppi sociali finiscono per pensarsi e per essere percepite come diaspora, talvolta anche dal punto di vista istituzionale.

 Al centro dell’indagine storica, la ricostruzione di questo sentimento di appartenenza e della memoria si avvarrà degli strumenti e delle metodologie proposte dalla sociologia e dalla geografia urbana, nonché dall’antropologia culturale. Negli ultimi dieci anni, lavori importanti hanno dimostrato come i diversi modi di « fare » diaspora variassero a seconda della morfologia sociale e demografica dei gruppi minoritari, della struttura delle società di accoglienza o, ancora, dei contesti storici. Molti studi hanno insistito sulla necessità di ripristinare la « logica della sedentarietà » nello studio delle diaspore (Tölölyan 2005, Adjemian 2012). Se, infatti, la località di residenza può essere considerata come un luogo di esilio, ossia unquaderni « non luogo » in contrapposizione alla società d’origine (Ma Mung 1994 Hovanessian 2007), ne consegue che i gruppi diasporici costruiscano la propria identità, esplicitamente o implicitamente, nella negoziazione, nel confronto e nella convivenza sullo “scenario urbano” (Kunth e Smyrnelis 2016). Nelle città in cui risiedono, le comunità diasporiche possono trovare interlocutori individuali e controparti istituzionali, specifici modelli di azione, un tessuto urbano in cui inserirsi e uno spazio in cui costruire memorie collettive. La proiezione materiale di questa costruzione diasporica è, quindi, visibile in città secondo diverse modalità.

L’intreccio fra la storia delle emozioni e lo studio di come viene costruita e percepita la memoria di un gruppo può costituire un valido strumento di analisi. La storiografia recente ha riesaminato le testimonianze individuali alla luce della questione delle emozioni dell’esilio, arrivando così a dare sostanza all’esperienza vissuta della diaspora (Gray 2008, Skrbiš 2008, Svašek 2012). Questa prospettiva soggettiva della diasporapotrà ugualmente intrecciarsi con la presa di coscienza di un vissuto generato da tali esperienze e di un’identità generazionale creatasi all’interno della diaspora stessa. Discuteremo la specificità di queste emozioni e di tali esperienze nell’ambiente urbano; ne ripercorreremo le tracce materiali nella città e/o ci concentreremo sulle forme in cui avviene l’interazione con gli interlocutori e le istituzioni urbane.

Allo stesso tempo, la prospettiva locale deve essere considerata all’interno di una dinamica trans-locale di queste « circulation societies  » (Aslanian 2011) che metta in relazione comunità e attori all’interno di specifiche società urbane, dove gli stessi gruppi si muovono e si integrano lungo un vasto intreccio di reti diasporiche, che, a loro volta, influenzano le strategie di inserimento, di presentazione e di relazione con le parti interessate. Combinare la scala micro e transnazionale (Trivellato 2009, Calafat 2011) e inserire la dimensione comparativa fra aree urbane tra loro collegate sembra quindi indispensabile per discutere concretamente le dinamiche della « fabrique communautaire » (Grenet 2016).

Le relazioni potranno pertanto prendere in considerazione le dimensioni economiche, sociali, ma anche fisiche, materiali e istituzionali della città. Allo scopo di superare un approccio centrato esclusivamente sul singolo caso di studio, saranno favorite le proposte che adotteranno un approccio trans-locale e/o comparativo. A partire dai lavori più recenti sulle diaspore negli spazi urbani, l’indagine storica si potrà arricchire di prospettive interdisciplinari, che vedano coinvolti i diversi campi della storia, della sociologia, delle scienze politiche, così come della geografia. L’arco cronologico privilegerà quindi gli studi dal XIV al XVIII secolo. L’area geografica di interesse farà riferimento all’Europa mediterranea, incluse Malta e le isole greche.

Informazioni pratiche:

– Gli abstract delle proposte (max 3000 battute spazi inclusi) devono essere inviate agli organizzatori (mathieu.grent@univ-jfc.fr, paulineguena@hotmail.fr,catherine.kikuchi@uvsq.fr,serena.dinepi@uniroma1.it) entro il 3 gennaio 2019.

– Saranno ammessi contributi redatti in francese, italiano e inglese.

– I contributi accettati dovranno essere mandati in anticipo e saranno fatti circolare anticipatamente tra i partecipanti

– I contributi presentati dovranno essere di 30 minuti (massimo).

– I partecipanti saranno ospitati presso l’Ecole française de Rome, Piazza Navona. Le spese di viaggio a Roma saranno a carico dei partecipanti e/o delle strutture di ricerca a cui afferiscono.

