RILUNE, n° 12 : “Dormir, transcrire, créer : le rêve littéraire à travers les genres, les domaines et les époques”

  • End date:
    30/09/2017, 00:00
GENTILESCHI, Orazio Danaë c. 1621 J. Paul Getty Museum, Los Angeles (source : WGA)

GENTILESCHI, Orazio
Danaë
c. 1621
J. Paul Getty Museum, Los Angeles (source : WGA)

RILUNE – Revue des littératures européennes
Le n. 12 (novembre 2018) sera consacré au thème :

Dormir, transcrire, créer : le rêve littéraire à travers les genres, les domaines et les époques

Sous la direction de Mirta Cimmino, Isabella Del Monte, Maria Teresa De Palma

Les propositions d’articles (composées d’un résumé de 500 mots maximum, accompagné d’une bibliographie indicative et d’une notice bio-bibliographique de 150 mots maximum) pourront être envoyées avant le 31 janvier 2018, en français, en italien, en anglais, en allemand ou en espagnol aux adresses suivantes : mirtacimmino.rilune@gmail.com, isabelladelmonte3@unibo.it, mariateresa.depalma2@unibo.it.

Les articles pourront être rédigés en français, en italien, en anglais, en allemand ou en espagnol et seront soumis à une double évaluation anonyme (double-blind peer review).

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Dormir, transcrire, créer : le rêve littéraire à travers les genres, les domaines et les époques

De l’Antiquité classique à l’âge contemporain, le rêve ne cesse de fasciner les narrateurs, les poètes et les dramaturges : il n’y a pas, en fin de compte, une époque de l’histoire littéraire qui passe sous silence le motif onirique. D’autre part, cette prégnance dans l’ordre de la diachronie se complexifie et s’enrichit même d’une variabilité extrême dans l’axe synchronique et dans le champ linguistique. Contenu ou structure portante du discours, le rêve littéraire joue tour à tour le rôle d’artifice narratif, récit-cadre ou simple exercice de style. Mot français aux origines obscures – en compétition, du moins jusqu’au XVIIIe siècle, avec le terme romanisant de songe –, le rêve conserve aussi d’un point de vue étymologique et lexical, son lot de mystère et d’enchantement : au final, toute une histoire peut se tisser, à travers les différentes langues d’Europe, autour des termes désignant les phénomènes de la nuit. Sogno, sonno, sommeil, songe, mais aussi hypnos, oneiros, Schlaf et Traum, sleep et dream : autant des mots qui témoignent de la grande puissance suggestive du rêve, de sa mobilité conceptuelle et de sa souplesse interprétative. Ainsi, le rêve littéraire s’avère, au premier abord, marqué par un polymorphisme qui encourage l’invention et l’évolution des formes et, surtout, par une présence presque ubiquitaire et systématique dans tous les produits du génie littéraire. Il n’est alors guère étonnant qu’il ait encouragé nombre de critiques à s’interroger sur son rôle et son sens en termes de création et de travail scripturaire. Ainsi, de Béguin (1937) à Caillois (1956), le rêve a souvent été étudié par rapport aux grands courants ou aux grands protagonistes du Baroque, du Romantisme ou du Surréalisme. Aujourd’hui devenu objet d’étude, le rêve littéraire suscite des débats théoriques intenses, touchant aux domaines disciplinaires les plus divers – de l’approche textualiste de Gollut (1993) aux travaux pluridisciplinaires – mêlant théorie littéraire, psychanalyse, cognitivisme (Schreier Rupprecht, 1993 ; Déchanet-Platz, 2008 ; Bravi, 2011 ; Collani, 2016) –, en passant par les contributions « panoramiques » des grands groupes d’études internationaux (Branca-Ossola-Resnik, 1984 ; Ceserani, 1998-2002 ; Schmidt-Hannisa — Guthmüller, 2010).

C’est aussi à partir de ces différentes lectures et interprétations que nous nous proposons de relire le rêve littéraire avec un œil de comparatiste, cherchant à mettre particulièrement en lumière les zones d’échanges et de flux entre différents genres, temps et domaines. L’objectif du numéro 12 de la revue RILUNE est d’étudier le rêve dans les littératures européennes : en mettant l’accent sur la polyvalence inhérente au thème choisi, le projet entend mobiliser des chercheurs qui s’intéressent notamment à l’aspect transnational, transgénérique et transdisciplinaire de l’onirisme littéraire.

