David Moucaud – La mesure du badin : pour une infrastylistique de l’élégance marotique
David Moucaud (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)
Si, d’emblée, celui qu’un recueil collectif reconnaît dès 1534 comme le « Prince des Poetes Françoys » parvient à faire école et à fédérer autour d’un ton et d’une manière le premier cercle poétique de la Cour, quinze ans suffisent pour que le jeunisme ingrat de la Pléiade voue très vite le défunt Marot aux gémonies. Jusqu’au XVIIIe siècle pourtant, cette poésie reste un repère stylistique, que l’étiquette « marotique » exprime bien moins précisément que la formule de son plus célèbre critique – « … de Marot, l’élégant badinage » – qui oriente et recouvre pour la courte éternité de notre histoire littéraire la teneur de toute une veine poétique.
Pour caractères formels de cette esthétique badine, on observe ici quels stylèmes contribuent à « amortir » un discours, tout en « densifiant » un vers. Plus que des choix lexicaux, les modifieurs syntaxiques du « petit » et les outils d’une comparaison instable dotent une véritable distanciation. La complètent des procédés visant à « in-définir » la référence. La langue qui court dans cette poésie diffuse ainsi des formes qui se rendent familières à un lecteur captif.
Sous couvert de simplicité, la petite musique marotique est une belle mécanique, complexe, faite d’une densité poétique qui n’a rien à envier à celle, fort différente par ses moyens et ses intentions, de celle que l’on associe au nom de Maurice Scève…
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