« Genre et engagement en temps de guerre, XVIe – XXIe siècles »

  • End date:
    15/05/2016, 00:00
  • Place:
    Bibliothèque municipale de Lyon – 24 et 25 novembre 2016

Longtemps considérée sous un angle strictement militaire et masculin, la guerre est désormais l’objet d’une importante production historiographique en études de genre. Entendu comme un « système de bicatégorisation hiérarchisé entre les sexes (hommes/femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin) »1, le genre se révèle profondément heuristique pour étudier les périodes de guerre. Il remet ainsi en question des dichotomies longtemps considérées comme allant de soi, telles que les diptyques front et arrière, militaire et civil, ou encore soldat et victime de guerre, qui viennent par ailleurs se surimposer aux dichotomies plus « classiques » de l’histoire des femmes et du genre telles que nature/culture ou public/privé, permettant ainsi de mettre en évidence la diversité des expériences féminines et masculines de la guerre.

En dépassant le masculin neutre pour révéler la multiplicité des figures et des postures, le genre permet de réinterroger la définition, les modalités et les lieux de l’engagement, quel que soit le champ d’action pris en considération (civil ou militaire, religieux ou laïque, politique, syndical, économique, social, associatif, artistique ou intellectuel, etc.)2. Dans un contexte particulier de « crise » liée à l’état de guerre, le genre de l’engagement se voit en effet souvent naturalisé – il est des rôles d’hommes et des rôles de femmes –, ou à l’inverse remis en question – la guerre créant des espaces de liberté pour les unes ou les autres. « Catégorie utile d’analyse historique » 3, le genre permet également de questionner les rapports de pouvoir qui se jouent dans les formes, les qualifications et la reconnaissance des engagements en temps de guerre.

À la confluence des recherches actuelles sur les lois genrées de la guerre4 et le genre des mobilisations collectives5, ce colloque entend ainsi interroger le genre de l’engagement en temps de guerre dans une visée trans-périodique, pluridisciplinaire et à partir de cas concrets. Il s’agira notamment d’envisager différents types de conflits européens et extra-européens dans une perspective comparatiste, la guerre étant entendue dans son acception la plus large (il sera donc possible d’étudier, entre autres, les mouvements révolutionnaires, nationalistes, les guérillas, ou le terrorisme).

Les propositions de communication pourront s’articuler autour des différents axes thématiques suivants :

1. S’engager en temps de guerre : une transgression des normes de genre ? Définition, modalités et limites

  • –  Qu’est-ce que l’engagement? Existe-t-il des degrés d’engagement, des conceptions ou perceptions de l’engagement qui diffèrent selon des critères genrés ? Les motivations et/ou justifications de l’engagement sont-elles genrées ? L’engagement constitue-t-il une transgression des assignations identitaires genrées ou au contraire une performance du genre ?
  • –  Dans un contexte de guerre, quelles formes et modalités d’engagement peut-on voir apparaître ? Les répertoires, modalités et lieux d’actions diffèrent-ils selon le sexe et/ou le genre ?
  • –  Dans quelle mesure les attentes, les acceptations ou les représentations socio- sexuées pèsent-elles sur les formes de l’engagement en temps de guerre ? Sur la perception de l’engagement comme légitime ou, au contraire, illégitime ? La société donne-t-elle la même valeur aux engagements des hommes et des femmes ?

2. Aux racines de l’engagement en temps de guerre : un apprentissage genré ? –

dent l’engagement sont-ils genrés ?

  • –  Quelle est la part du contexte familial et des aspirations personnelles dans

    l’engagement des hommes et des femmes ?

  • –  Dans quelle mesure un contexte de guerre peut-il modifier, voire bouleverser, les

    modes de socialisation et de politisation ?

3. L’après-guerre au prisme du genre et de l’engagement

  • –  Les ruptures ou transgressions opérées en temps de guerre sont-elles éphémères, à effet retard ou pérennes? Les engagements en temps de guerre peuvent-ils modifier durablement les rapports sociaux de sexe ?
  • –  Dans quelle mesure le genre a-t-il une influence sur les conséquences biographiques de l’engagement6 ?
  • –  Observe-t-on un prolongement des engagements en dehors des contextes de guerre ou, au contraire, les sorties de guerre entraînent-elles un désengagement militant7 ? Ces processus sont-ils genrés ?

    Modalités de soumission des propositions de communication :

    Les communications proposées devront s’inscrire dans l’une des trois thématiques exposées ci-dessus. Chaque proposition fera l’objet d’une lecture en double aveugle par le comité scientifique. Les actes du colloque pourront faire l’objet d’une publication.

    Les propositions de communication doivent être envoyées avant le 15 mai 2016 à l’adresse suivante : genre.engagement@gmail.com. Elles comprendront un résumé d’une page maximum (comportant un titre provisoire) ainsi qu’une courte biographie incluant vos coordonnées et rattachements institutionnels.

    Pour toutes questions, n’hésitez pas à écrire au comité d’organisation du colloque (genre.engagement@gmail.com).

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