La cartographie ecclésiastique : héritage patrimonial et innovation géomatique

  • End date:
    01/02/2018, 00:00
Hand-coloured view of 16th-century Venice – from the Civitates orbis terrarum  (source : mapmania)

Hand-coloured view of 16th-century Venice – from the Civitates orbis terrarum (source : mapmania)

Colloque à Saint-Flour, 14-15 juin 2018

Université Clermont-Auvergne / Centre d’Histoire « Espaces et Cultures »

En 1956, François de Dainville publie un ouvrage consacré aux Cartes anciennes de l’Église de France. Il comble ainsi un vide historiographique ayant trait à la géographie ecclésiastique du royaume. Après une description des modalités de levée des cartes, l’auteur met en relation les documents cartographiques et le contexte socioculturel de leur élaboration. Il souligne de la sorte combien les évêques de la Réforme catholique soutenaient les entreprises cartographiques selon des visées pastorales : mieux connaître l’espace diocésain était aussi une façon de mieux le maîtriser. – Parallèlement, sous l’impulsion de G. Le Bras et F. Boulard, la sociologie statistique de la pratique du catholicisme connaît son âge d’or, dans les décennies 1940-1970, mêlant finalités pastorales – là encore – et questionnements scientifiques. L’impressionnant corpus de données est rassemblé en 1980 en un Atlas de la pratique religieuse (F.-I. Isambert et J.-P. Terrenoire dir.), suivi à partir de 1982 par la série des Matériaux pour l’histoire religieuse du peuple français édités par régions et traduisant en cartes les séries de données les plus significatives. Or ce travail, exploitant a posteriori les données collectées, avait été critiqué lors de sa parution pour « le choix fréquent d’une cartographie automatique, plus rapide et plus économique, mais dont le résultat visuel est (…) inférieur à celui d’une bonne cartographie manuelle » (Michel Lagrée).

Aujourd’hui passé de la « cartographie automatique » balbutiante à la géomatique, l’historien du religieux est invité à réviser en profondeur ses modes de collecte, de documentation, de production, de visualisation et de diffusion des données historiques.

Les contributions à ce colloque pourront aussi bien rendre compte d’expérimentations conduites que développer un regard réflexif, méthodologique et épistémologique sur ces dernières, mêlant de façon transdisciplinaire les questionnements de l’historien, du géomaticien, du géographe.

Elles pourront concerner :

  • le réexamen, à travers les outils de la géomatique, de cartes anciennes – cartes d’usage élaborées pour répondre à des besoins de gestion de l’espace diocésain ou propres à des ordres réguliers : qu’il s’agisse d’étendre l’exploitation des données qu’elles apportent en elles-mêmes (hors de toute base de données associée), de les croiser avec d’autres, ou de les « vérifier » et de tenter de mieux comprendre les incohérences ou discordances repérées grâce aux nouveaux outils. La démarche implique aussi une réflexion sur l’histoire du processus cartographique en lui-même, en interrogeant les enjeux (pastoraux, théologiques ou politiques) qui ont animé la fabrication des cartes « patrimoniales ».
  • la réutilisation de bases de données (sources archivistiques ou enquêtes initiées par les chercheurs dès le xixe siècle) déjà anciennement cartographiées. Ces données, si elles sont réinvesties dans le cadre d’un système d’information géographique historique, permettent de reconsidérer les représentations d’un territoire, et de lui appliquer des questionnements et des analyses à échelles multiples.
  • l’élaboration, ex nihilo, de nouvelles cartes à partir de données archivistiques non encore cartographiées, qu’il s’agisse de données quantitatives ou qualitatives, jusqu’à tenter de proposer des reconstitutions de circonscriptions dont l’emprise territoriale n’a guère laissé de traces abondantes.

Il est ainsi souhaitable que des travaux concernant toutes les périodes allant du Moyen Âge aux temps contemporains puissent être confrontés. De la même façon, le croisement avec des expériences de géomatique historique appliquée à d’autres champs thématiques peut servir de contrepoint, ou suggérer de nouvelles pistes pour l’approche cartographique du religieux. Il s’agira de montrer les apports de la démarche cartographique mais aussi ses limites, en interrogeant les modalités d’expression graphique de l’inconnu ou de l’incertain, en matière de délimitations territoriales ou de carences de sources, sensibles notamment pour les périodes anciennes.

Les propositions de communication comprendront un titre, un résumé de 20 lignes maximum et une courte bio-bibliographie de 10 lignes maximum.

Date limite d’envoi des propositions : 1er février 2018

Sous la responsabilité de :

  • Stéphane Gomis, professeur d’histoire moderne
  • Vincent Flauraud, maître de conférences d’histoire contemporaine
  • Université Clermont-Auvergne / Centre d’Histoire « Espaces et Cultures »

Comité scientifique

  • Stéphane Boissellier, professeur d’histoire médiévale, Université de Poitiers
  • Xavier Boniface, professeur d’histoire contemporaine, Université de Picardie Jules Verne
  • Damien Carraz, maître de conférences en histoire médiévale, Université Clermont-Auvergne
  • Guillaume Cuchet, professeur d’histoire contemporaine, Université Paris-Est-Créteil
  • Philippe Martin, professeur d’histoire moderne, Université Lyon II
  • Frédéric Meyer, professeur d’histoire moderne, Université Savoie Mont Blanc
  • Paul Payan, maître de conférences d’histoire médiévale, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse
  • Christian Sorrel, professeur d’histoire contemporaine, Université Lyon II
  • Angelo Torre, professeur d’histoire moderne, Università degli Studi del Piemonte Orientale
  • Nicolas Verdier, Directeur de recherche au CNRS, Directeur d’étude à l’EHESS

Contacts

  • stephane.gomis@uca.fr
  • vincent.flauraud@uca.fr