Le livre au Mans et dans le Maine (XVIe – XXe s.)

  • End date:
    15/09/2019, 00:00
Michel de la Vallée du Maine, Chant de triumphe, faict par un certain seigneur nantois, sur l'heureuse victoire de monseigneur le duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, & pair de France,      Au Mans, pour Jean de La Roze libraire. M. D. LXXXIX, 1589 (source : Gallica)

Michel de la Vallée du Maine, Chant de triumphe, faict par un certain seigneur nantois, sur l'heureuse victoire de monseigneur le duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, & pair de France,
Au Mans, pour Jean de La Roze libraire. M. D. LXXXIX, 1589 (source : Gallica)

Journées d’études

Médiathèque Louis-Aragon, 15-16 mai 2020

Journées organisées par la Ville du Mans (médiathèque Louis-Aragon) ; Le Mans Université (laboratoire TEMOS) ; la Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe ; l’École nationale des chartes (Centre Jean-Mabillon, Paris) ; le Centre d’études supérieures de la Renaissance (université de Tours).

Lorsqu’en 1733 paraît le premier volume de l’Histoire littéraire de la France, sous l’égide de dom Rivet, mauriste de l’abbaye de Saint-Vincent, Le Mans est déjà un foyer ancien de culture, dont atteste l’implantation, dès le Moyen Âge, de nombreuses écoles et communautés religieuses. La fondation d’académies, la constitution de bibliothèques institutionnelles et privées, dont certaines sont réputées dans tout le royaume, et la présence d’évêques mécènes comme les Du Bellay contribuent à l’essor de la vie culturelle locale. À la Renaissance, la capitale du Maine bénéficie du rayonnement des provinces ligériennes, cœur battant du royaume sur les plans politique et culturel : en témoigne le tropisme angevin et manceau du vaste panorama bibliographique que constitue La Croix du Maine. Le Mans n’a pourtant rien d’une capitale de l’édition et se conforme aux « réalités provinciales » décrites par P. Aquilon dans l’Histoire de l’édition française : le premier atelier s’y installe tardivement, au mitan du XVIe siècle, et les gens du livre n’y ont jamais bénéficié de la présence d’une université. De taille modeste (16 000 habitants à la veille de la Révolution), la ville reste davantage associée à l’industrie et au négoce textiles qu’à l’activité éditoriale. Pourtant, la tradition papetière du Maine ou le succès de la dynastie d’imprimeurs Monnoyer, installée au Mans en 1751, montrent que le livre a aussi contribué à la prospérité locale. Sans constituer une cité du livre, Le Mans, comme bien d’autres villes, a donc été transformé par le livre.

Ces deux journées d’études souhaitent interroger ces contradictions et saisir les formes de la culture de l’imprimé dans une ville moyenne des temps modernes. Les travaux de Didier Travier pour le xvie siècle, ou de Jean-Pierre Épinal pour le xviiie siècle ont déjà apporté de nombreuses réponses. Plus récemment, l’exploration de nouvelles sources est venue nourrir de nombreux chantiers, illustrant les voies multiples empruntées par l’histoire du livre. Livres de vente de libraires, inventaires après-décès de marchands-libraires, journaux intimes témoignant des pratiques de lecture de leurs auteurs, catalogues de bibliothèques conventuelles ont été mobilisés pour le xviiie siècle. Les siècles antérieurs ont également bénéficié de prospections dans les fonds anciens et les dépôts d’archives de la région : catalogues de bibliothèques privées, ex-libris et livres annotés récemment identifiés dans les collections de la médiathèque du Mans, permettant de reconstituer des bibliothèques humanistes inédites. Ces sources ont favorisé l’éclosion de nouvelles thématiques de recherche. Pour le xvie siècle, la base prosopographique réalisée à partir de la Bibliotheque françoise de La Croix du Maine a permis de mettre au jour, outre les personnalités les plus célèbres, tels Jacques Peletier du Mans, Robert Garnier ou Nicolas Denisot, une vie littéraire locale aussi foisonnante que méconnue. Pour les xviie et xviiie siècles, les recherches récentes menées sur l’Académie protestante de Saumur par Thomas Guillemin ont apporté des éclairages inédits sur la composition et les modalités de constitution de la bibliothèque mauriste de Saint-Vincent. Les recherches de Tiphaine-Cécile Foucher sur le livre religieux au Mans (1560-1750) renouvellent, quant à elles, notre connaissance de la production, de la circulation et de la réception des livres dans la cité mancelle.

