Sylviane Bokdam – Le songe ou les oracles, ou l'”obscure clarté” de quelques songes ambigus dans la littérature française du XVIe siècle.
Sylviane Bokdam (U. Paris-Est Créteil)
Jörg Breu le jeune, "Joseph interprétant les rêves de Pharaon", (1537-47), New-York, Metropolitan Museum of Art (source : WGA).
Si le statut ambivalent du rêve dans la Bible constitue la référence obligée de toute réflexion chrétienne sur la vérité des « songes », la question du discernement et de l’interprétation des « songes vrais » se trouve fortement médiatisée à la Renaissance par l’influence de sources profanes multiples (démonologie néoplatonicienne, onirocritique artémidorienne, théorie macrobienne de la fable…), qui permettent aux poètes d’aborder de manière complexe le rapport entre interprétation des rêves, fiction poétique et vérité. La relation que la poésie institue entre la signification prophétique du rêve et la fonction poétique détermine le rôle que le poète assigne au lecteur, interprète des « énigmes » du songe sur le modèle de l’onirocrite antique ou destinataire d’un prophétisme inspiré sur le modèle du prophétisme biblique. On comparera quelques mises en œuvre poétiques du songe allégorique de signification prophétique dans la poésie française du XVIe siècle afin de déterminer dans quelle mesure les conceptions du rapport entre la vérité des rêves et le contenu de vérité de la poésie varient d’un poète à l’autre, et afin de replacer ces conceptions dans les contextes politiques et théologiques divers de rédaction.
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