Seront particulièrement appréciées les contributions :

  • consacrées à des œuvres, des genres ou des auteurs souvent délaissés par les ouvrages de synthèse ;
  • faisant dialoguer différentes aires linguistiques et culturelles de l’Europe et/ou différents domaines disciplinaires (théorie littéraire, psychologie-psychanalyse, cognitive poetics, sémiologie…) ;
  • adoptant une perspective transmédiale ou transgénérique dans l’étude du motif onirique.

Plusieurs questions de recherche sont envisageables, dont nous en proposons quelques-unes :

La réinvention d’un topos : comment le rêve se modifie-t-il au cours de l’histoire et selon le contexte culturel ? Comment se perpétuent ces lieux communs, figures ou formes, (confusion ou inversion réel/irréel, songe-catabase, rêve métadiscursif ou rêve-récit-cadre) qui ont fait la renommée d’un thème littéraire ? Articulation et désarticulation selon les genres et les médias : Peut-on reconnaître au sein d’un même genre littéraire une modulation particulière du motif onirique et du récit de rêve ? Comment (et pourquoi) la représentation et la narration onirique changent-elles dans la transposition intermédiale d’une œuvre ? Réception littéraire des théories sur le rêve : De quelle façon les différentes théories scientifiques touchant au phénomène « rêve » (du cognitivisme à la psychanalyse, de l’anthropologie aux neurosciences, etc.) se reflètent-elles dans les ouvrages de fiction ?

Toute proposition allant au-delà de ces pistes, mais conforme à la thématique proposée, sera également la bienvenue.

Ce numéro vise à alimenter ultérieurement le débat, encore vif et vivace, autour de l’onirisme littéraire, par une approche comparatiste et interdisciplinaire.

En outre, tout compte rendu de publications récentes inhérentes au sujet de ce numéro sera le bienvenu.

Bibliographie

Albert Béguin, L’âme romantique et le rêve : essai sur le romantisme allemand et la poésie française, Marseille, Éditions des Cahiers du Sud, 1937 et Paris, José Corti, 1939.

Roger Caillois, L’incertitude qui vient des rêves, Paris, Gallimard, 1956.

Vittore Branca, Carlo Ossola, Salomon Resnik (éds.), I linguaggi del sogno, Firenze, Sansoni, 1984.

Jean-Daniel Gollut, Conter les rêves : la narration de l’expérience onirique dans les œuvres de la modernité, Paris, Corti, 1993.

Carol Schreier Rupprecht (éd.), The dream and the Text, New York, SUNY Press, 1993.

Anita Piemonti, Marina Polacco (éds.), Sogni di carta : dieci studi sul sogno raccontato in letteratura, Firenze, Le Monnier, 2001.

Gabriele Cingolani, Marco Riccini (éds.), Sogno e racconto : archetipi e funzioni : atti del Convegno di Macerata : 7-9 maggio 2002, Firenze, Le Monnier, 2003.

Vanessa Pietrantonio, Fabio Vittorini (éds.), Nel paese dei sogni, Firenze, Le Monnier, 2003.

Silvia Volterrani (éd.), La metamorfosi del sogno nei generi letterari, Firenze, Le Monnier, 2003.

Ferdinando Amigoni, Vanessa Pietrantonio (éds.), Crocevia dei sogni : dalla Nouvelle Revue de psychanalyse, Firenze, Le Monnier, 2004.

Fanny Déchanet-Platz, L’écrivain, le sommeil et les rêves : 1800-1945, Paris, Gallimard, 2008.

Francesca Bravi, La forma del sogno : la rappresentazione del sogno in romanzi tedeschi e francesi degli anni ’70, München, Martin Meidenbauer, 2011.

Tania Collani, Sogno e letteratura : poetiche dell’onirismo moderno nei testi e nei manifesti del primo Novecento, Milano, Franco Angeli, 2016.

Marie Guthmüller, Hans-Walter Schmidt-Hannisa (éds.), Das nächtliche Selbst. Traumwissen und Traumkunst im Jahrhundert der Psychologie (1850-1950), Göttingen, Wallstein, 2016.

Sitographie

Network of Cultural Dream Studies : http://www.culturaldreamstudies.eu/

Europäische Traumkulturen : http://www.traumkulturen.de/

Base de textes pour l’étude du rêve : http://www.reves.ca/

Calendrier

Envoi des propositions : avant le 30 septembre 2017

Notification de l’acceptation des propositions : avant le 15 octobre 2017

Envoi des articles : avant le 31 janvier 2018

Notification de l’acceptation des articles et éventuelles demandes de modifications : avant le 31 mars 2018

Envoi de la version finale des articles : avant le 30 juin 2018

Publication : novembre 2018