Cornucopia

 

La Journée Jeunes Chercheurs est un événement annuel organisé en collaboration avec la Journée des Auteurs de Sciences Po (Bureau des Arts de Sciences Po). Elle a pour but de donner la parole, toute une journée durant, à de jeunes étudiants venant de Sciences Po, de l’université et d’ailleurs. Il s’agit pour ces jeunes chercheurs passionnés de s’essayer à l’exercice de la prise de parole face à un public attentif, bienveillant et exigeant. Cette journée a pour but de mettre en avant le caractère dynamique, innovant et jeune de la recherche universitaire aujourd’hui.

***

Appel à communications

Caractérisant l’absence de parole, le manque d’une voix, le silence est a priori cerné comme un moment négatif dans un discours, une œuvre. Il est ainsi possible de le saisir sous la forme d’une impossibilité de communiquer, silence qui peut être aussi le produit d’une impassibilité, d’une réaction “creuse” et vide. Fantôme de la voix, le silence est pourtant et souvent la manifestation d’une présence et d’une pensée, toutes deux dissoutes dans l’ombre. Mais dès lors que l’on conçoit le silence comme une “parole taciturne” tel que le fait L. Jenny dans La Parole singulière, il revêt une dimension positive, devient un enjeu, un objet, un élément présent dans tout type de discours, et dont la présence questionne les tentatives d’interprétation de ce dernier.
On pressent toute la difficulté qu’il y a dès lors à saisir ce qui est, d’une façon, insaisissable, et qui articule le couple oppositif “présence-absence”. Le silence se présente sous des formes plurielles (non-dit, omission, blanc typographique, mutisme, censure etc.) et trouve des causes variées : syndrome a-phonique de la page blanche de l’écrivain, symptôme de l’oppression d’une classe sociale, oubli plus ou moins conscient de la part de celui qui doit rendre compte, ouverture vers l’onirisme, pour ne citer que ces quelques exemples.
Le silence dévore, pétrifie, enserre ou libère la parole, qu’elle soit celle du littéraire, de l’historien, du philosophe, du sociologue ou plus largement du chercheur.
Le non-dit peut symboliser tantôt un espace clos (celui d’une parole niée) tantôt un espace à conquérir. Silence, mutisme, non-dit… sont des réservoirs de mots qui peuvent, à leur convenance, venir occuper un territoire qui se refusait à la parole. En ce sens le chercheur incarne cet acte, il comble, il conquiert, voire même, se bat avec le silence mais l’analyse précautionneusement. Mettre en mots ce qui n’a jamais été dit, donner la parole à ceux qui ne l’ont jamais eu, lutter contre le silence, en percevoir son utilité… tout cela constitue aussi une manière de l’analyser.
La prise de parole devient ainsi la face négative d’un silence qui s’était installé, une réponse, qui peut être poétique, engagée, violente ou érudite. Elle peut aussi être une forme de perversion du silence, danger que les bavards ne doivent pas méconnaître.
Parole et silence peuvent se présenter comme les deux faces d’une même pièce, l’une tentant toujours de cacher l’autre, mais toutes deux n’existant qu’ensemble. Ce rapport entre silence et (prise de) parole pourra constituer l’axe de différentes communications qui permettront de mieux saisir les conséquences, dans différents domaines, de cette (inquiétante) tranquillité sonore.
Élément au cœur de problématiques littéraires et philosophiques, le silence n’en est pas moins absent des autres domaines de la recherche. Comme l’a montré la dernière publication d’Alain Corbin, Histoire du silence, l’histoire s’affronte aussi à cette notion. Comme thème, comme figure, comme problématique, comme composante d’une action, le silence, enduré ou renversé, interroge largement tous les domaines de la recherche. Seuil à la parole et à l’action, artistique, poétiques ou politiques, le silence possède une histoire et incarne, en un sens, un enjeu pour de nombreux domaines et de nombreux chercheurs.
Pour cette deuxième édition de la Journée Jeunes Chercheurs, la Journée des Auteurs souhaite faire dialoguer différents domaines de la recherche autour, justement, de ce qui ne se dit pas. La journée sera ouverte aux études littéraires et en sciences humaines.

Les propositions de communications relevant d’approches comparatistes ou transversales seront appréciées. L’enjeu de cette journée est de souligner tout autant la spécificité et l’importance du silence dans chacun des champs abordés en même temps que d’en faire ressortir les points communs et essayer, par-delà les frontières des domaines et du mutisme, de créer du dialogue.

Pour cela une série de thèmes/thématiques est suggérée, qui peuvent venir orienter les interventions (liste non exhaustive ni prescriptive) :
– Silence et problématiques sociales/philosophique/littéraires/historiques
– Le silence comme subversion.
– Lever le silence.
– Silence et source/prise de parole
– Le silence comme paradigme d’une (méta)histoire (ex. le silence dans l’histoire de la sociologie)
– Pratique du silence/pratiques silencieuses
– Le silence dans la recherche en Lettres et Sciences humaines
– Silence et politique/écritures politiques

La journée se tiendra le 8 avril 2017 et sera entièrement dédiée au travaux de jeunes étudiants-chercheurs (Master 1, Master 2, Doctorat)
Pour participer à la journée, veuillez faire parvenir un résumé de votre intervention avant le 20 février 2017 à l’adresse mail suivante (réponse aux alentours du 27 février) :
communicationsjeuneschercheurs@yahoo.fr

Le format des interventions est limité à 15-20 minutes de parole, qui seront suivies d’un échange d’environ 15 minutes avec les personnes présentes dans la salle.

Modalités de proposition des communications :
• Envoyer un résumé de votre intervention, entre 3000 et 4000 signes (espaces compris).
• Une bibliographie sélective (entre 3 et 5 entrées).
• Un notice biographique (lieu d’étude, statut, publications/participations à des journées de recherches antérieures).
Formats acceptés docx., PDF.

 

Lien événement et informations : https://www.facebook.com/events/106491413192139/