MARTIN LUTHER ET LA KABBALE. “DU SHEM HA-MEFORASH ET DE LA GÉNÉALOGIE DU CHRIST” (1543)

Texte de Martin Luther édité par Matthias Morgenstern, avec Timothée Minard. Traduit de l’allemand par Hubert Guicharrousse et Mathilde Burgat

 Lucas CRANACH l’Ancien, « Martin Luther en moine augustin avec bonnet doctoral », (vers 1520), collection privée (source : Web Gallery of Arts).


 Au printemps 1543, Luther fit publier la suite de son pamphlet diffamatoire Des Juifs et de leurs mensonges, le traité Du Shem ha-meforash et de la généalogie du Christ, dans lequel il employait des formulations judéophobes parfois plus outrancières encore que dans l’écrit précédent. La raison de cette nouvelle surenchère dans la détestation des Juifs résultait de son intérêt pour un texte de la tradition des Toledot Yeshou, récit médiéval juif à caractère satirique tournant en ridicule et dénigrant la vie du Christ telle qu’elle est racontée par le Nouveau Testament.

Luther prit pour prétexte la traduction en allemand de ce texte pour entamer une controverse non seulement critique mais aussi d’une extrême agressivité contre les traditions populaires juives et contre la Kabbale – la mystique juive. La deuxième partie de son écrit est notamment consacrée à la vierge Marie, que Luther entend disculper de tout soupçon d’adultère voire d’amours diaboliques.

Matthias Morgenstern est professeur à la faculté de théologie protestante de Tübingen, où il enseigne l’histoire culturelle et religieuse du judaïsme. Outre une édition moderne des « écrits sur les Juifs » de Luther avec commentaire (en allemand), il a publié une traduction française du traité du réformateur Andreas Osiander Est-il vrai et crédible que les juifs tuent en secret les enfants chrétiens et utilisent leur sang ? (Genève 2017), un de rares essais issus de la Réforme protestante visant la défense de Juifs (avec Annie Noblesse-Rocher, Strasbourg).

Hubert Guicharrousse est maître de conférences à l’université Paris Nanterre, où il enseigne la langue et la civilisation allemandes. Il a participé à la traduction des œuvres de Luther publiées en 1999 et 2017 dans la Bibliothèque de la Pléiade. Il est membre du Centre d’Études et de Recherches sur l’Espace Germanophone (EA4223).