Formes, emplois et évolutions du livret de ballet de la Renaissance à nos jours

  • Start date:
    20/04/2017, 00:00
  • End date:
    22/04/2017, 00:00
  • Place:
    Maison de la Recherche, Salles D035 et D040 - 28 rue Serpente Paris, France (75006)

Boquet, Louis-René, Ballet des songes dans Palmire : [maquette de costume], 1765 , encre métallogallique (source : Gallica)

Boquet, Louis-René, Ballet des songes dans Palmire : [maquette de costume], 1765 , encre métallogallique (source : Gallica)

« Forme scripturaire très datée historiquement, puisque liée à la conception occidentale du spectacle chorégraphique, le livret de ballet est un objet culturel mal défini, dont le statut précaire aura sans doute mis en péril la légitimité. Mais en dépit de sa fragilité intrinsèque, cet objet a réussi à survivre et même à transformer un handicap en atout décisif. Ductile et polymorphe, il s’est adapté depuis le XVIe siècle à toutes les évolutions du théâtre dansé […] »[i]

 Paradoxalement, la danse, art du geste et du silence, s’appuie sur une forme verbale, équivalent de l’esquisse ou du script, texte à la fois didascalique et dramatique, éphémère et pourtant résistant au temps : le livret n’est considéré que depuis peu comme un objet d’étude à part entière. Les travaux d’Hélène Laplace-Claverie ont permis de dégager les caractéristiques de ce genre dont l’évolution et les différentes formes restent encore à explorer. C’est précisément cette histoire qui nous intéressera ici : quelle fut la genèse de cette forme dès l’apparition du ballet de cour ? comment expliquer sa survie après le triomphe de la danse abstraite au XXe siècle ? Quels éléments essentiels cet objet utilitaire transmet-il ? Quelles mutations a-t-il opérées pour continuer d’exister et qui, de l’écrivain, du chorégraphe (ou autre) réclame son utilisation et/ou son élaboration ?

 Longtemps, la nécessité du « poème »[ii], pour reprendre le terme employé par Gautier, a rendu indissociable le ballet du livret, la danse de la caution de l’écrit. Or, l’avènement de la danse moderne a profondément ébranlé cette affirmation : selon Laurence Louppe, « l’ ̏ écriture chorégraphique ̋ a connu sa ̏ révolution ̋ […] à partir du moment où, le référent verbal rejeté, elle a trouvé et pensé dans le corps lui-même la trame de son propre langage »[iii]. Les chorégraphes dits « contemporains » ont alors eu tendance à se distinguer précisément par leur refus de toute trame narrative écrite, en même temps que le « ballet » tombait en désuétude au profit de la danse pour et par elle-même. Pourtant, depuis la fin des années 1980, une réconciliation semble s’opérer entre les chorégraphes contemporains et le texte, ces derniers commandant parfois d’eux-mêmes un livret de ballet. Le livret n’est plus forcément un pré-texte mais un texte qui s’ajoute à la danse en cours de création.

 Ce colloque se propose d’une part de retracer les étapes marquantes d’un genre littéraire atypique, de son émergence entre le Moyen Age et La Renaissance à son retour à la fin du XXe siècle, et d’autre part d’interroger, dans une perspective pluridisciplinaire, sa spécificité selon que le librettiste est écrivain, chorégraphe, musicien ou peintre.

Ce colloque a également pour objectif de rassembler un ensemble de livrets en vue de la constitution d’une anthologie.

Programme

Jeudi 20 avril

13H30-14H00 : Accueil

Introduction

14H00-14H15 : Mot de bienvenue et remerciements

  • 14H15-15H00 : Présentation des enjeux par Hélène Laplace-Claverie (Université de Pau et des Pays de l’Adour) et Delphine Vernozy (Université Paris-Sorbonne, Labex OBVIL)

Discussion

Présentation, problèmes, datation et formes de la danse

  • 15H15-16H00 : « Qu’est-ce un livret de ballet ? Entre le verbal et le visuel : formes, fonctions et hypothèses d’étude » par Arianna Fabbricatore (Université Paris-Sorbonne/ Labex OBVIL)
  • 16H00-16H45 : Chantal Lapeyre-Desmaison (Université d’Artois) et Nick Nguyen (compagnie L’Eventail, Conservatoire d’Auxerre), « Etats du livret en danse baroque contemporaine », avec la participation de Marie-Geneviève Massé (chorégraphe de la compagnie L’Éventail)

Discussion

Pause

  • 17H15-18H15 : Entretien avec Mathilde Monnier (chorégraphe, danseuse, Centre National de la Danse), mené par Laura Soudy (Université de Pau et des Pays de l’Adour/ Labex OBVIL)

Vendredi 21 avril

9H00-9H30 : Accueil

Axe 1 : Genèse et âge d’or du livret de ballet

Modératrice : Anne Surgers (Université de Caen Normandie)

