Familles, parents et enfants de l’Antiquité à nos jours Sensibilités, stratégies et conflits
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End date:30/06/2016, 00:00
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Place:Boulevard du 9 avril 1938 Tunis, Tunisie (1008)
Le colloque Familles, parents et enfants de l’Antiquité à nos jours, sensibilités, stratégies et conflits a pour objectif d’interroger les liens de parenté dans une perspective historique de la vie familiale et privée.
Depuis des décennies, l’histoire de la famille ne cesse de se développer et de multiplier ses champs d’investigation. Depuis les travaux fondateurs (Philippe Ariès 1960; François Lebrun 1975; Michel Foucault et Arlette Farge 1982 ; Jean-Louis Flandrin 1984; André Burguière et al. 1986, etc.), les structures de parenté sont étudiées afin de « comprendre le fonctionnement des sociétés anciennes »[1]. Ce champ de recherche continue à interpeller les historiens et les chercheurs en sciences humaines et sociales, notamment avec la création de la revue The History of the family (1996) et avec les travaux récents des écoles française et anglo-saxonne. Cette nouvelle perspective favorise l’histoire des liens familiaux, d’où les travaux sur les rapports entre grands-parents/petits-enfants (Gourdon, 2001) ; oncles-tantes/neveux-nièces (Trévisi, 2008) ; frères-sœurs (Lett, 2004) ; tuteurs-filleuls (Perrier S., 1998). Ces questions sont toujours d’actualité, des colloques et des journées d’études s’organisent fréquemment autour de ces thématiques[2]. Par ailleurs, la déclaration des droits de l’enfant en 1959 et la convention internationale des droits de l’enfant de 1989 par l’ONU reconnaissent l’enfant comme sujet de droit en réorganisant l’autorité parentale.
Les rapports parents-enfants ont fait également l’objet de quelques monographies dont les travaux de Philippe Ariès (1960) ; Yvonne Knibiehler (1981, 1987) ; Jean Delumeau et Daniel Roche (1990), etc. Ils sont également évoqués dans les monographies familiales, les biographies et dans les études relatives à la vie privée. Toutefois, les travaux destinés entièrement aux liens parents-enfants sont rares dans la recherche historique[3]. L’objectif du colloque Familles, parents et enfants de l’Antiquité à nos jours, sensibilités, stratégies et conflits consiste à réinscrire les relations entre parents et enfants dans leur complexité. Pris dans son large sens, le terme parent signifie aussi bien père et mère que grands-parents, beaux-parents, parents adoptifs et parents spirituels (parrains et marraines). Fantasmées ou réelles, ces relations relèvent des sensibilités, des stratégies des familles et des individus ainsi que des conflits de la vie privée. Abordés sur la longue durée et dans des espaces et des milieux sociaux différents, les croisements de ces thèmes permettront de reconstruire le lien familial et intergénérationnel dans ses différentes dimensions. Ils permettront aussi d’interroger certains bouleversements des relations parents-enfants dans des contextes en changement retracés par l’histoire dite « connectée » et les études du genre.
Cette rencontre favorisera la pluridisciplinarité en offrant l’opportunité d’emprunter des concepts, des méthodes et des grilles d’analyse variés. Les contributions s’attacheront aux différents contextes qui ont donné sens à la vie familiale, tant dans ses représentations que dans ses réalités vécues. Les différentes approches et méthodes permettront de retracer la complexité des relations intergénérationnelles et le changement de leurs représentations et de leurs enjeux. La diversification des sources permettra de varier les grilles de lecture : sources du for privé (journal intime, autobiographie, correspondance privée, etc.), archives judiciaires, actes notariés, sources littéraires, données archéologiques, enquêtes orales, iconographie, supports audio-visuels, etc.
Axes thématiques
Les propositions de communication pourront s’intégrer dans les axes thématiques suivants :
Les sensibilités et l’intime
Ce volet envisage de retracer les sensibilités de la vie privée et les liens affectifs entre parents et enfants dans tous les croisements possibles de parenté et de filiation (mère-fils, père-fille, mère-fille, père-fils, tuteur-filleul). Comment les sentiments des parents et des enfants sont-ils représentés ? Quelles sources permettent-elles de dégager ces affections ? Qu’est-ce qu’être père, être mère et être enfant ? Au delà du lien affectif, nous comptons interroger d’autres sentiments et comportements qui peuvent émerger dans le rapport parents-enfants : rejet, haine, exclusion, etc.
