Les parcours de l’humanisme. Mobilités professionnelles et expansion culturelle à la Renaissance (Revue Diaspora)/The paths of humanism : professional mobility and cultural expansion during the Renaissance

  • End date:
    15/02/2019, 00:00
BICCI DI LORENZO St Nicholas of Bari Banishing the Storm (detail) 1433-35 Tempera and gilding on panel Ashmolean Museum, Oxford (source : WGA)

BICCI DI LORENZO
St Nicholas of Bari Banishing the Storm (detail)
1433-35
Tempera and gilding on panel
Ashmolean Museum, Oxford (source : WGA)

L’histoire de l’humanisme à la Renaissance est celle d’une circulation culturelle internationale qui voit le mouvement des « études en humanités », né dans l’Italie du centre-nord au tournant du XVe siècle, s’imposer comme un modèle dominant auprès d’une large part des élites occidentales au cours des deux siècles suivants. Si les échanges de lettres et de livres ont assurément été un vecteur essentiel de déploiement, il convient aussi de lire ce phénomène à la lumière de la mobilité, surtout professionnelle, des lettrés qui ont adhéré à ces pratiques savantes, en faisant dialoguer histoire intellectuelle et histoire sociale.

Il s’agit d’abord d’examiner la constitution d’un « marché du travail » humaniste – si l’on peut dire – qui a offert de nouvelles opportunités d’émigration aux hommes de lettres, à mesure que la vogue des studia humanitatis gagnait de nouveaux milieux. La quête de postes de chanceliers ou de secrétaires, de maîtres d’école ou de professeurs d’université, d’historiographes ou de poètes de cour, reconnus pour leurs compétences en « humanités » a motivé nombre de carrières itinérantes (et plus ou moins couronnées de succès), à commencer par une relative « fuite des cerveaux » italienne qui a pu elle-même contribuer à promouvoir le programme humaniste. Pérégrinations individuelles et rayonnement culturel global se sont en quelque sorte mutuellement nourris, favorisés par l’émulation et la compétition entre gouvernants. Cette mise en perspective concerne également les métiers de l’imprimerie qui, on le sait, ont rapidement essaimé à travers toute l’Europe et ont été

l’un des supports majeurs de la diffusion à grande échelle de l’humanisme. Elle peut encore s’ouvrir à l’étude des carrières d’hommes d’État, en particulier de magistrats itinérants et de diplomates, férus d’humanisme et enclins à mettre ses outils savants au service de leurs pratiques politiques (on songe notamment à la pratique oratoire, fer de lance du projet humaniste) ; de même pour les clercs (séculiers ou réguliers) dont la mobilité au gré des études (intense chez certains mendiants), des opportunités de carrière (notamment en direction de la curie romaine ou à l’occasion de conciles) ou des exigences pastorales et institutionnelles, fait de certains d’entre eux d’authentiques passeurs culturels.

Les contributions de ce dossier seront ainsi l’occasion de mettre en lumière ces dynamiques socio-culturelles mêlées, à travers des enquêtes autour de certaines trajectoires d’humanistes ou de certains pôles d’attraction (villes, cours, chancelleries, universités) et réseaux socio-savants, dans une perspective chronologique large (XVe-XVIIe siècle). On pourra poser la question de l’impact à long terme des circulations prises en exemple, en s’interrogeant notamment quant à l’enracinement et à l’assimilation locale de l’humanisme. Il sera aussi possible de porter l’attention sur des espaces d’expansion peu connus et sur des cas d’« intermédiaires culturels » restés dans l’ombre. De la même façon, une piste féconde consistera à étudier les carrières de figures secondaires, de professionnels « ordinaires » de la rhétorique classicisante, en ce qu’ils ont composé en quelque sorte la masse anonyme de ces flux de l’emploi humaniste. Si l’attention sera logiquement attirée en premier lieu vers l’Italie et l’Europe, toute étude portant sur d’autres espaces (par exemple le Nouveau Monde) sera bienvenue.

Les contributions, d’une longueur maximale de 50 000 signes, pourront être rédigées en français, en anglais ou en italien.

Calendrier
– avant le 15 février 2019 : envoi des propositions : titre et résumé (max. 3000 signes). Réponse dans le cours du mois d’avril.
– avant le 1er septembre 2019 : envoi d’une première version des contributions.

Veuillez envoyer votre proposition à cl.revest@gmail.com et cecilecabylyon2@gmail.com

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