Les propositions d’interventions pourront être de divers formats : communications, mini-exposés sur des ouvrages conservés au Mans, présentation de monographies ou de projets numériques. Parmi les thèmes souhaités, on signalera :

  • l’imprimerie au Mans et dans le Maine, en particulier au xviiie siècle ;
  • l’imprimerie Monnoyer, en activité au Mans de 1751 au milieu du xxe siècle : ses liens avec les éditeurs et libraires manceaux mais aussi parisiens, l’évolution de l’atelier, son organisation, son matériel ;
  • les papetiers du Maine ;
  • la librairie et le commerce du livre, non seulement au Mans mais aussi dans les relations avec d’autres villes de France telles que Paris, Lyon ou d’autres villes provinciales ;
  • les travaux de restauration et de reliure réalisés au Mans : prosopographie des artisans, typologie des travaux, liens avec les bibliothèques locales ;
  • les bibliothèques du Maine, en particulier les bibliothèques conventuelles et privées, et notamment la bibliothèque du couvent de la Mission ;
  • les gens du livre au Mans et dans le Maine, en particulier au xixe siècle ;
  • des exemplaires remarquables conservés au Mans ou portant des provenances mancelles.

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Les propositions, d’un volume de 2000 caractères au plus, sont à adresser à christine.benevent@chartes.psl.eu au plus tard le 15 septembre 2019, assorties d’une brève présentation bio-bibliographique.

Comité scientifique : Christine Bénévent (École nationale des chartes/Centre Jean-Mabillon) ; Thierry Claerr (ministère de la Culture et Centre Jean-Mabillon) ; Nadine Ferey (BnF, département de l’Arsenal, et Centre Jean-Mabillon) ; Rémi Jimenes (Université de Tours / CESR) ; Sophie Renaudin (Médiathèque Louis-Aragon du Mans) ; Aurélien Ruellet (Le Mans Université / TEMOS) ; Toshinori Uetani (CNRS / CESR, Tours)

Orientation bibliographique

Barilly-Leguy, Martine, Une famille mancelle du grand siècle : les Bodreau et leur livre (1567-1675), thèse de doctorat, 2001. Publiée sous le titre « Livre de mes Anciens grand pères » : le livre de raison d’une famille mancelle du Grand Siècle, 1567-1675, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2006.

Chollet, Mathilde, Etre et savoir : une ambition de femme au siècle des Lumières, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2016.

Epinal, Jean-Pierre, « L’imprimerie et la librairie au Mans au XVIIIe siècle (1701-1789) », Bulletin de la société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe, t. 75, n. 19, 1975, p. 143-285.

Guillemin, Thomas, Ex-bibliotheca : les livres retrouvés de l’Académie protestante de Saumur, Paris, Snoeck, 2019. A paraître

Lévy, André, Trésors de l’abbaye royale Saint-Vincent du Mans, Mulsanne, ITF, 2015.

Travier, Didier, « Imprimerie et librairie au Mans au XVIe siècle », Revue historique et archéologique du Maine, t. CLX, 2009, p. 73-94.

Travier, Didier, « Louis-Antoine Caraccioli ou les amusements typographiques d’un moraliste mondain », L’écrivain et l’imprimeur, p. 175-192.

Travier, Didier, « Une grande bibliothèque provinciale au XVIIIe siècle : l’abbaye Saint-Vincent du Mans », Un’istituzione dei Lumi: la biblioteca. Teoria, gestione e pratiche biblioteconomiche nell’Europa dei Lumi : Convegno Internazionale, Parma, 20-21 maggio 2011, a cura di Frédéric Barbier, Andrea De Pasquale, p. 135-163.

Travier, Didier, Les Jacobins, urbanisme et sociabilité au Mans [catalogue d’exposition], Le Mans, Éd. de la Reinette, 2007.

Wagret, Paul et alii, Les nouvelles provinciales – Visages du Maine-Anjou, Horizons de France, décembre 1968, 253 p.