Quatrième rencontres de la galerie Colbert : “Autour des Esclaves de Michel-Ange. Terribilità, inachèvement, espace”

  • Start date:
    31/01/2015, 09:00
  • Place:
    Institut national d'histoire de l'art : galerie Colbert, 2 rue Vivienne, 75002 Paris

Pour cette quatrième édition, la Galerie Colbert ouvre à nouveau ses portes au grand public. Lieu historique conservant la mémoire du XIXe siècle et de ses fameux « passages », elle héberge depuis 2001 la plupart des établissements d’enseignement et de recherche d’Île-de-France en histoire de l’art, ainsi que l’Institut national du patrimoine.

Les Rencontres du 31 janvier 2015 permettront de visiter ce haut lieu de la recherche, de la formation et de la coopération internationale en histoire de l’art, et de découvrir les savoir-faire, les outils d’analyse, les méthodes d’examen et d’interprétation des chercheurs qui y œuvrent : historiens de l’art, de la littérature, des arts de la scène, de l’écran et de la photographie, ou conservateurs du patrimoine et des bibliothèques, et restaurateurs. De même, elles constitueront un moment de renforcement de la communauté scientifique de l’histoire des arts, en tissant des liens entre chercheurs confirmés et doctorants.

À nouveau, une œuvre a été choisie pour fédérer les réflexions et nourrir les débats, un chef-d’œuvre de l’art européen, qui a durablement marqué l’imaginaire des artistes et des créateurs : les Esclaves de Michel-Ange.

Exécutés entre 1513-1516 dans le cadre de la décoration du tombeau de Jules II, au programme particulièrement ambitieux et soumis à de nombreuses évolutions, L’Esclave rebelle et l’Esclave mourant furent laissés inachevés par leur auteur, qui les écarta de la version définitive du tombeau. Les deux sculptures furent ensuite offertes par Michel-Ange à Roberto Strozzi, qui les emporta avec lui en France, où elles sont actuellement conservées, au musée du Louvre. Malgré ces vicissitudes, ces deux Esclaves, parfois appelés Captifs ou Prisonniers, notamment par Vasari, furent immédiatement reconnus comme des réalisations majeures de l’artiste.

Remarquables pour leurs corps expressifs et contorsionnés inspirés par la statuaire antique, ces sculptures se prêtent encore aujourd’hui à de nombreuses interprétations et controverses. Sur un plan philosophique, l’esclavage qu’elles incarnent peut renvoyer à la vision néoplatonicienne chère à Michel-Ange de l’âme enchaînée à un corps pesant, dont il faut s’affranchir. Elles représenteraient ainsi un mouvement de libération et d’émancipation intellectuelle et philosophique du sujet. Par ailleurs, dans le cadre du programme iconographique auquel elles étaient initialement destinées, elles pourraient aussi symboliser les « provinces subjuguées » par le pape et « soumises à l’église apostolique », selon la description qu’en donne Vasari. L’artiste aurait ainsi repris et transposé à un contexte chrétien un motif de l’iconographie impériale romaine, lui-même inspiré par la figure du satyre ou du centaure ligoté de la statuaire hellénistique.

Si, par l’histoire même de leur conception et de leur devenir, ces deux œuvres représentent une matière fort riche à explorer, elles permettent également de couvrir de nombreux enjeux qui ne se limitent ni au contexte de leur création, ni au seul médium de la sculpture.

Partenaires de ces rencontres : École des hautes études en sciences sociales (EHESS) ; Institut national d’histoire de l’art (INHA) ; Institut national du patrimoine (Inp) ; THALIM (Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité) / CNRS ; Université Paris 1 Panthéon–Sorbonne (HiCSA); Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis ; Université Paris-Sorbonne (Centre André Chastel et École Doctorale 124 (ED VI)) ; Université Sorbonne Nouvelle Paris III.

 

Programme :

9h15 Accueil du public. Mot d’introduction (Auditorium) Antoinette Le Normand-Romain (Directeur général de l’INHA)
9h30 – 11h Conférences inaugurales (auditorium) Geneviève Bresc-Bautier (conservateur générale du patrimoine honoraire – musée du Louvre) Barthélemy Jobert (Président de l’Université Paris-Sorbonne)
11h15 – 12h45 2 ateliers simultanés

1. Matière (Salle Benjamin) Responsable : Soercha Dyon et Ludovic Jouvet (INHA)

  • Florian Métral (université Paris I Panthéon Sorbonne / HICSA) Michel-Ange ou l’esclave de la chapelle Sixtine.
  • Marguerite Pettinotti-Parot (université Paris I Panthéon Sorbonne / HICSA) Un rapport complexe à la matière : Michel-Ange et la peinture sur pierre
  • Chiara Utro (université Paris Sorbonne) Terribilità et virtuosité anatomique. Des géants michélangelesques aux sculptures de petite taille par Gaëtano Giulio Zumbo: deux modèles en comparaison.