  • 9H30-10H00 : Marie-Claude Canova-Green (Goldsmiths, University of London), « A quoi sert un livret de ballet au xviie siècle ? »
  • 10H00-10H30 : Gerrit Berenike Heiter (Université de Vienne / Université Paris-Nanterre), « La Genèse du livret de ballet – De la relation de fête à l’imprimé destiné à la représentation chorégraphique (1573-1651) »

Discussion

Pause

Axe 1, suite

Modérateur : Fabien Cavaillé (Université de Caen Normandie)

  • 11H00-11H30 : Claudine Nedelec (Professeur émérite de Littérature française, Université d’Artois), « Du spectacle au discours, du grotesque au burlesque »
  • 11H30-12H00 : Dora Kiss (IREMUS / Labex OBVIL), « La Naissance de la paix, un ballet de Descartes »

Discussion

12H10-14H00 : Déjeuner

Axe 1, suite

Modératrice : Arianna Fabricatore (Université Paris-Sorbonne)

  • 14H00-14H30 : Marie Demeilliez (Université Grenoble-Alpes), « Les livrets de ballets jésuites (xviie et xviiie siècles) : des “programmes” aux entrées dansées »
  • 14H30-15H00 : Marie-Thérèse Mourey (Université Paris-Sorbonne), « Formes et fonctions du livret de ballet dans l’espace germanique – xviie et xviiie siècles »

Discussion

Pause

Axe 2 : La danse moderne : étiolement du livret et du ballet

Modératrice : Bénédicte Jarrasse (Université de Strasbourg / Labex OBVIL)

  • 15H30-16H00 : Vannina Olivesi (EHESS), « Le livret comme instrument de la légitimité auctoriale des maîtres de ballet : le cas de Pierre Gardel » (Opéra de Paris, 1790-1827) »
  • 16H00-16H30 : Emilie Fissier (BnF, département Philosophie, histoire, sciences de l’homme), « Le Livret de ballet sous le Second Empire : argument théâtral, genre littéraire, source pour le chercheur »

Discussion

Pause

17H00-18H30 : Intervention de Nicolas Le Riche (chorégraphe, danseur étoile de l’Opéra National de Paris)

Samedi 22 avril

8H30-9H00 : Accueil

Axe 2, suite

Modératrice : Céline Torrent (Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle / Labex OBVIL)

  • 9H00-9H30 : Julia Bührle (Oxford University), « Danser Shakespeare aux xviiie et xixe siècles »
  • 9H30-10H00 : Sylvie Jacq-Mioche (Ecole de danse de l’Opéra National de Paris), « Le ballet blanc et ses avatars néoclassiques : effacement ou disparition de la narration ? »

Discussion

Pause

Axe 3 : Retour en scène et métamorphoses du livret à la fin du xxe siècle

Modératrice : Delphine Vernozy (Université Paris-Sorbonne, Labex OBVIL)

  • 10H30-11H00 : Valentina Karampagia (Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle / Université de Nice Sophia Antipolis, CTEL), « L’adaptation chorégraphique : un renouvellement du statut du livret (le livret de Barbe-bleue par Pina Bausch) »
  • 11H00-11H30 : Anne Pellus (Université Toulouse II – Jean Jaurès), « Musicalisation du texte et dissémination du sens dans Turba de la Compagnie Maguy Marin. »
  • 11H30-12H30 : Camille Desmarest (compagnie Au fil de soi) et Captain Simard, adaptation de La Cafetière de Théophile Gautier

Discussion

13H00-14H30 : Déjeuner

Axe 4 : Le livret dans tous ses états : étoilement d’un genre entre livrets d’écrivain, de peintre ou de musicien

  • 14H30-15H00 : Jean Guizerix (chorégraphe, danseur étoile de l’Opéra National de Paris), intervention sur le livret de ballet La Conjuration de René Char

Discussion

Pause

  • 15H30-16H00 : Intervention de Jean-François Munnier, directeur du festival Concordan(s)e
  • 16H00-17H00 : Duo du festival Concordan(s)e, Ingrid Thobois (écrivain) et Gilles Vérièpe (chorégraphe), « L’architecture du hasard »

17H00-17H30 : Conclusion et échanges

Comité d’organisation

  • Marie Cléren, doctorante en Littérature Comparée, Paris-Sorbonne
  • Caroline Mounier-Vehier, doctorante en Arts du spectacle, Université de Caen/CESR de Tours
  • Laura Soudy, docteure en Littérature Française, Université de Pau et des Pays de l’Adour
  • Céline Torrent, docteure en Littérature Française, Paris 3 – Sorbonne Nouvelle

Contact : colloquelivretdeballet@gmail.com

Références

[i] Hélène Laplace-Claverie, Écrire pour la danse. Les livrets de ballet de Théophile Gautier à Jean Cocteau (1870-1914), Paris, Honoré Champion, 2001, p. 353.

[ii] « […] plus que tout autre ouvrage le ballet a besoin d’un poème », Théophile Gautier, Écrits sur la danse.

[iii] Laurence Louppe, « Écriture littéraire, écriture chorégraphique au XXe siècle : une double révolution », dans la revue Littérature intitulée La littérature pour la danse, n° 112, 1998, p. 89.