Diasporas in the city: memories, representations and institutions.

Mediterranean Europe, 14th-18th century.

Since the 1990s, questions surrounding diasporas have been investigated in sociology and history. Studies have shown that diasporic groups are formed less by their common inheritance of an “essential” identity (e.g. ethnic, religious, national) and more by the choice of their members to recognise points in common, to build a membership based on relational, social and political aspects. While the concept of the diaspora, and even more so that of the trading diaspora, have been discussed and questioned in recent works (Dufoix 2011, Calafat and Goldblum 2012), here we adopt as a first approach a global definition of the diaspora, as groups of individuals sharing a foreign origin, dispersed and attached to different places, but united by the same sentiment of belonging and a memory linked to an original space from which they are distant.

During the conference, we aim to address the issues surrounding the construction of a diasporic group within an urban framework, taken as the space and territory in which the perceptions and strategies of the actors unfold, and also as a place in which communities interact with each other, local institutions and authorities. We propose to bring together the study of diasporas with two current themes in urban history: the study of the distribution and settlement of foreigners in the city, and the use of urban space (François 1985, Bottin and Calabi 1999, Quaderni Storici 2001). We aim to understand, within the urban context and its specificities, how collective identities evolve – sometimes flexible and negotiated, sometimes assigned in a more authoritarian way – within social groups which end up being thought of and self-identifying as diaspora, even by being institutionalised.

The construction of this feeling of belonging and the resulting memory is found at the centre of a historical investigation which also considers its object in terms of the contributions, tools and methods of urban sociology and geography, as well as cultural anthropology. Over the past decade, important research has shown that various ways of “doing” diaspora exist, depending on the social and demographic morphologies of minority groups, the structure of host societies and even the historical contexts.Many studies highlight the need to restore the “logic of a sedentary lifestyle” in the study(s) of diasporas (Tölölyan 2005, Adjemian 2012). While the society of residence is perceived as a place of exile, a “non-place”, in contrast to the society of origin (Ma Mung 1994, Hovanessian 2007), the diasporas also build their identity, explicitly or implicitly, in negotiation, confrontation, and coexistence with the “urban scenes” (Kunth and Smyrnelis 2016). In the cities of residence, the diasporic communities find individual or institutionalised interlocutors and specific repertoires of action, an urban fabric in which to integrate and build collective memories. The material anchoring this diasporic construction becomes visible in the city in various forms.

The study of the history of emotions combined with that of the construction of a group’s memory and its perceptions, can be a useful approach. Recent historiographical studies have reexamined personal testimonies focusing on the problematic of the sentiments and emotions of exiles, to understand the lived experience of the diaspora (Gray 2008, Skrbiš 2008, Svašek 2012). This subjective anchorage of the diaspora can also be taken in to account with the gendered experience of these events, and the generational identity within the diaspora. We will question the specificity of these emotions and experiences in the urban framwork, notably through their material traces in the city, or their expression in the interactions with interlocutors and urban institutions.

The local anchorage must also be understood in the translocal dynamics of these “circulation societies” (Aslanian 2011). This connects communities and actors within specific urban societies that are integrated into broad networks at the scale of the diaspora, influencing insertion and presentation strategies, and relationships with actors at a local level. A back and forth between the micro and transnational scale (Trivellato 2009, Calafat 2011), as well as a comparative dimension between connected urban lands is therefore necessary to understand the issues of the “community factory” (Grenet 2016).

Conference papers will consider the economic, social, as well as the physical, material and institutional dimensions of the city. In order to go beyond classic case studies and to favour comparisons and discussions between different fields, proposals adopting a translocal and/or comparative approach will be favoured. Historical studies can also be enriched by interdisciplinary perspectives, taking advantage of recent work on diasporas in the city in history, sociology, political science, and also geography. A chronological framework, however, is appropriate for studies from the fourteenth to the eighteenth century. The geographical area of focus is Mediterranean Europe, including the Greek islands and Malta.

Practical arrangements:

– Proposals for papers (max 3000 characters, spaces included) should be sent to the organisers (mathieu.grent@univ-jfc.fr,paulineguena@hotmail.fr,catherine.kikuchi@uvsq.fr,serena.dinepi@uniroma1.it) by the 3rd of January 2019.

– Papers are accepted in French, Italian and English.

– In order to facilitate exchanges and discussions, papers will be sent to participants in advance.

– Presentations must be 30 minutes.

– Accommodation for participants will be provided by the Ecole Française de Rome, Piazza Navona. Transport costs to Rome are to be paid by the participants and/or their research institutes.

URL de référence : AHMUF