Transmissions et stratégies parentales
Ce volet examine l’aspect stratégique dans la relation parents-enfants. De la déconstruction du discours relatif aux cadres normatifs codifiés (religieux, scientifique, officiel) à la construction sociale de la réalité, les études de cas permettront d’interroger les processus de la reproduction sociale et d’apprécier le rôle des familles dans la transmission du patrimoine familial, à la fois matériel et immatériel. Successions et transmission de valeurs et de carrières constituent des dispositifs d’intégration et de promotion sociale des familles et des individus. Les stratégies d’exclusion adoptées par les familles nous intéressent également.
Fragilités, conflits et violences
Dans ce processus de reproduction sociale, émergent, de temps à autre, des conflits intergénérationnels, souvent entre parents, garants de l’ordre et enfants rebelles, refusant la soumission à la “doxa parentale”. Aussi, la fragilité des familles (concubinage, adultère, séparation, divorce, veuvage, etc.) peut entraîner la précarité et le traumatisme (séparation, abandon), ce qui ne sera pas sans influence sur le destin des enfants. La famille peut devenir également un creuset de violences verbales (injures, insultes, etc.) ou physiques (maltraitance, abus sexuels, meurtre, etc.). Ce panel interrogera également les stratégies d’autorégulation mises en place par les familles pour résoudre ces conflits ainsi que le rôle des pouvoirs publics dans le contrôle ou la régulation des « désordres » familiaux.
Modalités pratiques d’envoi des propositions
Des chercheurs de différentes disciplines sont invités à envoyer des propositions de communication (titre et résumé d’environ 300 mots et une brève bio-bibliographie), adressées
au plus tard le 30 juin 2016
aux adresses suivantes : kchaou_sihem@yahoo.fr et olfaboudaya@yahoo.fr
Le colloque se tiendra à la Bibliothèque Nationale de Tunisie les 17, 18 et 19 novembre 2016.
Comité scientifique
- Hassen El Annabi (Université de Tunis)
- Jean-Noël Luc (Université Paris-Sorbonne)
- Leila Blili (Université de la Manouba)
- Abdelwahed Mokni (Université de Sfax)
- Sihem Kchaou (Université de la Manouba)
- Olfa Boudaya (Université de Sfax)
- Christine Dousset-Seiden (Université de Toulouse Jean-Jaurès)
Comité d’organisation
- Hassen El Annabi (Université de Tunis)
- Sihem Kchaou (Université de la Manouba)
- Olfa Boudaya (Université de Sfax)
- Safia Hamdi (Université de Tunis)
- Anouar Marzouki (Université de Tunis)
- Rim Yacoubi (Université de Tunis)
- Riadh Ben Khalifa (Université de Tunis)
- Hatem Mouldi (Université de la Manouba)
[1] Georges Duby, « Préface », in André Burguière et al., Mondes lointains, mondes anciens, tome 1 de l’Histoire de la famille, Paris, Armand Colin, 1986, p. 273.
[2] Colloque Frères et sœurs du Moyen Âge à nos jours, Rennes-Toulouse 2011-2012. Journée d’études : Maternités, paternités : représentations, pratiques, nouvelles perspectives, Paris, juin 2016.
[3] Lévy Marie-Françoise, L’enfant, la famille et la Révolution française, Paris, Olivier Orban, 1990 ; Denis Darya Vassigh, Les relations adultes-enfants dans la seconde moitié du XIXe siècle (1850-1914), étude discursive des écrits autobiographiques, éducatifs, juridiques et médico-légaux, relatifs à cette question, doctorat, histoire, sous la dir. de Michelle Perrot, Paris VII, 1996, 2 vol. ; Olivier Faron, « Father-child relations in France, changes in paternal authority in the nineteenth and twenteeth centuries »,History of the family, 6, 2001, pp. 365-375.