Frontières et altérité religieuse. La religion dans le récit de voyage XVIe-XXe siècle

  • Start date:
    01/12/2016, 00:00
  • End date:
    02/12/2016, 00:00
  • Place:
    Université de Grenoble

affiche

Les 1 et 2 décembre 2016 se tiendra à Chambéry (1/12) et Grenoble (2/12) le Colloque international « Frontières et altérité religieuse. La religion dans le récit de voyage XVIe-XXe siècle », organisé par Susanne Berthier-Foglar (ILCEA4), Gilles Bertrand (LUHCIE / IUF), Frédéric Meyer (LLSETI) et Andreas Nijenhuis-Bescher (CRULH).

Ce colloque pluridisciplinaire (histoire, civilisation, littérature, anthropologie, etc.) et diachronique (XVIe-XXe siècle) vise à établir un lien entre des disciplines souvent séparées sur le plan académique et institutionnel.
La tradition historiographique assimile le voyage à un dépaysement et à une expérience de l’altérité. Dans leur cartographie de l’espace physique et idéologique, les auteurs d’écrits de voyage commentent souvent le passage d’une « frontière », dans une acception large confessionnelle et/ou géopolitique, entre plusieurs groupes ou peuples de religion ou de culture religieuse différente (ainsi des Français catholiques se rendant en Espagne ou en Italie). Peu importe qu’il s’agisse d’une frontière géopolitique ou d’une ligne de démarcation invisible, voire d’une coexistence religieuse, le voyageur commentera souvent la différence vécue, perçue, fantasmée ou colorée par ses a priori.

Notre postulat est que l’étude du « fait religieux », considéré sous son angle scientifique de fait essentiel et universel de civilisation, de structure d’encadrement, dans l’esprit — laïque — de la « Ve section » de l’École Pratique des Hautes Études, celle des sciences religieuses, relève également dans une grande mesure de la sphère du culturel, du politique, voire du social.

Le fait religieux, remarquable, exotique ou simplement différent, est décrit et interprété dans les récits de voyage. Il est rarement perçu dans sa totalité, certains observateurs ne commentant que l’extériorité des lieux de culte, l’étrangeté d’une cérémonie hors contexte ou un fait culturel dont ils ne perçoivent pas nécessaire- ment la portée. Les pratiques, les croyances et les lieux dans lesquels elles s’inscrivent étonnent ou choquent le chroniqueur qui les comprend par rapport à sa société d’origine. Ce dernier, qu’il soit conquérant ou simple voyageur, porteur, parfois inconsciemment, d’un message religieux qui lui est propre, mais aussi d’autres va- leurs liées à sa qualité ou fonction sociale de commerçant, d’humaniste, de philosophe, d’administrateur, etc., tente alors de mettre du sens dans sa vision de l’Autre.

Les écrits que nous nous proposons de considérer peuvent être des journaux de voyage (écrits en cours de route, intimes ou destinés à être lus par d’autres), des rapports de mission officielle (par exemple religieuse ou militaire), des reportages et des lettres, mais aussi des textes romancés intégrant des formes variées de rémi- niscences de retour de voyage. Ces écrits peuvent avoir, par leur nature, des finalités très diverses qu’il s’agira d’appréhender. On sait que la fiction introduit une composante de prise de distance par rapport au référent, mais après tout c’est aussi le propre du « récit de voyage » romantique où le moi lui-même devient une fiction narrative. Nous nous attacherons à mettre en évidence les constantes entre les écrits des voyageurs européens, qu’ils soient en mission officielle ou semi-officielle ou qu’ils se déplacent à titre privé au sein de l’Europe ou entre celle-ci et le reste du monde.

Programme du colloque disponible ici.