2. Inachèvement (Salle Vasari) Responsable : Ada Ackerman (THALIM / CNRS)

  • Bertrand Madeline (EHESS / CRAL) Non finito, carnosità, vivacità. Figures de l’émergence à fleur de pierre.
  • Raúl C. Sampaio Lopes (université Paris I Panthéon Sorbonne / HICSA) L’imperfection n’est pas de ce monde : l’inachèvement impensé de la façade de l’église de la Miséricorde de Penafiel (Portugal) (1764-1769)
  • Vincenzo Mancuso (Institut national d’histoire de l’art) « La maniera argentea di Guido ». La question du non finito dans la dernière production de Guido Reni

12h45 – 14h Pause déjeuner

14h – 15h30 2 ateliers simultanés

3. Esclavage (Salle Benjamin) Responsable : Massimo Olivero (université Sorbonne Nouvelle Paris III)

  • Dalila Meenen (université Paris Sorbonne) Le monstre et le nu : L’esclave blanche entre terreur et sensualité
  • Kenza Jernite (THALIM) Les représentations de l’asservissement dans le théâtre de Samuel Beckett – figures de l’esclavage moderne dans En attendant Godot, Fin de Partie et Pas.

4. Interprétations (Salle Vasari) Responsable : Michaël Decrossas (INHA) Ada Ackerman (THALIM / CNRS)

  • Eisenstein et Michel-Ange : quand le cinéma s’empare de la sculpture
  • Antoinette Le Normand-Romain (Institut national d’histoire de l’art) Rodin : à la manière de Michel Ange
  • Pierre Stépanoff (Institut national du Patrimoine) Les Esclaves de Michel-Ange : une anatomie platonicienne ?

15h45 – 17h15 2 ateliers simultanés

5. Corps (Salle Benjamin) Responsable : Kateryna Lobodenko (université Sorbonne Nouvelle Paris III)

  • Anastasia Painesi (université Paris Sorbonne) « Le cri effroyable de la souffrance : Hybristai enchaînés dans l’oeuvre de Jusepe de Ribera »
  • Bénédicte Rolland-Villemot (conservateur en chef du patrimoine, Institut national du patrimoine) Le travail en représentation dans les arts européens (peinture et sculpture) au XIXe et XXe siècles
  • Emily Lombi (Université Sorbonne Nouvelle – Paris III) Réhabiliter le corps en situation de représentation scénique : les expérimentations de Vsévolod Meyerhold (1874-1940)

6. Érotisme (Salle Vasari) Responsable : Emmanuel Ussel (INHA)

  • Charlotte Chrétien (université Paris Sorbonne) La représentation du travestissement et de l’ambiguïté sexuelle du héros à travers le mythe de la découverte d’Achille sur l’île de Skyros dans l’art romain aux époques des Julio-Claudiens, des Flaviens et de l’Antiquité tardive.
  • Hélène Leroy (Institut national du Patrimoine) / Thibault Boulvain (Institut national d’histoire de l’art) Mapplethorpe, “the boy who loved Michelangelo”

17h30 – 19h 2 tables rondes simultanées

  1. L’effet Michel-Ange (Salle Benjamin) Modération : Giovanni Careri (EHESS)

L’objet de cette table ronde sera d’envisager l'”effet” produit par l’art et le personnage de Michel-Ange dans la culture occidentale, du XVIe au XXe siècle (sculpture, peinture, littérature, cinéma)

  • Nicolas Cordon (université Paris I Panthéon Sorbonne / HICSA) Michel-Ange et ses simulacres
  • Sara Vitacca (université Paris I Panthéon Sorbonne / HICSA) « Sous les yeux clos » : Regards croisés autour de l’Esclave mourant au XIXe siècle Abslem Azraibi (EHESS / CEHTA) Du corps prisonnier à l’architecture libérée7

2. Michelangelo Reloaded : Les Esclaves (re)vus par Robert Smithson (Salle Vasari) Modération : Larisa Dryansky (Institut national d’histoire de l’art)

De quelle manière le maniérisme de Michel-Ange, et notamment les corps tourmentés de ses Esclaves, ont-ILS pu constituer pour l’artiste américain Robert Smithson un contre-modèle à un certain puritanisme du modernisme ?

  • Nina Léger (Paris 8 Vincennes Saint-Denis) « Un idéalisme monstrueux ». Méta et infra-physique des corps de Michel-Ange selon Robert Smithson
  • Maud Maffei (Paris 8 Vincennes Saint-Denis) « Un rire apathique» — au-delà de l’expression tragique des Esclaves de Michel-Ange : une lecture de Robert Smithson
  • Riccardo Venturi (INHA) « Some corners of hell ». Autour de Asphalt Rundown de Robert Smithson

19h15 Projection débat (auditorium) par Le Silo Collectif dédié aux images en mouvement

Équipe d’organisation :

  • Ada Ackerman (THALIM / CNRS)
  • Michaël Decrossas (INHA)
  • Soercha Dyon (INHA)
  • Ludovic Jouvet (INHA)
  • Kateryna Lobodenko (université Sorbonne Nouvelle Paris III)
  • Massimo Olivero (université Sorbonne Nouvelle Paris III)
  • Emmanuel Ussel (INHA)

Institut national d’histoire de l’art Galerie Colbert 2, rue Vivienne ou 6, rue des Petits-Champs 75002 Paris www.inha.fr