Paola Pacifici – Femme poilue et à barbe dans la peinture de la Renaissance : pour une esthétique du merveilleux entre laideur et sainteté

Cette section constitue la partie 9 de 10 du numéro
LE VERGER - Bouquet XI : Le corps des femmes

Paola Pacifici (Associazione Internazionale Mouseion)

Sainte Wilgeforte, église Saint-Etienne, Beauvais (source : http://www.ipernity.com/doc/philippe_28/38701252)

Sainte Wilgeforte, église Saint-Etienne, Beauvais (source : http://www.ipernity.com/doc/philippe_28/38701252)

A travers une approche multidisciplinaire, réunissant Histoire de l’Art, Pragmatique de la Communication et Sémiotique visuelle, cet article vise à étudier l’iconographie de la femme poilue ou barbue, telle qu’elle se développe en Europe au cours de la Renaissance. Ce sujet, relativement peu courant, s’inscrit dans le cadre des portraits de cour consacrés aux monstres et prodiges (Lavinia Fontana, Antonietta Gonsalvus, c. 1595, Blois, Musée du Château), questionnant d’une part les canons esthétiques relatifs au corps féminin et, de l’autre, le savoir anatomique et médical (en ce qui concerne, par exemple, la relation nécessaire entre forme et fonction affirmé par Aristote et reprise par Galien, qui s’attache spécifiquement à la question de la barbe dans De usu partium, IX, 14). L’image de la femme velue s’affirme comme représentation paradoxale, mélangeant les catégories (hommes/femmes ; humain/animal), relevant d’une esthétique du merveilleux qui ne s’affirme pas seulement dans les arts mais également en milieu scientifique (à partir de la moitié du XVIe siècle se multiplient les manuels médicaux sur les monstres et les prodiges) et dans la littérature populaire. Les images de femmes à barbes ou poilues se répandent également dans le cadre des images dévotionnelles et religieuses, notamment en relation au culte de Sainte Wilgeforte (dont les images ne sont pas sans rappeler le volto santo) mais également dans certaines images de la Magdalena (à partir du XIIe siècle). En se penchant sur ces images et sur leurs contextes d’usages, ce papier voudrait donc questionner l’iconographie de la femme poilue dans ses valences esthétiques et sociales, aussi bien pour comprendre ses significations et sa relation avec le modèle masculin, que pour discuter sa place dans l’univers du grotesque et du merveilleux.

 Pour consulter le sommaire du bouquet du Verger consacré au Corps des femmes à la Renaissance, on peut se reporter ici

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◀︎◀︎ Livia Lüthi – De la laideur des « retireuses de grâce ». Louise Bourgeois ou la beauté d’être sage-femme.Olivier Chiquet – La laideur au féminin dans la littérature artistique italienne de la Renaissance : le visage de la vieille Hélène. ►►