Florent Chrestien, écrivain, traducteur et penseur humaniste (Grenoble)

  • Start date:
    14/11/2020, 00:00
  • End date:
    30/01/2021, 00:00

Florent Chrestien, écrivain, traducteur et penseur humaniste

Appel à communications

Florent Chrestien, écrivain, traducteur et penseur humaniste.

11 Juin 2021 – Université Grenoble-Alpes

 

ANR « IThAC » / Centre de recherche Translatio (UMR 5316 Litt&Arts)

Organisé par Malika Bastin-Hammou, Diandra Cristache et Alexia Dedieu

 

Proche de Joseph Scaliger, un temps ennemi de Ronsard, précepteur d’Henri de Navarre, Florent Chrestien tient une place de choix dans la vie intellectuelle et politique de la fin du XVIe siècle. Pourtant, si la critique littéraire en France s’est intéressée à lui, c’est surtout, et presque uniquement, pour son rôle dans la rédaction de la Satire Menippée, où il s’en prend avec virulence à Ronsard sous le pseudonyme de La Baronie. Bien que sa contribution à la tradition classique ait été peu étudiée, Florent Chrestien est très loin d’être l’homme d’une seule œuvre : il a commenté Catulle, Tibulle, Properce, et il est l’auteur de traductions aussi bien en latin qu’en français et en grec ancien.

Or son œuvre de traducteur et commentateur du théâtre antique est surprenante : elle entre en contradiction avec la tendance d’un siècle qui se concentre sur un petit répertoire de comédies et de tragédies dont beaucoup sont encore aujourd’hui nos « références ». Dans les dernières décennies du XVIe siècle, il traduit aussi bien des comédies que des tragédies, et ses choix sont toujours des plus inattendus : Les Sept Contre Thèbes d’Eschyle, Paix d’Aristophane, Philoctète de Sophocle,Andromaque d’Euripide paraissent entre 1585 et 1594. Par la suite, Le Cyclope d’Euripide et Les Guêpes et Lysistrata d’Aristophane paraissent de façon posthume en 1605 et 1607. Chrestien a également traduit en français Jephté et Le Cordelier de George Buchanan, et en latin la Vérité fugitive de Rémy Belleau. Enfin, en véritable homo trilinguis, il a également traduit Catulle en grec.

Son œuvre de traducteur va de pair avec un travail philologique sur les textes : ses traductions d’Andromaque d’Euripide, de la Paix d’Aristophane, du Cyclope d’Euripide sont suivies de commentaires aux textes. Il est l’auteur d’un commentaire des Phéniciennes de Sénèque, et commente également les poètes élégiaques latins, Apollonios de Rhodes, et édite une partie des épigrammes de l’Anthologie grecque.

Ses choix de traduction, comme il en témoigne dans ses préfaces, ont bien souvent une origine politique, et doivent se lire en écho à l’irénisme qui marque la fin du siècle. Les commentaires qui accompagnent ses traductions latines mêlent des réflexions politiques aux conjectures philologiques sur les textes.

Les travaux de Florent Chrestien sur les auteurs antiques se sont attiré la reconnaissance des humanistes parmi les plus réputés : à sa mort, Isaac Casaubon se charge de faire imprimer sa traduction du Cyclope d’Euripide, et Emile Porte fait imprimer deux de ses traductions d’Aristophane, Les Guêpes et Lysistrata, avec une réimpression de la Paix en 1607. Si la contribution de Scaliger et Casaubon aux études classiques a fait l’objet d’études, le travail de Florent Chrestien, malgré son immense variété, n’a attiré jusqu’à aujourd’hui que peu d’attention.

Inscrite dans le cadre de l’ANR IThAC qui porte sur les paratextes aux éditions des auteurs de théâtre antique, l’objet de cette journée sera ainsi de se pencher sur la contribution atypique et hétérogène de Florent Chrestien aux études humanistes, afin de rendre à ce savant et à ses travaux leur place au sein du réseau humaniste des dernières décennies du XVIe siècle.  Cette journée d’étude accueillera en particulier, mais sans s’y restreindre, des propositions concernant :

  • Les apports de Florent Chrestien à la tradition des auteurs et des œuvres antiques.
  • Son œuvre de traducteur (du latin au grec, du grec au latin et du latin au français et du français au latin)
  • les apports de son œuvre au développement de la philologie
  • Sa place et sa contribution aux études littéraires et théâtrales
  • Son rôle au sein des réseaux intellectuels humanistes.
  • Plus généralement, les liens de son œuvre à l’histoire des idées et leur lien avec les controverses politiques de la fin du siècle, et donc le rapport de Florent Chrestien à l’histoire de la pensée politique.

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Les propositions, d’une longueur maximale de 400 mots, rédigées en français ou en anglais, sont à envoyer à à alexia.dedieu@univ-grenoble-alpes.fr , maria-diandra.cristache@univ-grenoble-alpes.fr, et malika.bastin@univ-grenoble-alpes.frd’ici le 30 Janvier et recevront une réponse au plus tard 1er mars 2021. Les actes de la journée feront l’objet d’une publication.

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Bibliographie indicative

M. Bastin-Hammou, « Paroles de Paix en temps de guerre : Florent Chrestien et la première traduction de la Paix d’Aristophane en France (1589) », Anabases. Traditions et réceptions de l’Antiquité 21, 2015, p. 139‑156.

Casaubon, Isaaci Casauboni de satyrica Graecorum poesi, & Romanorum satira libri duo. In quibus etiam poetae recensentur, qui in utraque poesi florverunt., France, , 1605.

Casaubon, The correspondence of Isaac Casaubon in England. Volume 1, October 1610 to October 1611, Genève, Suisse, Droz, 2018.

Catulle, F. Chrestien, Epithalamium … seu Carmen nuptiale A Q. Sept. Florente Christiano Graecis versibus expressum, Paris, , 1587 (Morel).

De Smet, « Livres, érudition et irénisme à l’époque des Guerres de religion : autour de la Satyre Ménippée », dans J. De Landtsheer, H. Nellen (dir.), Between Scylla and Charybdis : learned letter writers navigating the reefs of religious and political controversy in early modern Europe, Leiden ; Boston, Brill, 2010, p. 185‑201.

Ferradou Carine, « Jephté, tragédie tirée du latin de George Buchanan : Florent Chrestien traducteur, poète et polémiste », Études Épistémè [En ligne], 23, 2013
Grafton, Joseph Scaliger: A Study in the History of Classical Scholarship: I: Textual Criticism and Exegesis, Oxford, New York, Oxford University Press, 1983.

Grafton, Defenders of the text: the traditions of scholarship in an age of science, 1450-1800, Cambridge, , 1991.

A. Grafton, Joseph Scaliger: A Study in the History of Classical Scholarship: II: Historical Chronology, Oxford, New York, Oxford University Press, 1993.

Grafton, « I have always loved the holy tongue »: Isaac Casaubon, the Jews, and a forgotten chapter in Renaissance scholarship, Cambridge, Mass. ; London, Belknap, 2011.

Jacobsen, Florent Chrestien: ein protestant und humanist in frankreich zur zeit der religionskriege, München, Allemagne, W. Fink, 1973.

Parenty, Isaac Casaubon, helléniste: des « studia humanitatis » à la philologie, Genève, Suisse, Librairie Droz, 2015.

Pineaux, « Ronsard et les poètes antiques vu par ses adversaires protestants », Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français 105, 1959, p. 54‑63.

Vian, « Florent Chrestien lecteur et traducteur d’Apollonios de Rhodes », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance 34/3, 1972, p. 471‑482.

 

Appel à communications