Henri Simmoneau : “Les rencontres franco-Amérindiennes des deux côtés de l’Atlantique : entre exotisme et incompréhension”

Cette section constitue la partie 6 de 12 du numéro
LE VERGER - Bouquet VIII : L'exotisme à la Renaissance

Henri Simmoneau (Université Lille 3)

Portrait d'André Thevet par Thomas de Leu, 1586 (wikipedia)

Portrait d'André Thevet par Thomas de Leu, 1586 (wikipedia)

Tout au long du XVIe siècle, les Grandes Découvertes passionnent les Européens, avides de récits de voyages et de rencontres avec les populations du Nouveau Monde. Les Français ne sont pas en reste : les récits des voyages de Jacques Cartier furent imprimés dès 1545, et les récits d’André Thévet et de Jean de Léry connurent un vrai succès littéraire. Dans toutes ces œuvres, la rencontre avec les Indiens, le récit des « singularités » des régions américaines font partie des passages obligés de ces récits.

Pourtant, malgré l’importance des relations entre l’Amérique et la France, attestée tout au long du siècle, nous pourrions être surpris du peu de sources concernant la venue d’Indiens dans l’Ancien Monde. L’historiographie mentionne souvent la présence des « Sept hommes sauvages » à Rouen en 1509, de la venue de Donnacona et de ses fils sur le continent et de leur présentation à François Ier en 1534-1535, de la présence de cinquante Tupinambas à Rouen en 1550 à l’occasion de l’entrée d’Henri II dans la ville, mais les sources disponibles sont extrêmement peu nombreuses. Plus rares encore sont les mentions d’une véritable rencontre ou d’un véritable dialogue. Celle de Michel de Montaigne avec les Tupis, largement décrite dans « Des Cannibales », pose un certain nombre de questions quant à son authenticité. Quoi qu’il en soit, la présence d’Indien sur le sol français semble avoir certes suscité une certaine curiosité, mais celle-ci disparaît très vite et force est de constater que nous perdons la trace de ces Indiens très rapidement.

La difficulté du dialogue entre Indiens et Français est sans doute à chercher du côté des établissements français dans le Nouveau Monde. Elle tient notamment à la particularité du système des truchements, traducteurs français, souvent normands, élevés en Amérique parmi les Indiens. Loin d’avoir été les intermédiaires privilégiés entre les deux communautés, ils pâtirent d’une mauvaise réputation de la part des autorités françaises, et notamment de Villegagnon, durant l’éphémère expression de France Antarctique.

Cet article souhaiterait montrer le lien étroit qui existe tout particulièrement en France entre la faible présence amérindienne en France, la difficulté du dialogue entre Français et Amérindiens et plus largement l’échec de la politique coloniale française au XVIe siècle.

Télécharger l’article d’Henri Simonneau.

Pour consulter le sommaire du bouquet du Verger consacré à L’exotisme, on peut se reporter ici

Navigation du numéro

◀︎◀︎ Isabelle Imbert : “Un exotisme à l’orientale ? Les apports européens dans la peinture de fleurs persane et indienne (XVIe-XVIIIe)”Lisa Voigt : “Illustrating Brazil in Sixteenth-Century Antwerp” ►►